Par Alain Sanders
En 1998, l’événement cinématographique aura été le film de Robert Zemeckis, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Un film appelé bien sûr à faire un succès du râble…
Pourvu de longues oreilles, ce Roger qui, comme son nom l’indique, est un lapin de bonne race, habite Toontown. Un quartier de Los Angeles où vivent les toons, les personnages de dessins animés (en anglais,cartoons), comme Titi et Grosminet, Droopy, Dumbo, Donald, Betty Boop, Elmer, Bugs Bunny et les autres.
Un jour – un sale jour – Roger Rabbit est accusé, à la suite d’une sordide machination, d’avoir assassiné, lui le toon, un humain. Sale temps, très sale temps pour les mouches…
Pour tenter de prouver son innocence, Roger Rabbit loue les services d’un détective qui se dit capable de le sortir du pétrin. Aux côtés de ce privé, Eddie (l’excellent Bob Hoskins), Roger vit – et nous fait vivre – de palpitantes aventures menées à cent à l’heure.
Grâce au travail de 300 animateurs (qui ont réalisé 82 000 images), toons et acteurs en chair et en os cohabitent sans que l’on s’aperçoive jamais de la prouesse technique et du tour de force. Les cinéphiles sont aux anges car les citations, les clins d’œil, les références, les parodies et les pastiches surabondent et se succèdent en rafales.
Quand Eddie tombe amoureux de Jessica, la femme de Roger Rabbit, une toon carrossée comme Rita Hayworth avec la voix de Kathleen Turner, on plonge dans la romance en oubliant totalement que la belle est un personnage de dessin animé (et animé des plus mauvaises intentions) et l’amoureux transi un humain qui craque pour une pépète de papier…
Il y a, dans l’histoire du cinéma, des dates clefs. Et des films qui firent qu’après eux il a fallu innover, trouver autre chose, se surpasser. Qui veut la peau de Roger Rabbit ? né du tandem Disney-Spielberg, est de ceux-là.
On s’esbaudira des toons, bien sûr, mais on tirera un grand coup de chapeau à Bob Hoskins : bien qu’on le voie s’empoigner, converser, flirter avec les toons, il convient de savoir qu’il a joué son rôle seul, à vide en quelque sorte.
A l’origine, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? était un petit roman de Gary Wolf. L’équipe Disney, qui a le nez fin, en acheta les droits en 1981. Le temps d’attendre que mûrisse l’inventif Spielberg qui, question fantaisie (et même, heroic fantasy), ne donne pas sa part au chat (et même pas à Tom, le gros matou de Tom et Jerry).
Ce film a coûté très cher à l’époque. Il a rapporté beaucoup, beaucoup plus. Tant il est vrai que qui veut lapin veut les moyens.