Par Alain Sanders
Il avait quinze ans. Il s’appelait Aitzaz Hassan. Et il est mort le 6 janvier dernier. En donnant sa vie pour empêcher un kamikaze islamiste de se faire exploser à l’intérieur d’une école. Braveheart !
Natif de Khyber Pakhtunkhwa, une province du nord du Pakistan à la frontière afghane, Aitzaz Hassan fréquentait l’école de la petite ville d’Ibrahimzai dans le district de Hangu. Une région sous la menace permanente des talibans.
Le 6 janvier, l’adolescent est devant l’école avec ses camarades. Leur attention est bientôt attirée par un homme porteur d’une veste explosive (le genre de personnages proliférant, hélas ! dans un Pakistan victime de son double jeu). L’homme se dirige vers l’école. Le réflexe des ados est de s’enfuir en courant. En conseillant à Aitzaz d’en faire autant. Il refuse :
— Il faut l’arrêter. Je vais l’arrêter. Il va vers l’école pour tuer nos amis.
Dans un premier temps, Aitzaz jette des pierres sur le kamikaze pour le tenir le plus loin possible de l’école. Mais l’islamiste continue d’avancer. Alors Aitzaz n’hésite plus : il se jette sur lui et le plaque au sol. Le taliban déclenche sa bombe, entraînant Aitzaz dans la mort.
Le cousin du jeune héros, Mudassar Hassan Bangish, témoin des faits, explique :
— Il voulait capturer ce terroriste. Mon cousin a sacrifié sa vie pour sauver son école, des centaines d’élèves, ses camarades de classe. Il aurait voulu devenir docteur. Ce n’était pas la volonté de Dieu. Mais il a quand même sauvé de nombreuses vies d’une autre manière…
Le père d’Aitzaz a rendu cet hommage très sobre et très noble à son fils :
— Mon fils a fait pleurer sa mère, mais il a évité que des centaines de mères pleurent leurs enfants. Je suis fier de savoir qu’il s’est sacrifié pour une noble cause.
De son côté, le chef de la police de Khyber Pakhuntkhwa, la province la plus touchée par les attentats talibans, a demandé aux autorités pakistanaises de décerner au jeune hoattentamme les plus hauts honneurs de la nation à titre posthume. Démarche appuyée par un journaliste pakistanais très connu, Nasim Zehra, qui demande pour Aitzaz la plus haute décoration militaire pakistanaise, la Nishan-i-Haider(« l’emblème du lion »).
Le courage d’Aitzaz a été comparé à celui de Malala Yousafzai, jeune militante pakistanaise pour le droit à l’éducation des filles, rescapée d’un attentat islamiste ciblé en octobre 2012, toujours dans le nord du pays.
Le quotidien pakistanais (anglophone) Dawn a écrit : « Nous ne devons jamais oublier Aitzaz et ceux qui comme lui, civils et militaires, ont sacrifié leur vie dans le combat contre les insurgés. L’Etat doit envoyer un message de condoléances à la famille de ce jeune homme et lui offrir toute l’assistance possible. Ceux qui sont au pouvoir devraient apprendre une ou deux leçons de ce jeune étudiant sur le courage de se tenir debout contre les terroristes. »
Aitzaz Hassan est mort comme un vrai martyr. C’est-à-dire quelqu’un qui donne sa vie – ou qui se fait tuer – pour sauver celle des autres. C’est à l’exact opposé de ceux que les islamistes étiquettent « martyrs » : des assassins programmés pour tuer le plus d’innocents possible au nom de leurs croyances mortifères.