Le terme spécisme est créé en 1970 par Richard Ryder puis repris en 1975 par Peter Singer. Il désigne une forme de discrimination concernant l’espèce. Le manifeste le plus célèbre de ce mouvement est le livre de Peter Singer intitulé The Animal Liberation Movement : its Philosophy, its Achievements, and its Future paru en 1985 traduit en français par le titre Le mouvement de libération animale. D’après lui, l’homme ne connaît pas de différence de nature avec les autres animaux mais seulement une différence de degré. Cette affirmation se fonde sur une compréhension de la théorie darwinienne de l’évolution. Delà, puisque nous appartenons tous à la même animalité, il faut prendre en considération ce que nous avons de communs. Les animaux sont tous animés, selon lui, par des intérêts communs et principalement celui d’éprouver du plaisir et de ne pas souffrir. Mettre l’homme au-dessus des animaux c’est être spéciste.
Cette égalité de considération d’intérêts communs devrait, pour les antispécistes, donner des droits fondamentaux à tous les êtres sensibles à savoir : ne pas être tué, ne pas être emprisonné, ne pas être torturé, ne pas être considéré comme un simple objet et donc être l’objet d’un quelconque commerce. Il faut, en fait, réduire au maximum la souffrance pour tout être sensible. Ce mouvement prétend s’inscrire dans la continuité des mouvements antiracistes qui ont libéré les hommes de l’esclavage, du féministe etc.
Ce mouvement lutte principalement contre l’élevage intensif, les abattoirs, les tests faits sur les animaux de laboratoires et de manière plus éloignée, les corridas, les zoos, les cirques etc. Il existe différents courants antispécistes, qu’il n’est pas utile de mentionner.
La faiblesse de l’argumentation pourrait nous pousser à nous désintéresser de ce mouvement. Mais c’est parce que l’argument semble relever de l’évidence qu’il est puissant. D’autant plus puissant, que la plupart des antispécistes ont le génie de mettre en avant toutes les souffrances inutiles que l’homme inflige aux animaux pour convaincre le grand public. Nous avons tout intérêt à nous intéresser dès maintenant à ce mouvement au lieu d’attendre que cette théorie apparaisse dans les manuels scolaires. En outre, se confronter aux thèses adverses permet d’avoir une connaissance plus aiguisée de la vérité [1]. On peut manifester qu’une théorie est, au moins en partie, fausse lorsque ses conséquences sont absurdes.
Pousser la logique “antispéciste” à son comble
Il est utile de noter que cette théorie possède quelques conséquences indirectes, mais non négligeables, car pour elle, la recherche sur les cellules souche [2], l’avortement, l’euthanasie, ne posent aucun problème moral [3].
Ensuite, si on est cohérent jusqu’au bout dans cette logique antispéciste, nous devrions tous être au moins végétariens si ce n’est végétaliens / vegan [4]. Selon eux, l’homme devrait arrêter de manger de la viande pour éviter de tuer les animaux et éviter tout produits provenant des animaux (lait, œufs…) car issus de l’exploitation de ces derniers. Pourquoi l’interdit du meurtre ne devrait-il être valable que pour l’homme ? Pourquoi, de même, ne pas empêcher les animaux de se manger entre eux ? Le bon sens dirait que parce que certains animaux en ont besoin pour vivre. Qu’en est-il de l’homme ? Dire que l’homme est naturellement végétalien est faux, d’une part en raison de la vitamine B12 qui ne se trouve que dans les produit d’origine animale et que l’on synthétise en trop faible quantité, ensuite parce que si l’on s’appuie sur la même théorie de l’évolution, nous devrions avoir un régime alimentaire proche des plus grands primates, qui eux sont omnivores [5] … Si on veut donc respecter la nature jusqu’au bout, commençons par respecter l’homme.
