Par Alain Sanders
Pour honorer un esclavagiste coupeur de têtes ?
J’ai sous les yeux une photo de Bayrou, ce crétin des Pyrénées, inaugurant à Pau une « Allée Abd-el-Kader ». Au motif sans doute que ledit Abd-el-Kader fut l’hôte – forcé – du château de Pau après sa reddition.
Alexis Arette rappelle opportunément un des épisodes de la vie d’Abd-el-Kader que l’on essaie de nous vendre comme une sorte de musulman éclairé, un éminent humaniste… Au cours d’une trêve, les Français crurent intelligent de lui rendre une centaine de ses esclaves, des Noirs, qui s’étaient enfuis pour se placer sous notre protection. Il les fit tous décapiter.
Abd-el-Kader ben Muhieddine est né en 1808 à Guettara (près de Mascara). Il est mort en 1883 à Damas, en Syrie. Son père, Sidi Muhieddine Ibn Mostapha, était un cheikh de l’ordre soufi de la Qadiriyya. Fauteur de troubles, il fut condamné à mort en 1830 par le gouverneur d’Oran, Hassan Bey, homme lige des Turcs. Les Français ayant débarqué, le beylik ottoman démantelé, le père d’Abd-el-Kader échappa à la mort. Ne doutant de rien, Hassan Bey lui demanda l’asile. Ce que Muhieddine Ibn Mostapha refusa, se disant prêt à lui couper la tête. Hassan Bey se rendit alors aux Français. Ce qui lui sauva la vie. Les Turcs de la garnison de Mascara furent tous massacrés par l’humaniste pallois.
Une coutume familiale… Quand Abd-el-Kader, succédant à son père, fut nommé émir (et pas sultan, le terme étant trop connoté ottoman), il fit assassiner tous les chefs (dont celui d’Arzew) qui s’étaient ralliés à la France. On parle beaucoup d’Abd-el-Kader comme d’un « résistant aux Français ». Il fut surtout un chef tribal contesté par les Zmalas, les Douars, les aghas (dont Mustapha ben Ismaël et Kadour El Morsy des Beni Aâmer), etc. Il ne put jamais rallier les Kabyles sur son nom (1).
D’une cruauté féroce à l’égard de ses congénères, il fut d’une même cruauté à l’égard des Français tombés entre ses mains. A Sidi-Brahim, en 1845, il fit égorger tous nos soldats. Après sa reddition (la prise de la smalah d’Abd-el-Kader), il eut droit à un traitement de faveur en France. Au fil des ans, ce musulman bon teint (harem, esclaves, coupeur de têtes) trouva bien de devenir franc-maçon. Il fut initié à la loge « Les Pyramides » à Alexandrie en 1864. En 1865, il eut droit aux honneurs de la loge « Henri-IV » à Paris. Mais il rompit avec le Grand-Orient la même année.
Installé à Damas, on dit qu’il fut un protecteur des chrétiens livrés – déjà – à la fureur des musulmans. Un protecteur relatif : plus de 20 000 chrétiens furent massacrés dans des conditions de haine indescriptibles.
En mai 2006, la Taubira déclarait : « Il ne faut pas trop (sic) évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits de leurs pères. » Message reçu par Bayrou. L’esclavagiste Abd-el-Kader a désormais droit de cité dans la ville du roi Henri IV…
(1) Il prétendait descendre du Prophète. En fait, sa famille descendait de Zénètes, des Berbères.