La sortie d’Emmanuel Macron sur le statut des fonctionnaires vient s’ajouter à une longue liste de polémiques suscitées par le ministre. Depuis sa nomination surprise à Bercy il y a un an, il détonne par sa position «sans tabou, ni posture», quitte à irriter au sein-même de son propre parti. On lui reproche son passé de banquier, sa méconnaissance du monde politique et son profil «ultra-libéral». «On» ne désigne pas simplement les opposants à l’actuel gouvernement socialiste mais également certains de ses propres collègues. «Être de gauche n’empêche pas d’être de bon sens, être efficace», a-t-il déclaré en septembre dernier dans une interview à Ouest France. Une phrase qui résume parfaitement la volonté d’Emmanuel Macron, nommé ministre de l’Économie il y a un an, de bousculer les dogmes du socialisme: 35 heures, fonctionnaires, assurance-chômage, travail le dimanche….
• Le statut des fonctionnaires n’est «pas adéquat» – débat public – 18 septembre 2015
La déclaration n’aurait jamais dû être rendu publique. Et pourtant, Challenges a décidé de la publier: lors d’un débat public, Emmanuel Macron a fustigé le statut des fonctionnaires qu’il juge «pas adéquat». Un nouveau totem de la gauche qui ne manquera sans doute pas de faire de nouveau réagir les socialistes, trois semaines après sa sortie choc sur les 35 heures. «Je ne vois pas ce qui justifie que certains cadres de mon ministère bénéficient d’un emploi garanti à vie alors que le responsable de la cybersécurité d’une entreprise est contractuel en CDD…», a-t-il précisé.
• «On est comme une sorte de prostituée. Le job, c’est de séduire» – Wall Street Journal – 9 mars 2015
Pas sûr que beaucoup se souviennent de cette sortie médiatique plutôt osée de la part d’Emmanuel Macron. Le ministre revient sur ses anciennes fonctions de banquier d’affaires pour lesquelles il a été souvent raillé. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’une fois encore, le locataire de Bercy n’y est pas allé avec des pincettes: «On (les banquiers) est comme une sorte de prostituée. Le job, c’est de séduire», lâche-t-il dans une interview au Wall Street Journal. Celui qui n’hésite pas à se qualifier ironiquement de «salopard de banquier ultra-libéral» considère même que «le métier de banquier d’affaires n’est pas très intellectuel» (Rothshild, une banque au pouvoir, Martine Orange, Éditions Albin Michel).
• «La France est malade» – Europe 1 – 17 février 2015
• «Il y a dans cette société (Gad) une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées» – Europe 1 – 17 février 2015
Pour sa première interview radio en tant que ministre de l’Économie a fait fort. En l’espace d’une dizaine de minutes sur Europe 1, le ministre de l’Économie vient de lâcher deux nouvelles «bombes». Il qualifie, d’abord, les salariées des abattoirs Gad, placés en liquidation judiciaire, d’«illettrées». Une maladresse pour son entourage, une attitude méprisante pour ses détracteurs.
Conscient d’avoir pu choquer les personnes concernées et l’opinion publique, Emmanuel Macron présentera, dans l’après-midi, ses excuses devant l’Assemblée nationale. Mais là encore, bien que l’intention du ministre était d’évoquer les difficultés de ces femmes à se réinsérer, sa maladresse lui a, une nouvelle fois, joué des tours.
• «Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires» – Les Échos – 7 janvier 2015
Le nouvel An à peine fêté, Emmanuel Macron repart avec la même envie de bousculer la société française. Et cette phrase prononcée sur les jeunes en est un nouvel exemple: «Les jeunes Français doivent avoir envie de devenir milliardaires», estime le jeune ministre dans Les Échos. Le ministre a exprimé son souhait, à l’occasion de son déplacement à Las Vegas (sud-ouest des États-Unis) pour le salon de l’électronique grand public, de voir des superstars français du high-tech tutoyer Mark Zuckerberg, Larry Page et Jeff Bezos.
• «Avec la relance des autocars, les pauvres voyageront plus facilement» – Bercy – 15 octobre 2014
Après les salariés «illettrées» de Gad, les «pauvres» en autocar! Les premiers pas en politique sont décidément compliqués pour Emmanuel Macron. En un peu plus d’un mois et demi, le ministre vient de choquer l’opinion publique à trois reprises. Une nouvelle maladresse prononcée à l’occasion de la présentation de son projet de loi pour «libérer l’activité»:
• «Il ne doit pas y avoir de tabou ni de posture» – Le Journal du Dimanche – 11 octobre 2014
Après les 35 heures, c’est à un autre «totem» de la gauche qu’Emmanuel Macron s’attaque: l’assurance-chômage. Avant lui, son supérieur hiérarchique, Manuel Valls, s’était essayé à réfléchir à une réforme de ce droit salarial. Résultat: un tollé. Son ministre de l’Economie a tenté sa chance: dans une interview au Journal du Dimanche, il pointe du doigt le niveau du déficit de l’assurance-chômage (4 milliards d’euros, ndlr). «Quel responsable politique peut s’en satisfaire? On ne peut pas en rester là. Il ne doit pas y avoir de tabou ni de posture», déclare-t-il.
Emmanuel Macron n’obtient guère plus de réussite. «La gauche n’a pas de tabous, mais elle a quelques totems en particulier le fait que quand le président de la République s’exprime, les ministres appliquent», lui répond le premier secrétaire du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis.
• «Nous pourrions autoriser les entreprises à déroger les règles de temps de travail» – Le Point – 28 août 2014
Il ne savait pas encore qu’il allait être nommé ministre de l’Économie. Quelques heures avant d’apprendre la bonne nouvelle, Emmanuel Macron, encore inconnu du grand public, vient, sans le savoir, de se mettre à dos une bonne partie du Parti socialiste. Le futur locataire de Bercy ne prononce pas le «mot magique» des «35 heures» mais le message est clair: l’ex-banquier de Rothschild veut revoir le temps de travail légal en vigueur en France. Il aura beau le lendemain se défendre en jurant qu’il ne veut pas remettre en cause les 35 heures, le mal est fait.
Et malgré cela, le ministre de l’Économie remet cela trois mois plus tard: «Je ne veux pas mettre les 35 heures sur un piédestal», lâche-t-il à l’Assemblée nationale. Les recadrages ne se font pas attendre. Parmi eux, deux de ses collègues du gouvernement: la ministre de la Santé, Marisol Touraine et Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. Signe du malaise suscité par cette nouvelle déclaration choc et que même un socialiste ne peut pas se permettre de vouloir remettre en cause un tel dogme.