1 milliard pour démolir le FN!

Stéphane Richard, vous connaissez ? Je vous aide : il est l’actuel PDG d’Orange, ceci depuis 2011, époque où la société s’appelait encore France Télécom. Ce grand patron, donc, entre les deux tours des élections régionales, n’a pas fait dans la dentelle. Écoutez plutôt :
« On ne peut pas compter sur le personnel politique en place depuis vingt ou trente ans pour offrir une alternative au FN. Il faut faire exploser les partis en place si l’on veut un renouvellement. On pourrait créer un nouveau parti, ou avoir un rassemblement citoyen contre le FN. »
Bravo, Stéphane : donc, les électeurs du FN ne sont pas de vrais citoyens.

Maintenant, la partie la plus impayable, si l’on peut dire :
« Je souhaite que les dix premières fortunes de France, les Arnault, Pinault, Bouygues, Drahi, Niel, créent ensemble un fonds de 1 milliard d’euros pour financer les projets des jeunes, de la déradicalisation, des campagnes anti-FN. »
Vous avez bien lu : ce ploutocrate se permet de sommer ses copains du CAC 40 de constituer une cagnotte, et pas une petite : 1 milliard d’euros pour lutter contre ce que pense le tiers de leur propre clientèle.

Il est instructif de savoir qui est véritablement ce parangon de vertu, moitié CAC 40 moitié bobo, qui pourfend les horribles populistes.
Stéphane Richard, c’est d’abord l’homme du système, celui des cabinets ministériels, qu’ils soient de gauche comme avec DSK, du centre comme avec Jean-Louis Borloo ou de droite comme avec Christine Lagarde.
Stéphane Richard, c’est ce politicard, conseiller municipal de Bandol élu sur une liste centre gauche qui, quelques années plus tard, se présente sur une liste UMP.
Stéphane Richard, c’est ce coulissier qui en vendant, dans le cadre d’une opération financière, ses parts dans Nexity a vu son investissement initial de 600.000 euros lui rapporter 20 millions d’euros (en 2009, sa fortune était estimée à 35 millions d’euros).
Stéphane Richard, c’est ce justiciable qui, le 10 juin 2013, est placé en garde à vue puis mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans l’affaire Bernard Tapie contre Crédit lyonnais.

Stéphane Richard, c’est ce contribuable qui a fait l’objet, le 12 octobre 2007, d’un redressement fiscal de 660.000 euros sur ses revenus de 2000, 2001, 2002 et 2003, montant comprenant une pénalité pour mauvaise foi de 5 %.
Stéphane Richard, c’est ce grand patron qui comptait le plus de suicides dans son entreprise en 2013, avec 11 salariés. Lors des trois premiers mois de 2014, de nouveau 3 femmes et 7 hommes se donnaient la mort. La dernière victime avait juste 25 ans.

Stéphane Richard, enfin, c’est ce dirigeant dont l’entreprise vient d’écoper d’une amende record pour entrave à la concurrence. Un montant de 350 millions, une bagatelle certainement pour ce leader des télécoms puisque son principal souci est de combattre financièrement le Front.
Voilà qui est ce porteur de Légion d’honneur, voilà qui est ce héros de l’oligarchie, ce « dandy de Bercy », comme le surnommait une journaliste de L’Express, pour lequel l’argent n’a pas d’odeur quand il s’agit d’attirer des clients frontistes, mais qui, sans scrupule, l’utilise ensuite pour combattre le FN.
L’État possédant 27 % du capitale d’Orange, j’attends avec impatience la réaction des autorités devant un tel parti pris. M. Valls, vous si prompt à vous scandaliser des propos de Marine, quand allez-vous sévir contre cet homme du « grand capital » ?

J.-P. Fabre Bernadac – Boulevard Voltaire

Related Articles