Au sujet de Gengis Khan…

Par Charles Chaleyat

Parmi les conquérants les plus admirés, Alexandre, Napoléon, Attila… Gengis Khan occupe une place très respectable puisque son empire quoique éphémère, car partagé à sa mort entre ses fils, fut d’un seul tenant de l’Europe à la Chine et de Mongolie à l’Inde. En même temps, même si Napoléon fut le plus grand capitaine de tous les temps, il fut parfois vaincu, ce que ne connut jamais le Tchingis Khaan* (chef suprême), rassembleur aux XIIè-XIIIè siècles des tribus nomades de l’Asie de l’Est et Centrale (les Mongols). A sa mort en 1260, l’empire fut divisé en quatre ulus : la Horde d’Or au sud de la Russie, le khanat de Perse sous Hülegü, le khanat de Djagataï au centre et la Chine sous Kubilaï Khan fondateur de la dynastie chinoise des Yuan. Il s’effondra peu après, repris ensuite partiellement par Tamerlan au XIVè siècle.

C’est l’organisation militaire, la férocité des guerriers et la stratégie du grand khan qui assurèrent les victoires, la terrorisation des populations s’y ajoutant. C’est sous son successeur, Ögödeï, que l’Europe fut envahie jusqu’aux rives de l’Adriatique d’où les guerriers se retirèrent – miraculeusement dit-on – mais en fait pour que les chefs retournent en Mongolie élire le Grand Khan. Les incursions en Europe perdurèrent jusqu’à la fin du XIIIè siècle, la Russsie ne sera libérée du joug tatar que sous Ivan III le Grand qui refusa de payer le yarlik (le tribut) à la Horde d’Or affaiblie.

Gengis Khan fut ramené en Mongolie à sa mort et enterré dans un endroit secret, la légende racontant que tous ceux qui avaient procédé à l’inhumation furent tués puis leurs assassins exécutés à leur tour. Le monument en son honneur à Hohhot est donc un cénotaphe. C’est dire combien la découverte de sa tombe est un énorme enjeu archéologique et politique. Des milliers de passionnés, professionnels ou amateurs, se sont associés pour étudier les clichés photographiques et satellites de la région de Khentil (85 000 images !) où ont a retrouvé des traces de monuments et des vestiges matériels : poteries, porcelaines, etc. Ils craignent cependant qu’une fois découvert et attribué ce site soit l’objet de pillages comme il est courant en archéologie (Angkor, Borobudur…), mais aussi l’objet de convoitises et réclamations chinoises…

*Comme Davout, Sylla et Souvorov.

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