Alain Tourret ne voit pas d’un bon œil le remplacement de l’indemnité de frais de mandat par un système où les élus devraient présenter leurs reçus et se faire rembourser ce qu’ils ont réellement dépensés. «Ça va être le contrôle», s’inquiète-t-il.
Les députés de La République en marche (LREM) s’annoncent d’ores et déjà très disciplinés quant aux futures réformes économiques annoncées par le gouvernement. Mais s’il est un sujet où la fronde menace, c’est bien celui des avantages et des frais de bouche.
«Extraordinairement dangereux», rien de moins. C’est ainsi que le député Alain Tourret, passé du Parti radical de gauche (PRG) au parti d’Emmanuel Macron à la faveur de la vague LREM, qualifie le projet de loi de moralisation de la vie publique adopté par le Sénat et bientôt présenté à l’Assemblée. Le détail qui tétanise le parlementaire : que les députés soient contraints de présenter leurs notes de frais pour obtenir un remboursement.
Fait notable : Alain Tourret, proche d’Emmanuel Macron, avait utilisé son indemnité pour se payer des voyages et une télé lors de la mandature précédente. Après des révélations de Mediapart, il avait finalement promis de rembourser 16 000 euros utilisés à des fins personnelles…
D’ordinaire, les députés disposent d’une indemnité de frais de mandat sans contrepartie et ne nécessitant pas de justification. Désormais, pour mieux contrôler les dépenses du palais Bourbon, les députés devront présenter un reçu et seront indemnisés après coup des frais réels engagés, comme cela se pratique dans la quasi-totalité des entreprises.
La crainte d’Alain Tourret ? Qu’on lui reproche ses préférences culinaires et qu’on lui demande, lors de la présentation de ses notes de frais : «Pourquoi avoir déjeuné dans un hôtel 3 étoiles et non pas au McDo?». «Ça va être le contrôle pour savoir si vous avez déjeuné avec tel industriel, avec tel responsable politique», explique-t-il encore, laissant entendre qu’il est habitué à ce genre de pratiques.
Porté par le gouvernement, le projet de loi de moralisation de la vie publique provoque un certain nombre de réticences au sein de la majorité parlementaire. D’abord annoncée comme devant être supprimée, la réserve parlementaire a finalement été maintenu par les députés LREM après une discussion en réunion de groupe le 12 juillet.