Dans le grand œuvre de Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, les Juifs et les homosexuels occupent une place centrale – voire de plus en plus essentielle à mesure que l’auteur s’achemine vers son « Temps Retrouvé ». Il y a même, entre ces deux « races » (c’est le mot, désormais politiquement incorrect, que Proust lui-même utilise) une commune « malédiction », qu’il est fascinant de comprendre et d’analyser.
C’est à cette tâche que se consacre l’ouvrage majeur de Patrick Mimouni.
Ainsi, explorant les « Mémoires maudites » des habitants de Sodome et des enfants d’Israël, il en arrive à « relire » l’ensemble de la Recherche sous un angle entièrement renouvelé.
Mieux, il reprend des épisodes absolument familiers aux proustiens classiques – comme « les vertèbres du front » de Tante Léonie, « l’antisémitisme « de Bloch, les « danses nuptiales et bourdonnantes » du baron de Charlus, « la Croix de guerre » que Saint-Loup oublie dans la maison de passe de la rue de l’Arcade, etc… – en les resituant dans un contexte plus vaste : celui de la société française à l’aube du 20ème siècle.
Il en résulte un ouvrage follement romanesque malgré son érudition.
Et qui, à n’en pas douter, fera autorité dans les cénacles (de plus en plus vastes) proustiens.