Pour Peter Singer, la valeur d’un animal se hiérarchise par rapport à sa capacité à avoir conscience de lui-même, d’avoir des projets et d’anticiper et non par rapport à son espèce [6]. Ainsi la vie d’un nouveau-né humain ou d’un humain handicapé mental a moins d’importance que celle d’une vache adulte et en possession de tous ses moyens. Cet avis n’est pas partagé par tous les antispécistes et se détruit de lui-même. En effet puisque la plupart des hommes ont une conscience plus grande que tous les autres animaux leur vie devrait donc être la plus importante (on retourne à cet anthropocentrisme qu’il déteste tant). Ensuite le niveau de conscience n’étant pas mesurable, on se demande comment faire pour hiérarchiser tous les animaux… On en revient à une pensée qu’il qualifierait lui-même de spéciste. Enfin, pourquoi prendre arbitrairement le critère de la conscience pour déterminer l’importance d’un être vivant ?
Il est par ailleurs étonnant de constater que c’est la première fois que l’homme lutte pour des êtres qui ne revendiquent rien.
On cherche ainsi à libérer les animaux au nom de la compassion que nous devons avoir pour eux puisque nous appartenons à la même animalité. Jusqu’où faudrait-il étendre cette compassion ? Qu’en est-il des plantes par exemple ? Après tout nous avons aussi bien des choses en commun avec elles. Bien qu’elles n’aient pas de système nerveux, elles possèdent, comme nous, une certaine sensibilité, un intérêt à vivre, à préserver leur espèce, etc. [7] En outre la distinction plante/animal est faite de manière arbitraire et le doute persiste pour certaines espèces [8] … On pourrait rétorquer qu’une plante ne possède pas de nerf, qu’elle ne peut donc pas souffrir. Mais il existe des animaux sans nerfs. Le respect de la vie doit-il alors dépendre de nos terminaisons nerveuses ? Mais la sensibilité ne dépend pas uniquement du duo plaisir/douleur. L’expérience montre, par exemple, qu’une plante s’épanouit au son de certaines musiques.
Cette théorie antispéciste tente de donner une sorte de morale commune à l’espèce animale, se basant sur la dualité plaisir/souffrance… Il n’y a pourtant pas besoin de morale pour les animaux qui agissent selon leurs instincts [9]. Fonder la morale humaine sur ces seuls critères utilitaristes semble insuffisant.
Il y a, enfin, beaucoup de petites contradictions internes et de capillotractions pour justifier certaines pratiques. Aymeric Caron, par exemple, (dans Antispéciste), condamne l’élevage puisque celui-ci emprisonne et maltraite les animaux mais justifie la possession d’un animal domestique en affirmant qu’il lui offre le gîte et le couvert en échange de cette compagnie, faisant comme si l’animal acceptait ce contrat de son plein gré… Il n’y a pas beaucoup de différence entre ces deux situations, dans les deux cas la “liberté” de l’animal est brimée. Un autre exemple est celui qui interdirait de tuer un moustique, parce que même s’il nous prend du sang sans nous en demander la permission, le moustique n’y est pour rien, il répond à son instinct. Par contre, l’homme tuant un animal, y serait pour quelque chose. Pourquoi faire subitement une différence entre l’homme et l’animal ? Différence de taille car il s’agit là de l’exercice de sa liberté…
Quand des conséquences sont absurdes, c’est que des principes de base peuvent être erronés.
Tout d’abord, il semble risqué de constituer une théorie philosophique sur une théorie scientifique falsifiable. Les antispécistes prétendent se fonder sur la théorie de l’évolution de Darwin, mais cette théorie a elle-même évolué depuis en plusieurs théories de l’évolution distinctes. Sur laquelle précisément s’appuient-ils ? Ces théories possèdent bon nombre de limites et de zones d’ombres [10].
