APRÈS AVOIR ÉTÉ EMPRISONNÉ EN ANGLETERRE, JULIAN ASSANGE VIT EN SITUATION DE RECLUS À L’AMBASSADE D’ÉQUATEUR À LONDRES DEPUIS JUIN 2012, PLUS DE SIX ANS, PRESQUE 2300 JOURS. SON CRIME ? AVOIR INFORMÉ LE MONDE ENTIER VIA WIKILEAKS DES AGISSEMENTS DES ÉTATS-UNIS DANS LES GUERRES QU’ILS ONT DÉCLENCHÉES. SA VIE EST EN DANGER ET SA MÈRE LANCE MAINTENANT UN APPEL POUR LE SAUVER. LES INTERTITRES EN GRAS SONT DE NOTRE RÉDACTION.
LA VIE DE JULIAN ASSANGE EST EN DANGER
« Ceci n’est pas un exercice. C’est une urgence. La vie de mon fils, le journaliste Julian Assange, est en danger imminent et grave. Je vous remercie tous d’entendre l’appel d’une mère qui vous demande de l’aider à le sauver.
Bien que Julian soit un journaliste primé à maintes reprises, très aimé et respecté pour avoir courageusement dénoncé, dans l’intérêt du public, des crimes graves et la corruption à haut niveau, il est actuellement seul, malade, souffrant et réduit au silence et à l’isolement, coupé de tout contact et torturé au cœur de Londres. La prison moderne des prisonniers politiques n’est plus la Tour de Londres mais l’Ambassade de l’Équateur.
HUIT ANS DE DÉTENTION
Voici les faits : Julian est détenu depuis près de huit ans sans inculpation. Vous avez bien lu : sans inculpation.
Au cours des six dernières années, le gouvernement britannique a refusé ses demandes d’accès aux soins de santé de base : air frais, exercice, soleil pour la vitamine D et accès à des soins médicaux et dentaires appropriés. En conséquence, sa santé s’est sérieusement détériorée et les médecins qui l’examinent mettent en garde contre ces conditions de détention qui mettent sa vie en danger. Un assassinat lent et cruel se déroule sous nos yeux à l’ambassade de Londres.
En 2016, après une enquête approfondie, les Nations Unies ont statué que les droits de Julian avaient été violés à plusieurs reprises, qu’il était détenu illégalement depuis 2010, et ont ordonné sa libération immédiate, un sauf-conduit et son indemnisation. Le gouvernement britannique a refusé de se conformer à la décision de l’ONU.
Le gouvernement américain a déclaré que l’arrestation de Julian était une priorité. Ils veulent contourner la protection des journalistes américains en vertu de leur Premier Amendement [de la Constitution US] en l’accusant d’espionnage. Ils ne reculeront devant rien pour le faire.
En raison de la menace que les États-Unis font peser sur l’Équateur, son droit d’asile est maintenant directement menacé. Les pressions exercées par les États-Unis sur le nouveau président équatorien ont conduit Julian à être placé en isolement cellulaire strict et sévère au cours des sept derniers mois. Privé de tout contact avec sa famille et ses amis. Seuls ses avocats peuvent lui rendre visite.
CHANGEMENT POLITIQUE EN ÉQUATEUR
Il y a deux semaines, la situation s’est considérablement aggravée. L’ancien président de l’Équateur, Rafael Correa, qui a légitimement accordé à Julian l’asile politique devant les menaces américaines contre sa vie et sa liberté, a publiquement averti que lorsque le vice-président américain Mike Pence s’est récemment rendu en Équateur, un accord a été conclu pour livrer Julian aux États-Unis. Il a déclaré que parce que le coût politique d’une expulsion de Julian était trop élevé, le plan consiste à le briser mentalement. Un nouvel ensemble de règles et de protocoles inhumains, impossibles à mettre en œuvre, a été mis en place à l’ambassade pour le torturer au point de le faire craquer et le forcer à partir.
En même temps, un membre du gouvernement équatorien a tenté à plusieurs reprises d’annuler la citoyenneté équatorienne [de Julian] afin qu’il puisse être extradé directement vers les États-Unis.
