La merveilleuse galerie des Carache…

La galerie des Carrache, joyau du palais Farnèse, siège de l’ambassade de France à Rome, a retrouvé sa splendeur après dix-huit mois de restauration, grâce à une opération de mécénat privé.
Il s’agit de la première restauration complète de ce chef-d’œuvre réalisé entre 1597 et 1608 par Annibal Carrache, assisté de son frère Agostino et de ses élèves, d’une superficie totale de plus de 600 m2. Les fresques, dont la plus grande, au centre de la voûte, représente le triomphe de Bacchus et d’Ariane, avaient subi de nombreux dommages qu’il était urgent de réparer.
«On a retrouvé la galerie des Carrache telle que ses concepteurs l’avaient voulue. Au fil des siècles, les choses avaient été modifiées avec le goût du moment (…). Alors qu’aujourd’hui, on la revoit dans sa vérité historique et artistique», s’est félicitée l’ambassadrice de France à Rome, Catherine Colonna.
De plus, l’opération, fruit d’un «mécénat privé américain et français» a eu le mérite de «ne pas avoir coûté (un sou, ndlr) au contribuable», a-t-elle ajouté. C’est le World Monuments Fund (WMF), la plus importante organisation internationale privée consacrée à la sauvegarde de monuments historiques et de sites, qui a apporté les 800.000 euros nécessaires.
«Il y avait des problèmes de fissures importants, de soulèvement de la voûte (…), des problèmes dûs au vieillissement, qui réclamaient une intervention urgente», a détaillé à la presse son responsable pour l’Europe, Bertrand du Vignaud.
Quant aux parois, «elles avaient été complètement repeintes à plusieurs reprises au cours des siècles. Elles étaient brun et marron, elles avaient perdu toute leur fraîcheur, toute leur jeunesse et toute leur signification», a-t-il ajouté.

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Le long et méticuleux travail des 26 restaurateurs, tous italiens, est visible à l’œil nu: les chairs sont rosées, les bleus sont plus clairs, la perspective est plus nette. Comme si un voile opaque avait été ôté. Au plafond, des couples célèbres de l’Antiquité, dieux et déesses, demi-dieux et mortelles, batifolent dans un ballet de couleurs et de drapés stupéfiant, en une célébration de l’amour universel.
«Les Carrache est la galerie-mère de toutes les galeries palatiales d’Europe. Elle été reprise partout: à la Galerie des Glaces, également dans les châteaux anglais, dans les châteaux autrichiens…», a expliqué M. du Vignaud. Pour le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, dont les services ont financé à hauteur de 200.000 euros les études préliminaires aux travaux, la galerie fait partie du «patrimoine de l’humanité». Et d’affirmer: «Quand, comme en ce moment, ce patrimoine est touché, mis à mal et détruit, il est capital de rappeler qu’il est nécessaire de le défendre, de le protéger.»
Sous l’égide d’un comité scientifique international, le travail de restauration s’est fait en deux étapes. La galerie a d’abord été mise en sécurité et consolidée puis elle a fait l’objet d’un nettoyage délicat. Les stucs, plusieurs fois repeints au cours des siècles, ont retrouvé leur splendeur originale, et en particulier leur luminosité.
«Nous nous sommes occupés de la consolidation de la structure, du nettoyage des surfaces, de l’intégration des parties manquantes et du rendu esthétique des surfaces peintes et en stuc», a expliqué à l’AFP Michela Cardinali, l’une des restauratrices.
La galerie des Carrache, désormais incluse dans les neuf visites hebdomadaires et sur réservation du palais Farnèse, sera visible dès ce week-end lors des Journées européennes du patrimoine. L’ambassade de France restera ouverte samedi jusqu’à 2 heures du matin pour l’occasion et espère accueillir de 10 à 15.000 visiteurs.

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