Disparition de Danielle Darrieux à l’âge de cent ans !(Vidéo)

“Je suis née le jour même où partout en France on vend du muguet”, s’amusait, dans ses souvenirs, cette actrice aux 103 films et à la trentaine de pièces, archétype de la beauté féminine pour toute une génération.

 Quelle autre actrice en France et dans le monde peut se targuer d’avoir débuté sa carrière à 14 ans à peine pour la finir à l’âge de 93 ans ?”, s’interroge Clara Laurent dans son livre  “Danielle Darrieux, une femme moderne” (éd Hors-Collection).

Née le 1er mai 1917 à Bordeaux, Danielle Darrieux, fille d’un ophtalmologiste, élevée dans une famille de mélomanes, a été l’inoubliable partenaire de Charles Boyer dans “La ronde” (1951), de Jean Gabin dans “La Vérité sur Bébé Donge” (1953) ou de Gérard Philipe dans “Le Rouge et le Noir” (1954). L’actrice et chanteuse, dont la moue boudeuse faisait la joie des photographes, a aussi tourné aux États-Unis, comme dans “L’affaire Cicéron” de Joseph Mankiewicz, en 1952.

L’artiste aux débuts cinématographiques précoces souffle ses quatorze bougies sur le plateau de son premier film “le Bal”, de Wilhelm Thiele en 1931. Elle devient alors l’une des rares Françaises à mener une carrière internationale : Allemagne, Tchécoslovaquie, Hongrie. “J’allais au studio comme on va à l’école, j’étais paresseuse et je le suis restée. Je n’étais qu’une jeune fille alors que les autres filles de mon âge jouaient déjà à la vamp”, disait-elle.

Ce fut peut-être l’une des clés de son succès. De “Mayerling” (1935), son premier rôle tragique, à “Battements de coeur” (1939) d’Henri Decoin, son premier mari, elle est la coqueluche de l’avant-guerre, d’autant qu’à ses talents de comédienne s’ajoute une très jolie voix. On l’appelait alors DD. On la surnommait aussi “la fiancée de Paris”.

“Mayerling” lui ouvre les portes de Hollywood

Le succès mondial de “Mayerling” lui ouvre les portes d’Hollywood. Après avoir signé un contrat de 7 ans avec les studios Universal, elle tourne “The Rage of Paris” (“La coqueluche de Paris”) avec Douglas Fairbanks Jr, en 1938.

Mais, très vite, DD s’ennuie et, au bout d’un an, rentre en France. Elle divorce en 1941, se remarie en 1942 avec le diplomate milliardaire et play-boy dominicain Porfirio Rubirosa. L’actrice n’interrompt pas son activité en France sous l’Occupation, tournant pour la Continental, la société de production allemande installée à Paris. Elle fait partie du fameux voyage à Berlin en 1942 avec d’autres acteurs français. “Femme amoureuse”, selon ses mots, elle dit avoir accepté cette “invitation” pour voir Rubirosa, qui, soupçonné d’espionnage, venait d’être arrêté par les Allemands.

DD passe la fin de la guerre en résidence surveillée à Mégève. Elle se marie à nouveau en 1948 avec le scénariste Georges Mitsinkidès et commence une seconde carrière, notamment dans “Madame de…” et “La Ronde” (Max Ophüls). Elle enchaîne les films (“Les Demoiselles de Rochefort”, “Le cavaleur”…) et, à la scène, triomphe à Broadway en 1971 dans une comédie musicale sur Coco Chanel.

Un Molière en 2003 pour “Oscar et la dame rose”

On la verra ensuite au théâtre à Paris dans “Domino” (1970) ou “Adorable Julia” (1987). En 1995, elle reprend, entre tours de chants et séries télévisées, le rôle de la merveilleuse septuagénaire de “Harold et Maude”. En 2003, elle interprète seule en scène “Oscar et la dame rose” (d’Eric-Emmanuel Schmitt), qui lui vaut un Molière de la meilleure comédienne.

A un âge avancé, Danielle Darrieux a inspiré les jeunes réalisateurs comme François Ozon (“Huit femmes”, 2002). “C’est la seule femme qui m’empêche d’avoir peur de vieillir”, disait Catherine Deneuve, partenaire dans ce film.

À l’occasion de son 100e anniversaire, une rétrospective fut organisée au cinéma parisien Grand Action le weekend du 1er mai. Un colloque se tiendra à l’université Bordeaux Montaigne du 3 au 5 mai et un hommage lui fut rendu à la cinémathèque de Toulouse en novembre. En 2009, la Cinémathèque française avait organisé une grande rétrospective de ses films.

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