La trahison des images

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L’exposition «La Trahison des images» au Centre Pompidou présente l’œuvre de René Magritte sous un angle inédit. A travers des documents d’archives et une centaine de tableaux et dessins qui comprennent des œuvres emblématiques comme d’autres moins connues, l’exposition analyse l’intérêt du peintre surréaliste pour la philosophie.

L’exposition dresse un portrait de René Magritte en philosophe. On y suit la progression du peintre d’une démarche picturale qui a pour but de reproduire une beauté hasardeuse à des tableaux perçus comme la résolution de «problèmes». Dans la lignée de la première période du surréalisme, les premiers tableaux de René Magritte sont le fruit de l’automatisme et du hasard. Inspirés à partir de 1923 par la reproduction du tableau Le chant d’amour de Giorgio de Chirico, où cohabitent devant des pans de mur un fragment de statue grecque, un gant en caoutchouc rouge et une boule verte, ils s’approprient cette esthétique du choc et de l’arbitraire: Le jockey perdu associe un jockey et des bilboquets, d’autres tableaux associent des rideaux et des perruques.

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Cependant, dès 1927, les tableaux de Magritte témoignent d’un renoncement à l’arbitraire. Des tableaux de mots juxtaposent l’image d’un objet et une définition écrite qui ne présente aucun lien logique avec lui. Ainsi dans La Clef des songes, un œuf représente un acacia, une chaussure la lune et une bougie le plafond. Loin d’être une prolongation des associations arbitraires, ces œuvres ouvrent un chapitre nouveau dans la peinture de René Magritte.

Elles sont dictées par un questionnement sur le statut des images et des mots et en particulier sur leur correspondance avec les objets qu’ils représentent. Chaque tableau, en tant qu’expression rigoureuse de la pensée, devient aussi précis qu’une formule mathématique. Il est la solution à ce que René Magritte nomme un «problème», c’est-à-dire la résolution méthodique d’une équation visuelle entre l’objet, et l’image et le mot qui le représentent.

Un texte illustré publié par René Magritte en 1929 dans La Révolution surréaliste présente une analyse des rapports entre mots et images. L’ironique tableau Trahison des images, peint la même année, est un faux aveu du caractère mensonger de la peinture. Ces éléments révèlent l’opposition entre le caractère rationnel et scientiste du surréalisme de René Magritte et celui des surréalistes parisiens pour lesquels la poésie est supérieure à toutes les autres formes d’art et donc les mots supérieurs aux images.

Des extraits d’échanges épistolaires entre René Magritte et Alphonse de Waelhens, premier traducteur en français d’Être et temps de Martin Heidegger et commentateur de la philosophie de Maurice Merleau Ponty, et des échanges avec Michel Foucault témoignent des rapprochements du peintre avec les philosophes après la seconde guerre mondiale.

Source

La trahison des images – Centre Pompidou – Du 21 septembre 2016 au 23 janvier 2017.

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