Dans la foulée du Dunkerque de Christopher Nolan, qui nous relatait du point de vue militaire les étapes successives de l’opération Dynamo de mai 1940, sortit en 2017 le Churchill de Jonathan Teplitzky sur les 48 heures précédant le débarquement allié de juin 1944 et opposant le Premier ministre britannique au président américain Eisenhower. Un film à l’intérêt limité, disons-le, et destiné exclusivement aux amateurs de l’homme au cigare.
Avec Les Heures sombres, sorti début janvier dans les salles, le réalisateur Joe Wright, lui, revient sur l’épisode de l’opération Dynamo, faisant ainsi écho au film de Christopher Nolan, mais du point de vue politique.
À peine nommé Premier ministre le 10 mai 1940, Winston Churchill apprend avec désarroi que la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas ont capitulé face à l’armée allemande. Rapidement, celle-ci pénètre en France, repousse 400.000 soldats alliés, français et britanniques jusqu’à Dunkerque, et menace alors d’anéantir les troupes de la couronne, ce qui eût marqué la défaite définitive des Anglais dans le conflit mondial. Churchill prépare donc un plan d’évacuation par la mer des troupes britanniques – la fameuse opération Dynamo – tandis que l’éventualité se fait jour de voir Hitler envahir sous peu la Grande-Bretagne. Une perspective qui impliquerait ou non, pour le Premier ministre, de traiter avec l’ennemi…
La force du film est d’expliquer avec pédagogie au spectateur que rien n’était joué d’avance, Churchill lui-même hésitant sous la pression du vicomte d’Halifax et de Nestor Chamberlain à négocier, en dépit de ses réticences, le sort de l’Angleterre avec l’Allemagne nazie via Mussolini. Une hésitation finalement tranchée la veille de son célèbre discours à la Chambre des communes, lors d’une séquence magnifique et pleine d’humour durant laquelle Winston Churchill se lance à la rencontre du peuple dans le métro afin de s’enquérir de l’état d’esprit de ses concitoyens. Un peuple fier, forcément, et insoumis aux puissances étrangères. Le discours patriotique est assumé et cela nous convient très bien, tant il est nécessaire aujourd’hui.
Pour le rôle de l’homme au cigare, Joe Wright a eu la bonne idée, bien qu’improbable à première vue, de s’adjoindre les talents d’acteur de Gary Oldman – grimé à l’occasion par le célèbre prothésiste Kazuhiro Tsuji qui lui aura fait subir 3 h 30 de maquillage par jour – afin de restituer le flegme et l’humour de Winston Churchill. Deux traits de caractère qui, il est vrai, faisaient bien défaut à l’acteur Brian Cox dans le film de Teplitzky sorti l’an dernier.
En fin de compte, Les Heures sombres est un film passionnant à suivre, que tous nos patriotes souverainistes (pléonasme) devraient voir en cette période où nos élites, sous couvert de pacifisme empreint de fatalisme, redoublent de zèle à afficher leur soumission à une Union européenne essentiellement pilotée par les Allemands.
4 étoiles sur 5
Pierre Marcellesi – Boulevard Voltaire