“La situation des auteurs se dégrade d’année en année”!

Les écrivains français sont de plus en plus nombreux mais il est difficile pour eux de vivre de leur seule plume, selon une vaste étude coordonnée par le ministère de la Culture et révélée ce mercredi 16 mars à la veille de l’ouverture du Salon du livre de Paris. “Les auteurs ont un statut social envié mais un compte en banque rarement enviable”, a résumé Marie Sellier, présidente de la Société des gens de lettres (SDGL) où était présentée l’étude.

La France compte un peu plus de 100.000 auteurs mais depuis le milieu des années 1990 leurs revenus n’ont pas cessé de reculer. “La situation des auteurs se dégrade d’année en année”, déplore Marie Sellier. Son point de vue est partagé par une majorité d’auteurs qui envisagent l’avenir avec pessimisme. Selon l’enquête, une majorité d’entre eux estime que leurs conditions de travail se sont dégradées au cours de ces dernières années. S’ils restent attachés aux activités ou au métier d’auteur, une majorité n’hésite pas à se déclarer “découragée”. Quand on les interroge pour définir leur métier, les auteurs le disent d’abord “passionnant” mais les mots “précaire”, “difficile” et “mal-payé” arrivent tout de suite après.

Parmi les 101.600 auteurs recensés par l’enquête (dont outre des écrivains, des poètes, des illustrateurs, scénaristes, auteurs scientifiques et traducteurs), un peu moins de 6.000 sont affiliés à l’Agessa (Association pour la gestion de la sécurité sociale des auteurs). Le Centre national du livre (CNL) s’est concentré sur la situation de ces affiliés à l’Agessa, c’est à dire aux auteurs qui ont perçu au moins 8.649 euros de droits (par an) provenant en majorité du livre (le minimum requis pour adhérer à l’Agessa).

Selon l’enquête du CNL, une des cinq études coordonnées par le ministère de la Culture, le revenu annuel médian uniquement issu de l’activité d’auteur des affiliés est de 17.600 euros par an. Selon l’Insee, le revenu médian des salariés en France est de 21.264 euros. Et la situation des affiliés est plus enviable que celle des auteurs qui ne sont pas inscrits à l’Agessa. Ainsi, 63% des auteurs non inscrits à l’Agessa touchent moins de 1.429 euros brut par an tandis que 41% des affiliés touchent moins d’un Smic par an.

Les illustrateurs et les coloristes sont les plus mal lotis de tous. L’enquête relève que 18% des affiliés vivent dans un foyer aux revenus très modestes, déclarant moins de 15.000 euros nets par an. Maigre consolation pour les auteurs, les à-valoir ne constituent pas leur seule source de revenus. Les auteurs perçoivent également des revenus connexes grâce à des conférences, des lectures publiques ou encore des signatures dans des salons ou foires du livre. Pour vivre, 35% des affiliés exercent une autre activité professionnelle (le plus souvent dans l’enseignement). Ce pourcentage grimpe à 68% chez les non-affiliés.

Si les auteurs considèrent leurs rémunérations comme insuffisantes au regard de leur investissement dans leurs oeuvres, les éditeurs, eux, voient la part de ces rémunérations peser de plus en plus sur leur compte d’exploitation. En 2014, les éditeurs ont versé un total de 438 millions d’euros en droits d’auteur.

Après cinq années consécutives de recul, le marché du livre a repris des couleurs l’an dernier avec une croissance en valeur de 1,8% pour un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros pour les éditeurs. Plus de 67.000 nouveautés et nouvelles éditions ont été publiées en 2015.

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