Les arènes de Nîmes!

Vues par drone! À Nîmes, un seul monument de spectacle antique peut encore être admiré. Il s’agit de l’amphithéâtre, aujourd’hui appelé « les Arènes », qui est l’un des mieux conservés du monde romain et de France. Vitruve définit les bases essentielles de ces édifices, qui sont les plus imposants du monde romain : « Il convient de répartir des voies d’accès nombreuses et spacieuses, en évitant que celles qui viennent d’en haut ne rencontrent celles qui viennent d’en bas ; on doit pouvoir les rejoindre à partir de toutes les places, en circuit direct et sans détour, de telle sorte que lorsqu’il quitte le spectacle, le peuple ne soit pas serré, mais trouve, quel que soit le siège qu’il occupait, une issue séparée et sans obstacle ».

L’amphithéâtre de Nîmes, datant de la fin du Ier siècle de notre ère, observe bien ces bases essentielles. En plan, l’édifice se présente comme une ellipse de 133 m de long sur 101 m de large, avec une piste centrale de 68 m sur 38 m. La façade, composée de deux niveaux de 60 arcades superposées et d’un attique séparés par une corniche, mesure 21 m de haut. Au sommet de la façade, on observe des pierres en saillie trouées qui servaient à fixer le velum qui pouvait s’étendre au-dessus des gradins pour protéger le public du soleil ou de la pluie

La cavea, entourant la piste, divisée en 60 travées rayonnantes et 34 rangs de gradins, pouvait accueillir 24 000 spectateurs. Les 34 rangs de gradins de la cavea sont répartis en quatre maeniana horizontaux, séparées par un couloir de circulation et un muret, appelé balteus.

Chaque maenianum était réservé à une classe sociale de la société nîmoise, à savoir les plus aisés aux premiers rangs et les plus modestes aux derniers rangs, et chacun desservi par une galerie voûtée, appelé vomitorium. Les vomitoria sont réunis entre eux par des escaliers, ce qui évite la confusion et l’engorgement lors de l’afflux de spectateurs. Sous la piste, se trouvaient plusieurs galeries souterraines où se situaient les coulisses. L’accès à la piste par les gladiateurs se faisait directement par des escaliers depuis les galeries souterraines. L’édifice présente peu de décors sculptés puisque son architecture suffit à lui donner une allure monumentale. La façade est rythmée par des pilastres et des colonnes engagées d’ordre dorique.

L’amphithéâtre de Nîmes est comparable à celui d’Arles, datant de la fin du Ier siècle, qui est très proche sur le plan de la conception et de l’architecture. En effet, l’amphithéâtre d’Arles présente également deux niveaux d’arcades en façade très peu décorées. La cavea de l’édifice se composait de 43 rangées de gradins et pouvait accueillir entre 20 000 et 25 000 spectateurs. L’amphithéâtre de Nîmes peut également être mis en relation avec le Colisée de Rome. Le Colisée, terminé en 80 de notre ère aurait servi de modèle dans la construction de l’amphithéâtre de Nîmes, ce qui montre que la ville de Nîmes voulait se rapprocher au mieux de la civilisation romaine. Nous pouvons noter tout de même quelques différences entre les deux édifices. D’abord, nous observons que le plan du Colisée est moins allongé que celui de l’amphithéâtre nîmois. La façade du monument romain se compose de trois niveaux d’arcades, alors que celui de Nîmes n’en comporte que deux.

Ces édifices imposants ont été bâtis pour accueillir des spectacles très prisés des populations. Le spectacle le plus fréquent et le plus apprécié était le combat de gladiateurs. Nous savons qu’il existait de véritables écoles de gladiateurs qui formaient des volontaires, esclaves ou souvent hommes libres. Ces écoles étaient souvent le dernier refuge pour ses hommes déclassés, rejetés par la société. Les combats de gladiateurs se terminaient souvent par la mort de l’un des adversaires si le vaincu n’était pas gracié par le public.

Bien que monumental, l’amphithéâtre ne comporte que trois éléments décoratifs : la louve romaine allaitant Romulus et Rémus, deux gladiateurs combattant, ainsi que deux bustes de taureau surmontant une des nombreuses arcades de l’amphithéâtre.

De la forteresse wisigothe aux habitations médiévales, puis à la réhabilitation[modifier | modifier le code]
Après l’interdiction des combats de gladiateurs en 404, les arènes furent transformées en forteresse par les Wisigoths : il leur suffit de boucher les arcades, d’ajouter quelques tours, de creuser un fossé et, peut-être, d’édifier une petite enceinte supplémentaire (vestiges dans le sous-sol du palais de justice). Elles seront même connues plus tard sous le nom de « château des chevaliers des arènes » avec l’édification de tours au sommet du monument (celles d’Arles ont été conservées).

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Lors des Grandes Invasions de l’Antiquité tardive puis au Moyen Âge durant les périodes d’insécurité, la population se réfugia même dans l’enceinte de l’édifice qui fut alors utilisé comme village fortifié, le castrum arenae, qui contenait deux églises, 220 maisons, ainsi qu’un petit château. On imagine aisément les conditions d’insalubrité d’une telle densité… Bon nombre de gradins furent désossés pour servir de carrière de pierres à l’édification de ces bâtiments.

Les arènes au début du XIXe siècle.
François Ier, lors d’une visite à Nîmes au début du xvie siècle durant laquelle il reçut d’ailleurs des autorités locales une réplique en argent du monument (pièce d’orfèvrerie perdue aujourd’hui), s’émut de l’état de l’édifice et préconisa son dégagement pour la première fois, ce qui resta lettre morte.

La restauration des arènes et la destruction des habitations, à l’intérieur de l’amphithéâtre ou à l’extérieur qui prenaient appui sur le bâtiment, commença à la fin du xviiie siècle par le décret en Conseil du roi du 28 mars 1786 (en même temps que celle des remparts médiévaux de la vieille ville afin de créer boulevards et promenades du tour de ville) grâce aux grands plans d’embellissement de la ville engagés depuis le milieu du xviiie siècle (jardins de la Fontaine dès 1740–1750). La période révolutionnaire porte un coup d’arrêt provisoire à ces travaux. Ils reprennent à la suite du décret impérial du 2 février 1809. L’intégralité du monument est dégagée de ses constructions parasites en 1812, mais il faut attendre la seconde moitié du xixe siècle, sous le Second Empire, pour qu’une vaste campagne de réhabilitation, voire de restauration importante de certaines parties, soit réalisée (notamment sous la direction de l’architecte Henri Antoine Revoil.)

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