La fresque qui fait scandale!

Pour l’association Osez le féminisme !, la fresque murale représentée dans la salle de garde du CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ne laisse pas de place au doute : il s’agit bien d’«un viol collectif», dont la victime serait la ministre de la Santé, Marisol Touraine.. On y voit Wonder Woman subir les assauts sexuels de quatre autres superhéros : Flash, Superman, Batman et Superwoman. A première vue, il s’agit d’une scène de gang bang typique de la pornographie. Mais le dessin est accompagné de dialogues violents qui critiquent le projet de loi santé de la ministre Marisol Touraine : «Tiens, la loi santé !», «Prends-la bien profond !» et «Tu devrais t’informer un peu».
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a condamné ce lundi cette fresque «particulièrement choquante», et y voit aussi une «incitation au viol inacceptable», a indiqué lundi son entourage à Libération. «L’esprit carabin [celui de l’univers des étudiants en médecine, ndlr] ne peut le justifier.» Selon un proche, «Marisol Touraine subit en ce moment beaucoup d’attaques personnelles très violentes de la part de médecins qui émettent des menaces».

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Pour Osez le féminisme !, Wonder Woman pourrait bien représenter la ministre de la Santé : «Les bulles ajoutées sur la fresque sembleraient indiquer que la femme violée, habillée en Wonder Woman, symbolise à leurs yeux la ministre de la Santé. C’est une menace misogyne en sa direction, peut-on lire dans un communiqué publié sur le site du collectif, pour les auteurs de ces bulles, une ministre, c’est avant tout une femme : un sous-être que l’on peut punir, dominer et s’approprier si elle mécontente leurs désirs – ou leurs revendications politiques.»

Mais l’Intersyndicat national des internes (ISNI) se défend, selon lui, il ne s’agit pas d’un viol mais d’une «scène d’orgie» ajoutant qu’«aucune attaque directe ou indirecte n’a été faite à l’encontre de la ministre». Selon Jean-Sébastien Laloy, l’avocat du syndicat des internes de médecine de Clermont-Ferrand, cette fresque a été peinte il y a quinze ans mais les bulles controversées y ont été ajoutées ce week-end. «Je présente mes excuses et regrette la diffusion de ce dessin qui aurait dû rester dans un cadre privé, explique Jean-Sébastien Laloy, nous avons pris conscience des mauvaises pratiques dans les internats.»

Sollicité par Osez le féminisme !, qui lui demande de «réagir au plus vite, de faire supprimer cette fresque et de sanctionner ceux qui en sont responsables», le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a réagi dans un communiqué, ce lundi : «Le Cnom condamne sans réserve la réalisation et la diffusion d’une fresque représentant une agression sexuelle au CHU de Clermont-Ferrand.» Son président a rencontré, ce lundi, la direction de l’hôpital «afin de donner les suites appropriées à cette affaire inacceptable».

Le CHU de Clermont-Ferrand a fini par réagir dans un communiqué : «Il a été décidé d’effacer dans la journée [de lundi] cette peinture murale» et d’engager des poursuites «disciplinaires, voire judiciaires à l’encontre du ou des auteurs présumés responsables de ces agissements inacceptables». Selon la direction, cette fresque et ces légendes «relaient une image dégradante des femmes et des médecins en opposition totale à l’éthique et à la déontologie médicale.»

Osez le féminisme ! a également demandé «le retrait de toute trace de fresque représentant des violences faites aux femmes dans les salles de garde», soulignant que «cette représentation n’est pas un cas isolé». Dans les salles de garde des hôpitaux, réservées aux internes, l’art est traditionnellement obscène. Ce phénomène avait même fait l’objet d’une étude en 2010 par le photographe Gilles Tondini. Dans L’Image obscène (Editions Mark Batty Publisher), il y exposait les fresques peintes dans les salles de garde des plus grands hôpitaux parisiens : «En érection, en éruption, dans les culs, dans les bouches, le phallus s’étire et se tend sur les murs maculés. Démesuré et turgescent, il trône dans cet Olympe sans dieux», écrivait-il en introduction.

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