Devant le Crif, le président de la République a dénoncé une «résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde guerre mondiale». Il entend intégrer l’antisionisme à la définition de l’antisémitisme et continuer à combattre BDS.
La veille, il s’était dit opposé à la pénalisation de l’antisionisme et pourtant, Emmanuel Macron, qui s’exprimait ce 20 février lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a fait savoir que la France mettrait en oeuvre une «définition de l’antisémitisme intégrant l’antisionisme», selon les termes rapportés par l’AFP. L’agence de presse française précise que quelques minutes avant le discours du chef de l’Etat, le président du Crif Francis Kalifat en avait fait la demande devant l’assemblée.
Macron décrit l’antisionisme comme «une des formes modernes de l’antisémitisme»
«La France, qui l’a endossée en décembre avec ses partenaires européens, mettra en oeuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah [qui intègre l’antisionisme]», a fait savoir le chef de l’Etat, martelant : «L’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme.» «Il ne s’agit pas de modifier le Code Pénal. Il s’agit de préciser et raffermir les pratiques de nos magistrats ou de nos enseignants», a ajouté le chef de l’Etat.
Sous les applaudissements, il a fait savoir qu’il n’aurait «aucune complaisance» à l’égard des partisans du boycott d’Israël et du mouvement Boycott, Désinvestissement Sanctions (BDS), «condamné en France». Ce mouvement appelle à faire pression économiquement sur l’Etat hébreu pour infléchir sa politique, notamment en terme de colonisation des territoires palestiniens.
«A l’antisémitisme traditionnel, s’est ajouté un antisémitisme né d’un islamisme radical», a encore affirmé Emmanuel Macron devant les représentants de la communauté juive, ajoutant que ce phénomène «gangré[nait]» certains quartiers.
Il a par ailleurs fait savoir qu’il demandait la dissolution de trois associations d’extrême droite, dont Bastion Social, créé en 2017 par d’anciens membres du Groupe union défense (GUD). Les deux autres organisations sont Blood and Honour, Hexagone et Combat 18, deux groupuscules néonazis.
Une résurgence de l’antisémitisme «inédite depuis la Seconde guerre mondiale» ?
Le président de la République a poursuivi : «Depuis plusieurs années, et la situation s’est encore aggravée ces dernières semaines, notre pays – comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales – est confronté à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde guerre mondiale.»
«L’Etat soutiendra encore plus qu’il ne le fait le Mémorial de la Shoah. La DILCRAH fournit une aide, qui sera augmentée dans les prochaines semaines», a-t-il ajouté.
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les actes anti-juifs (principalement des menaces) ont augmenté de 74% en 2018 (541 cas) par rapport à l’année précédente (311 cas). Si l’augmentation est spectaculaire, le chiffre des actes antisémites pour 2018 reste inférieur, par exemple, aux années 2015 (808 cas) et 2014 (851 cas).