Dîner pincé, le 17 novembre au soir, à l’Élysée. Le menu est pourtant excellent, mais les nouvelles contrarient le jeune Président, qui n’aime pas être contredit. On ne contredit pas un énarque sorti de l’« Inspection », comme on dit entre initiés.
Juste au moment où Brigitte se lance dans un émouvant, et ô combien utile, combat contre la fessée – ce mal du siècle -, son petit mari se prend une grande claque de la part de cette valetaille de gilets jaunes. De quoi vous flanquer une indigestion de pigeonneau en gelée au jus de truffes.
L’image du winner startuper mondial en prend un sacré coup : et qui l’a ainsi métamorphosé en loser ? Ces gens qui ne sont rien. Lui qui rassemblait, autour de lui, tout le gratin mondial la semaine dernière, se permettant de se payer la tête de Trump et d’insulter les mal-pensants Serbes, le voilà ravalé au rang de petit Président contesté par ceux qu’il ignore superbement depuis son investiture.
Car ce sont bien les oubliés qui se rappellent à lui subitement et en nombre malgré les avertissements désintéressés, bien sûr, de la presse bien-pensante : « Que risquent les gilets jaunes ? » Devant des policiers qui leur ressemblent, les Français, comme je n’en avais récemment vu qu’aux obsèques de Johnny, sont sortis de chez eux. Vous savez, pas ceux qu’on voit en toute occasion dans les télés pour célébrer la « diversité », mais des Céfrans qui n’ont pas la possibilité de passer à la télé, déjà parce qu’ils bossent et qu’ils sont, de plus, ignorés par la plupart des journalistes. J’ai même vu un gilet jaune prévenir : « Gaulois en colère ».
La banlieue subventionnée assiste en silence à leur sortie en force. Grigny et Viry-Châtillon en restent stupéfaites. Curieusement, aussi, je n’ai pas vu de drapeau algérien brandi par ces manifestants-là, juste de nombreux drapeaux bleu-blanc-rouge.
Surpris, aussi, les policiers qui s’entendent interpeller par des « La police avec nous » que seuls les plus anciens d’entre eux avaient déjà entendus. Résonnent aussi de nouveaux « Pose ton casque », « Fais comme les Italiens ». Diable, à l’Élysée on n’en arrive à ne pas savourer le délicieux moelleux au pur cacao bio et équitable d’Équateur. Soirée gâchée.
Jean-Charles Mignard – Boulevard Voltaire