L’existence de l’âme immatérielle
Il devient ensuite difficile de se défendre face à un antispéciste, car le point fondamental de désaccord est l’existence de l’âme immatérielle. Yann Moix, face à Aymeric Caron dans l’émission « On est pas couché » du 9 Avril 2016, s’est cassé les dents en niant le fait qu’un homme soit un animal. Mais l’homme a une conscience, clamait-il ! Pour répondre à cet argument il est facile de sortir l’expérience du miroir pour montrer que certains animaux ont une conscience d’eux mêmes et l’argument de la conscience passe à la trappe. Il en va de même avec la raison, on vous rétorquera que tel animal construit un raisonnement pour se sortir de telle situation dans laquelle on l’a mis. Pour justifier que ces expériences ont certaines limites, qu’elles peuvent être interprétées différemment selon les scientifiques, ne fait pas sortir du débat et ne permet de convaincre que ceux qui le sont déjà.
Dans Antispéciste, Aymeric Caron, nous montre en détails à quel point les animaux sont des êtres doués de sensibilité, presque pour les « humaniser », à quel point l’animal est proche de l’homme. Seulement c’est l’inverse. La sensibilité est ce que nous avons de commun avec eux, ce qui nous rapproche d’eux, et non ce qui les rapproche de nous. Aristote n’aurait pas dit mieux, l’animal a une mémoire, une estimative, une imagination, des passions, un caractère, etc. Si certains semblent avoir du mal à accorder ces aspects chez les animaux (ce que déplorent des antispécistes), c’est parce que l’expérience que nous avons de ces facultés en tant qu’homme est différente. En effet, étant un être dont le corps et l’esprit ne font qu’une seule substance, nos sens et nos passions sont soumis à notre intelligence et notre volonté. Dans le règne animal, seul l’homme possède une intelligence et une volonté [11] qui ne peuvent être matérielles. Voici une des démonstrations de l’immatérialité de l’intelligence, il en existe d’autres dans le traité de l’Âme d’Aristote.
Ici Saint Thomas d’Aquin en reprend une : « Le principe de l’acte intellectuel que nous appelons âme humaine doit être un principe incorporel et subsistant. Par l’intelligence, en effet, l’homme peut connaître toutes les natures corporelles. Mais pour connaître des objets, il ne faut rien posséder en soi de leur nature ; car ce qu’on posséderait ainsi par essence empêcherait de connaître les autres réalités. Ainsi, la langue du malade chargée d’une humeur amère, bilieuse, ne goûte rien de doux, mais trouve tout amer. Donc, si le principe intellectuel possédait en lui une nature corporelle quelconque, il ne pourrait connaître tous les corps : tout corps est en effet d’une nature déterminée. Il est donc impossible que le principe intellectuel soit un corps. Et il est tout autant impossible qu’il connaisse par le moyen d’un organe corporel. Car la nature de cet organe déterminé empêcherait de connaître tous les corps, ce que ferait une couleur dans la pupille de l’œil. De même un liquide prend la coloration du verre où il est versé. Le principe intellectuel, – en d’autres termes l’esprit, l’intelligence, – possède donc par lui-même une activité à laquelle le corps n’a point de part. Or rien ne peut agir par soi qui n’existe pas par soi. Car seul agit l’être en acte ; en conséquence un être n’opère que de la manière dont il existe. Ainsi ne dit-on pas que ce qui chauffe, c’est la chaleur, mais ce qui est chaud. Il reste que l’âme humaine, c’est-à-dire l’intelligence, l’esprit, est une réalité incorporelle et subsistante. »
La volonté quant à elle est immatérielle aussi, l’objet vers lequel elle se porte est spirituel puisqu’il est conçu par l’intelligence. Donc l’acte de vouloir est spirituel et la faculté qui l’exerce (la volonté) l’est tout autant.
