Education aux médias ou rééducation par les médias ?

Cette semaine, c’est la « Semaine française et européenne d’éducation aux médias » : écoles, lycées et collèges en France, comme dans la plupart des pays de l’Union Européenne, sont l’objet d’une offensive massive des gouvernements et des médias officiels afin de convaincre « dès le plus jeune âge », comme nombre de ministres ont l’habitude de dire, que de bonnes et vraies conceptions s’apprennent dès le plus jeune âge. 

L’OJIM s’est déjà penché sur la façon dont un soft endoctrinement assaille le monde scolaire en France, avec ces analyses par exemple :

C’est la semaine de la presse du 18 au 22 mars 2019

Comme chaque année en France, « La semaine de la presse », organisée par le CLEMI, Centre pour l’Éducation aux Médias et à l’Information, s’invite dans les établissements scolaires. C’est la trentième fois. L’organisateur présente cela ainsi dans sa Lettre d’information :

Avec pour thème « L’information sans frontières ? » cette 30e édition s’inscrit dans un contexte de mobilisation internationale pour aborder avec les élèves les pratiques et enjeux de l’information dans un monde à l’ère numérique. Elle coïncide avec la 1re édition de la semaine européenne de l’éducation aux médias (« European Media Literacy Week ») lancée par la Commission européenne du 18 au 22 mars et appelée à se développer dans les États Membres.

Une progression constante de la mobilisation des enseignants et des médias

Depuis 30 ans, ce sont des dizaines de milliers d’établissements scolaires et des générations d’élèves qui ont eu l’occasion de se saisir de cette action éducative lors d’activités d’éducation aux médias et à l’information riches et diverses menées le plus souvent sur plus d’un mois.

Le message ? La Commission européenne s’en mêle

  • « Sans frontières » est devenu un mantra
  • Le contexte est à la « mobilisation internationale », terme militaire, lutte sans merci. Contre quoi ou qui sinon ceux qui pourraient éventuellement avoir une vision autre du monde ?
  • « pratiques et enjeux », sous la responsabilité d’enseignants professeurs des écoles, documentalistes, de Lettres ou d’éducation civique, avec des supports fournis de type Le Monde, Libération, L’Obs, parfois l’Humanité…
  • Le danger est clairement identifié avec le mot « numérique »: il y a presse et presse.
  • L’UE s’y met, lançant sa semaine d’éducation aux médias sous l’égide de la commission européenne.
  • Plus de 18 000 établissements scolaires français participent, un million de journaux sont distribués (une autre forme de subvention pour les journaux amis), 230 000 enseignants sont engagés dans un processus qui concerne 4 000 000 d’élèves : ce côté massif ne peut qu’impressionner et encore plus interroger.
  • 1800 médias joueraient le jeu (c’est cependant un abus de langage puisque un dessinateur de presse locale est considéré comme représentant de son média, même s’il n’est pas détaché par celui-ci).
  • Il est important que les enseignants sachent ce qu’il convient de dire. Un outil est mis en œuvre :

M@gistère : nouveau parcours de formation à distance à destination des professeurs des écoles sur le thème de « Lire l’actualité ».

Les « grands événements porteurs » ?

  • Radio France ouvre ses portes « A la découverte des métiers de l’information »
  • Journalistes et youtubeurs débattent sur France télévisions
  • L’opération « Renvoyés spécial » permet de rencontrer des journalistes exilés en France
  • RFI et France 24 ouvrent leurs portes aux élèves
  • TF1 et LCI aussi.
  • Europe 1, Le Monde, Bayard presse, Courrier international

Notons que Médiapart, Checknews (Libération) sont bien là. Quant à Valeurs Actuelles, Présent, TVlibertés, L’Incorrect, Eléments ou d’autres ? Non. Pas invités. Par contre, chacun aura remarqué combien l’opération mêlange Education nationale et médias de service public avec la presse massivement subventionnée.

L’État vient chez vous pour expliquer comment vous devez vous informer

Dans ce même cadre de la semaine de la presse, l’État et l’UE ont bien compris que l’école n’est pas l’unique cadre « éducatif ». Il y a aussi les familles. C’est ainsi que la semaine de la presse a créé « La famille tout-écran » en 2017 :

« Le CLEMI, avec l’appui de Réseau Canopé et de ses partenaires, est ici pleinement dans sa mission d’éducation à la citoyenneté en allant en direction des parents, et plus largement des familles, tant il est vrai que la question des usages numériques nous concerne toutes et tous au quotidien dans un contexte d’infosaturation. … La mini-série originale de 15 épisodes de la « famille Tout-Écran », produite par la Caisse nationale des allocations familiales en partenariat avec le CLEMI, permet de sensibiliser avec humour et pédagogie les jeunes et leurs parents à un usage maîtrisé du numérique… Le kit est destiné prioritairement aux éducateurs et médiateurs, et vise à faciliter l’organisation d’ateliers, autour du « Guide de la famille Tout-Écran », pour accompagner les familles et les aider à se saisir des questions liées à l’éducation aux médias, à l’information et au numérique. »

Il n’est pas anodin de constater que le financement provient de la Caisse d’Allocations familiales. Globalement, la volonté d’encadrer ce que doivent penser des médias les jeunes et les enfants, comme les organes qu’ils doivent considérer comme légitimes pose un problème véritablement démocratique. Une preuve ?

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » (article 11 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen).

Considérant ce texte fondateur en ce domaine, une question se pose : Pourquoi les médias non conformistes et cependant tout aussi respectables que les autres ne sont-ils pas invités au bal ? Attendons la réponse du CLEMI…

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