Les Femen, il paraît que c’est un scandale. Je suis d’accord et moi non plus. Des nénettes qui exhibent leurs tétons ? Depuis Praxitèle, voilà qui n’a rien de la saveur de l’inédit. Si seulement elles tombaient la culotte, pourrait-on encore les prendre au sérieux ; mais là, en matière de transgression, nous sommes plus dans le registre du film érotique soft d’antan sur M6, que sur le Marc Dorcel du Canal Plus d’autrefois, dont une légende urbaine assurait qu’on pouvait le voir, une main dans le pantalon et l’autre agitant une passoire devant des yeux exorbités face à tant de cochoncetés. Bref, toute une époque.
Aujourd’hui, les Femen, collectif de fifilles un peu énervées, connaissent un vague regain de renommée pour avoir hébergé un immigré clandestin. Un fort joli reportage du site Street Press, site très gauchiste, mais connu pour son écriture alerte, nous apprend comment Ousmane, âgé de seize ans, réfugié ivoirien de confession musulmane, s’est retrouvé hébergé dans un squat parisien tenu par les amazones en question. Et c’est là qu’on rigole devant le choc des mondes.
Pour lui, malgré sa rhétorique islamique des plus sommaires, l’homme se doit d’être pudique et la possible épouse, discrète. C’est sûr que les nibards à l’air dans la piscine de fortune, plantée dans Boboland, au sud-est de Paris – 99 euros au Décathlon le plus proche –, ça ne le fait pas. Surtout quand Ousmane assure être venu se faire un peu de blé en France avant de retourner planter le sien en sa terre d’origine. Pour une fois qu’un migrant veut rentrer chez lui, mauvaise pioche…
Après, ce brave Ousmane ne comprend pas la haine quasiment pathologique qu’entretient cette secte à nibards dévoilés, vis-à-vis des religions révélées : il veut juste prier tranquille sans qu’on le dérange. What Else ? comme dirait George Clooney. Au fait, cet Ousmane, qui n’a sûrement pas inventé le bidon de deux litres, a-t-il au moins lu l’Inna de Caroline Fourest ?
De quoi s’agit-il ? D’un Himalaya d’humour involontaire, tout simplement. Soit l’amourette contrariée entre pythie médiatique et militante ukrainienne aux ovaires survoltés. Tel qu’écrit jadis en ces colonnes, Marie Delarue se félicitait alors de la jonction entre SAS et LGBT. À la lecture de ce livre, il serait plus raisonnable, tant qu’à verser dans la comparaison littéraire et vaguement cinématographique, d’assurer que « l’auteure » évoquerait plutôt le Jean-Claude Duss des Bronzés (épisodes un et deux) : « J’ai une ouverture, il n’y a plus qu’à conclure ! » Sauf qu’Inna n’est pas goudou, au grand désespoir de Caro. Il faudra donc aller brouter plus ailleurs dans la prairie.
Pis que tout, il y a ces révélations régulières sur ces Femen, organisation qu’il convient bien de définir comme secte, quelque part entre Rivarol et France Inter, Radio Courtoisie et Église de scientologie… Leur fondateur, par exemple, – Viktor Sviatski, meilleur ami d’Anna Hutsol, fondatrice des Femen – dans le documentaire L’Ukraine n’est pas un bordel, signé de la réalisatrice australienne Kitty Green, assure, mâle dominant de l’espèce hétérosexuelle, que ses disciples ne sont rien d’autre que de « petites putes » !
Là, après Les Bronzés, qu’ils soient au ski ou en vacances, c’est Le Père Noël est une ordure… Si, si… Rappelez-vous… Quand Marie-Anne Chazel raccroche le téléphone tout en passant le message à Anémone : « Il y a un môssieur très malpoliche qui voulait enculer Thérèse ! », « Oui, mais c’est un ami ! », « Alors, cha va ! »
Heureuse nouvelle : Robert Dhéry et ses Branquignols nous ayant fortuitement quittés, Caroline Fourest et ses Claudettes devraient bientôt pouvoir les remplacer. The Show Must Go On, comme on dit.
Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire