Il y a cent ans mourait de Louise de Bettignies

Le registre des commémorations officielles de l’année 2018 avait fait figurer Louise de Bettignies dans la liste des évènements notables. On ne sait plus, à présent, ce qu’il en est de cette liste, la mise à la trappe de Charles Maurras ayant totalement parasité le travail des historiens, et la ministre de la Culture ayant été au-dessous de tout dans cette affaire.

Si les choses s’étaient passées normalement, le souvenir de Louise de Bettignies, surnommée « la Jeanne d’Arc du nord », aurait été mis à l’honneur le 27 septembre, date de sa mort dans une prison allemande.

Encore que…

Monument en l’honneur de Louise de Bettignies (Lille). L’œuvre de Maxime Real Del Sarte a été inaugurée en 1927.
Cette prison n’était qu’une prison de la guerre de 14-18 et pas de la guerre de 39-45. Autrement dit, les destins héroïques, les actes de résistance, les dévouements patriotiques et antigermaniques de cette période comptent pour beaucoup moins. C’est sans doute ce qui explique que cette pure héroïne française soit aujourd’hui bien oubliée.

Trop de mairies, trop de films, trop de médias ne retiennent plus guère de la guerre de 14-18 que la poignée de fusillés : 769, semble-t-il, dont 127 pour espionnage et 140 pour des crimes de droit commun (assassinats, viols de civils, tortures de prisonniers allemands, etc.). Ceci pour un total de deux millions de morts français environ, dont 27% des classes d’âge de 18 à 27 ans.

Il n’empêche que désormais, spécialement dans les mairies socialistes et communistes, vous avez des rues et des places rendant hommage aux fusillés de cette guerre (pas de la suivante, bien entendu). Ceci sous la houlette militante de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Libre Pensée.

Mais revenons à notre héroïne. Entre les deux guerres, les Français étaient soucieux de rendre hommage aux vrais héros, et parmi eux cette femme, Louise de Bettignies.

Patriote et catholique engagée, issue d’une famille du nord de la France, elle se retrouve en zone occupée par les Allemands. Elle intègre alors un réseau de résistance qui espionne, pour le compte des Britanniques, les mouvements de troupe allemands, et en particulier l’utilisation des voies ferrées pour déplacer les troupes sur les différents fronts. Elle est arrêtée le 20 octobre 1915, passée à tabac, ce qui va lui provoquer de graves lésions dont elle mourra trois ans plus tard.

Condamnée à mort, elle avait été graciée et emprisonnée, et c’est donc moins de 50 jours avant la victoire finale qu’elle meurt dans ce cachot.

Les Jeunesses Patriotes

Après la guerre, elle était donc devenue une pure héroïne pour les nationalistes et les catholiques. Les Jeunesses Patriotes de Taittinger avaient notamment donné son nom à leur préventorium de La Flotte en Ré qui accueillait les tuberculeux.

Sa maison natale de Saint-Amand-les-Eaux a été rachetée en 2004 par la municipalité, pour en faire un musée, mais bien évidemment un musée de la Résistance, et aussi des résistances à un peu tout, la discrimination à l’égard des femmes, etc., la résistance de Louise de Bettignies n’étant traitée qu’incidemment. Il s’agit donc d’un fourre-tout appelé « centre d’interprétation citoyen dédié aux femmes résistantes qui ont accompli ou accomplissent de nos jours des actes héroïques dans la défense de leur patrie, pour la liberté et l’égalité des droits en France et dans le monde ». Quel indigeste charabia ! Quelle honte !

Il existe encore quelques noms de rues qui portent son nom, en particulier la Place Louise de Bettignies à Lille. Et notons qu’une promotion de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN), celle de 2014, a été baptisée de son nom.

« Mademoiselle Louise de Bettignies s’est volontairement dévouée pendant plusieurs mois, animée uniquement par le sentiment patriotique le plus élevé, pour rendre à son pays un service des plus importants dans la défense nationale. A affronté, avec un courage inflexible, toutes les difficultés périlleuses de sa tâche patriotique. A surmonté pendant longtemps ces difficultés, grâce à ses capacités et à son dévouement, risquant sa vie en plusieurs occasions, assumant les plus graves responsabilités, déployant en un mot un héroïsme qui a été rarement surpassé. »

Général Joffre, citation à l’ordre de l’armée.

 

Francis Bergeron – Présent

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