C’est à Anvers, en 1514, que Quentin Metsys met la touche finale au Peseur d’or et sa femme, une scène de genre dépeignant l’intimité d’un comptoir de change. En ce début de XVIe siècle, la cité flamande jouit du statut de capitale économique, politique, artistique et intellectuelle du nord de l’Europe. Une domination illustrée par de nombreux détails de la toile. Le tas de devises étrangères, qu’ausculte l’homme, renvoie ainsi au dynamisme du port d’Anvers, devenu une plaque tournante commerciale, dans le sillage de la découverte du Nouveau Monde. Le beffroi de la cathédrale, reflété dans le miroir convexe, abrite quant à lui un espace d’exposition, au centre d’un marché de l’art en plein essor. Illustre représentant de la peinture flamande, Van Eyck s’invite dans le tableau à travers la désuétude des costumes. Pourtant, derrière le réalisme de la scène, certains éléments semblent indiquer une allégorie biblique. Influencé par l’humanisme d’Érasme, qu’il a immortalisé à plusieurs reprises, Metsys prônerait ici la nécessité d’un capitalisme moral, guidé par des valeurs spirituelles.