Souvenons-nous de la leçon de Hattin (juillet 1187)!

Il y a 830 ans, en juillet 1187, le roi franc de Jérusalem, Guy de Lusignan, était écrasé – et avec lui l’armée chrétienne. Par Saladin, sultan de Syrie et d’Egypte. Les raisons de ce désastre aux terribles conséquences ? Les divisions du camp chrétien miné par des questions de personnes.

Avant la défaite de Hattin, il reste aux croisés trois Etats : le royaume de Jérusalem, gouverné par Guy de Lusignan ; le comté de Tripoli (Tripoli du Liban) de Raymond III ; la principauté d’Antioche de Bohémond III.

A la mort de Baudoin IV (le « Roi lépreux »), la régence est confiée à Raymond III. Au nom du tout jeune Baudoin V qui ne vivra guère. A sa mort, Guy de Lusignan, époux de la sœur de Baudoin IV, est couronné. Avec l’appui de Girard de Ridefort, grand maître du Temple, du comte Josselin d’Edesse, de Renaud de Châtillon et du patriarche de Jérusalem.

Raymond III et les barons de son parti contestent la légitimité de Guy de Lusignan. A partir de là, les querelles dynastiques – suicidaires – ne cesseront pas de s’envenimer. Pour le plus grand bénéfice des musulmans qui, à l’occasion, mettent de l’huile sur le feu. Raymond III va ainsi conclure une alliance – contre le roi de Jérusalem ! – avec Saladin qui va réussir – une première et, pourrait-on dire, une dernière dans l’histoire de l’islam – à unifier, portés par la haine des chrétiens, les musulmans de Damas, d’Alep et du Caire.

Les Francs, qui ne reçoivent plus de renforts d’Occident depuis des années, reviennent un temps à la raison face au danger grandissant. En juin 1187, Guy de Lusignan et Raymond III, pour l’occasion réconciliés, rassemblent leurs troupes. Quelque 15 000 hommes. En face, 25 000 mahométans.

Saladin met le siège devant Tibériade pour attirer les chrétiens dans les terres, loin de leurs solides bases sur la côte. Raymond III sent le piège et conseille plutôt de laisser Saladin venir se frotter aux bastions du littoral. Il ne sera pas suivi.

Les chrétiens marchent vers Tibériade. Harcelés par les archers de Saladin, ils progressent à grand-peine. Il faut trouver un campement de nuit et, surtout, un point d’eau. Il n’y en a qu’un, sur le plateau de Hattin. Mais le terrain est occupé par les hommes de Saladin. Les chrétiens vont ainsi passer une journée sans boire et, surtout, sans pouvoir abreuver les chevaux. Au matin, ils sont encerclés.

Guy de Lusignan donne l’ordre d’attaquer pour sortir de la nasse. Raymond III charge comme un furieux et bouscule les cavaliers mahométans. Poussant trop loin son mouvement, il est bientôt piégé dans la gorge qui descend vers Tibériade. Les charges menées par Guy de Lusignan, avec des hommes et des chevaux épuisés, sont sans effet. La défaite est totale.

A quelques éléments près (Raymond III et l’arrière-garde), l’armée chrétienne a cessé d’exister. Fait prisonnier, Renaud de Châtillon est égorgé par Saladin qui commande le massacre de tous les Templiers, des Hospitaliers et des turcopoles (les volontaires musulmans qui se battaient à nos côtés). En un an, 50 forteresses chrétiennes tombent aux mains de Saladin.

Traumatisé, mais n’ayant pas compris la leçon comme le montrera la suite de l’histoire, l’Occident prêchera la troisième croisade. Des chrétiens désunis, divisés, en pleines chikayas. Des musulmans rassemblés et déterminés. Actualité de Hattin…

Photo : Le sceau de Raymond III, avec les murailles de Tripoli.

Alain Sanders – Présent

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