Convoler en juste noces se fait aujourd’hui plus tardivement, et la cérémonie, plus personnalisée et moins traditionnelle, se paie à crédit contracté par les mariés eux-mêmes.
Des performances sans limite
“L’âge du mariage recule en France et atteint aujourd’hui 32 ans pour les femmes et 34 ans pour les hommes“, relève ainsi Stéphane Seban, qui organise à Nice, pour la seconde année consécutive, un salon du mariage où 10.000 visiteurs sont attendus ce week-end.
“Alors qu’avant papa-maman finançaient souvent la fête, aujourd’hui, à 30 ans passés, le mariage vient officialiser une situation de vie commune – avec souvent des enfants – et constitue l’occasion d’organiser une belle fête pour se faire plaisir”. Et “comme les parents sont moins présents et qu’on paye soi-même la fête, on la personnalise davantage, on la veut réussie, ce qui coûte de l’argent”, résume-t-il.
Croisés au salon du mariage de Nice, Damien, 36 ans, directeur d’une agence de nettoyage, et Laurence, 32 ans, employée de banque, prévoient ainsi un budget de 35.000 euros pour leur mariage prévu en septembre prochain. “Notre apport personnel est de 20.000 euros que nous avons épargnés”, expliquent ces parents de deux enfants, qui ont prévu d’emprunter le reste auprès de la banque où la future mariée travaille.
Des tatouages plutôt que des alliances
Autres visiteurs, Anthony, représentant, et Audrey, mère au foyer de trois enfants, âgés de 31 ans, prévoient un budget limité à 10.000 euros pour une centaine d’invités. “On rogne sur tous les codes classiques coûteux: pas d’alliances mais un tatouage, un mariage l’après-midi dans un jardin qu’on va louer à un particulier, un food-truck pour la restauration, une robe de mariée commandée à une créatrice à l’étranger pour une somme dix fois moindre qu’une robe classique, un orchestre plutôt qu’un DJ”, expliquent-ils.
Si beau-papa participe à hauteur de 3.000 euros, le couple en a déjà emprunté 5.000 à un organisme de crédit. “Vu ma situation professionnelle, j’ai essuyé quatre refus avant de trouver finalement ce prêt à la consommation remboursable en trois ans à un taux de plus de 5%”, témoigne le futur marié.
Un marché d’environ 3 milliards
Selon les organisateurs du salon du mariage, le budget moyen d’un mariage en France, en progression de 4% sur l’année 2016, avoisine 12.000 euros. Avec 240.000 unions par an, le marché du mariage pèse environ 3 milliards d’euros, soit l’équivalent du secteur du jouet.
Les banques commencent pourtant tout juste à investir cette niche. La Caisse d’Épargne Ile-de-France était ainsi présente pour la première fois au salon du mariage de Paris dont la dernière édition a attiré 40.000 visiteurs mi-septembre. “Nous avons été surpris du nombre de personnes qui nous ont sollicités”, indique Guirec Provoyeur, responsable de l’offre bancarisation et crédit de la banque. Cette dernière proposait une offre spéciale jeunes mariés, à des taux compris entre 1,50% et 2,50% pour des montants allant jusqu’à 50.000 euros remboursables de 2 à 4 ans.
Une clientèle qui aiguise l’appétit des banques
“Dans le contexte actuel de forte mobilité bancaire, c’est évidemment un moyen de séduire de nouveaux clients”, indique le banquier, qui précise que le montant moyen emprunté par mariage est de 9.000 euros. “L’idée pour une banque, c’est d’acquérir une clientèle qui reviendra la voir plus tard, notamment dans le cadre d’un projet immobilier”, ajoute Stéphane Seban.
Cependant, tous les futurs mariés ne cèdent pas aux sirènes du crédit. Justine, 24 ans, comptable, et Romain, conducteur de travaux de 25 ans, projettent de se marier en 2019, mais n’envisagent pas d’emprunter. “On vient déjà de le faire pour acheter notre appartement, alors on ne va pas recommencer pour notre mariage, on préfère économiser d’ici là, pour si possible ne rien demander à nos parents”, explique le couple, qui prévoit de dépenser 20.000 euros pour ces noces.