Alors que ses avocats contestaient cette dernière violation de ses droits humains en vertu de la Constitution équatorienne, l’avocat du gouvernement a averti Julian que même son témoignage décrivant ses souffrances pourrait constituer une violation du nouveau protocole et un motif d’expulsion de l’ambassade. Ils lui ont refusé la visite de ses avocats pendant quatre jours, avant l’audience de lundi prochain, ce qui compromet la préparation de son dossier et accroît encore son isolement, son anxiété et son stress.
PRESSIONS AMÉRICAINES
Ils sont en train de piéger mon fils pour avoir une excuse pour le livrer aux États-Unis, où il fera l’objet d’un simulacre de procès.
Au cours des huit dernières années, il n’a pas eu accès à un processus juridique approprié. A chaque étape, c’est l’injustice qui a prévalu, avec un énorme déni de justice. Il n’y a aucune raison de penser qu’il en sera autrement à l’avenir. Le grand jury américain qui produit le mandat d’extradition se tient en secret, a quatre procureurs mais pas de défense ni de juge.
Le traité d’extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis permet au Royaume-Uni d’extrader Julian vers les États-Unis sans qu’il y ait de preuve prima facie. Une fois aux États-Unis, la National Defense Authorization Act permet la détention illimitée sans procès. Julian risque d’être emprisonné à Guantánamo Bay et torturé, d’être condamné à 45 ans de prison de haute sécurité, ou la peine de mort.
VENGEANCE CONTRE WIKILEAKS
Mon fils est en danger critique à cause d’une persécution brutale et politique par les tyrans au pouvoir dont il a courageusement dénoncé les crimes et la corruption quand il était rédacteur en chef de WikiLeaks. Les entités corrompues qui, au gouvernement, parlent d’intimidation, de fausses nouvelles et de droits humains sont les mêmes brutes qui poussent mon fils à la mort.
Il semblerait que le journalisme courageux, honnête et primé à plusieurs reprises soit devenu une activité dangereuse.
Les voies légales ont été subverties, et il est donc peu probable qu’elles puissent le sauver.
Parce qu’il s’agit d’une persécution politique transnationale par une superpuissance sauvage en collusion avec ses alliés, sauver Julian nécessite l’indignation des peuples du monde.
Je vous demande de faire du bruit, beaucoup de bruit, et de continuer à en faire jusqu’à ce que mon fils soit libéré. Nous devons protester contre cette brutalité assourdissante.
APPEL AUX JOURNALISTES
J’en appelle à tous les journalistes pour qu’ils se dressent, parce qu’il est votre collègue – et parce que vous serez les prochains.
J’en appelle à tous les politiciens qui disent qu’ils sont entrés au Parlement pour servir le peuple, pour qu’ils se dressent maintenant.
J’en appelle à tous les activistes qui soutiennent les droits de l’homme, les réfugiés, l’environnement, et qui sont contre la guerre, à se dresser maintenant parce que WikiLeaks a servi les causes que vous défendez, et Julian souffre maintenant pour cela, à vos côtés.
J’en appelle à tous les citoyens attachés à la liberté, à la démocratie et à la justice, à mettre de côté leurs divergences politiques et à s’unir et à se mobiliser maintenant.
La plupart d’entre nous n’ont pas le courage des lanceurs d’alerte, ni des journalistes comme Julian Assange qui les publient, afin que nous soyons informés et avertis des abus de pouvoir. Mais nous pouvons nous mobiliser en masse et les protéger.
Tout au long de l’histoire, lorsque les abus de pouvoir sont devenus insupportables pour le peuple, celui-ci s’est uni et s’est levé pour les faire cesser.
Le moment est venu de dire « ça suffit ! Nous, les gens, ne resterons pas les bras croisés et ne regarderons pas mourir ce courageux journaliste. »
Christine Assange
RAPPEL SUR L’AFFAIRE WIKILEAKS
Julian Assange, citoyen australien, crée Wikileaks en 2006. En 2010, avec Chelsea Mannings, via Wikileaks, il fait fuiter près de 400 000 documents classifiés de l’armée américaine portant sur le conflit irakien déclenché en 2003 par les États-Unis. Ces documents permettent entre autres de chiffrer à plus de 100 000 les morts irakiens causés par le conflit en huit ans dont 60% de civils. Ceci alors même que les États-Unis vendaient aux médias une fake news avant l’heure : leurs « frappes chirurgicales ». Peu après l’autre fake news du siècle des « armes de destruction massives » de Saddam Hussein.