https://www.youtube.com/watch?v=OMddZth6pkQ
Les journalistes nous ont désormais habitués à un code de langage fait de mots façonnés par un programme de propagande. Ces mots, pas très nombreux, peuvent être facilement glissés de manière totalement innocente dans les phrases ayant toute l’apparence de l’objectivité alors qu’elles sont lourdes de sens. Beaucoup de personnes reprennent, parfois innocemment et souvent par habitude, ces mots ou expressions sans réfléchir au fait que leur utilisation par les grands médias poursuit des objectifs précis.
Dans cette vidéo d’un entretien avec Ho Chi Minh en 1964, la journaliste, bienveillante au demeurant, tente volontairement ou non de présenter une intervention de la part du général De Gaulle comme un « arbitrage » dans la guerre du Vietnam. Ho Chi Minh lui répond par une boutade amusée : « nous ne sommes pas des équipes de football ».
Nous avons souvent entendu, ces derniers temps, les journalistes parler du rôle de la Russie en Syrie comme d’un arbitrage. Ce mot suppose que le gouvernement syrien et les terroristes s’affrontent de manière légitime. Cela conforte l’obstination des médias à appeler « rebelles » tous les terroristes qui infestent la Syrie. « Rebelles », « arbitrage », « régime », « l’homme fort de… », etc… sont tous autant de mots ou expressions destinés à entretenir un récit de propagande de guerre. Les tournures de phrase sont encore plus pernicieuses.
Ainsi, l’armée ennemie n’est pas une armée nationale, mais l’armée d’un seul homme, dont l’unique rôle serait de défendre cet homme. De plus, il serait comptable des actes de chacun de ses soldats. Il est également fréquent de voir morceler le pays cible en petits groupes, ethniques ou religieux. Il n’y a ainsi plus de Syriens, Irakiens ou Afghans, il y a des sunnites, des chiites, des Kurdes, des Pachtounes, des Tadjiks, etc. On ne parle plus de peuples non plus, il n’y a plus que ceux du Nord, du Sud ou du centre.
Cette vidéo nous montre cette tentative de division que l’on retrouve de manière récurrente. A sa première question, la journaliste commence d’emblée par puiser dans son répertoire de langage codé pour parler du Vietnam du Sud. Ce que corrige gentiment, mais fermement, Ho Chi Minh.