Il est dommage d’avoir une vision marxiste du monde qui tend à opposer une vision spéciste (mot inventé par les antispécistes pour trouver des opposants dans leur quête de libération) et une vision antispéciste. Il n’y a pas de nuance entre les deux. L’antispécisme a deux conséquences positives à savoir : montrer le respect que l’on doit avoir pour la nature, et manifester à l’homme sa responsabilité face à la nature. Seulement, ces deux conséquences ne sont pas dans un juste milieu. L’homme doit prendre soin de la nature que Dieu lui a confié, il n’a pas à faire souffrir inutilement les animaux, mais n’a pas non plus à s’excuser d’exister. Nous pouvons militer pour des lois en faveur d’un bon traitement des animaux sans mépriser l’homme pour autant. Ce mouvement antispéciste nie la supériorité et la grandeur de l’homme, et l’ordre que Dieu a inscrit dans la nature. Pourtant le plus imparfait est soumis au plus parfait, la plante utilise la terre pour se nourrir, certains animaux utilisent les plantes pour vivre, et d’autres utilisent les animaux [12]. L’homme étant par nature, plus parfait que les autres animaux, il convient de dire que les animaux lui sont soumis.
[1] « Les théologiens et les philosophes catholiques, qui ont la lourde charge de défendre la vérité humaine et divine, et de la faire pénétrer dans les esprits humains, ne peuvent ni ignorer ni négliger ces systèmes qui s’écartent plus ou moins de la voie droite. Bien plus, ils doivent bien les connaître, d’abord parce que les maux ne se soignent bien que s’ils sont préalablement bien connus, ensuite parce qu’il se cache parfois dans des affirmations fausses elles-mêmes un élément de vérité, enfin parce que ces mêmes affirmations invitent l’esprit à scruter et à considérer plus soigneusement certaines vérités philosophiques et théologiques ». Humani generis, Pie XII, 1950.
[2] « Décider si on peut ou non détruire des embryons afin d’obtenir des cellules souches ne me paraît pas être une question difficile à trancher. Après tout, dans les cliniques des pays développés, on trouve des milliers d’embryons qui ne deviendront jamais des êtres humains. Ils ne possèdent aucun système nerveux, ne peuvent pas être conscients et ne ressentent rien. Pourquoi serait-il mal, dès lors que leurs parents donnent leur consentement, d’utiliser ces embryons pour un travail scientifique pouvant s’avérer grandement bénéfique pour d’autres êtres humains qui, eux, sont conscients et veulent continuer à vivre ? » Peter Singer, interview publié dans philosophie magazine en Octobre 2009.
[3] L’avortement et les cellules souches, car
il s’agit d’êtres sans conscience, l’euthanasie pour éviter les souffrances inutiles.
[4] En plus de ne manger aucun produit animal ou venant de l’animal comme les œufs et le lait…les vegans refusent d’utiliser quelconque objet fait à partir d’animaux ou ayant fait souffrir des animaux, comme le cuir, certains cosmétiques, etc.
[5] Sur ce sujet, lire : Ducros Jacqueline, Ducros Albert. Le singe carnivore : la chasse chez les primates non humains. In : Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, Nouvelle Série. Tome 4 fascicule 3-4, 1992. pp. 243-264.
[6] « Si un être souffre, il ne peut y avoir de justification morale pour refuser de tenir compte de cette souffrance. Quelle que soit la nature de l’être qui souffre, le principe d’égalité exige que sa souffrance soit prise en compte autant qu’une souffrance similaire […] Limiter cette prise en compte selon tout autre critère, comme l’intelligence ou la rationalité, serait la limiter de façon arbitraire – pourquoi choisir tel critère plutôt qu’un autre, comme la couleur de la peau ? […] La même expérience effectuée sur des animaux non humains causerait moins de souffrance, puisqu’eux ne ressentiraient pas la peur due à l’anticipation de la capture et de l’expérience à subir. Cela ne justifie pas, bien entendu, le fait lui-même d’effectuer l’expérience sur des animaux, mais implique seulement qu’il existe une raison non spéciste pour préférer utiliser des animaux plutôt que des adultes humains normaux, si tant est au départ que l’expérience soit à faire. Il faut remarquer, néanmoins, que ce même argument nous donne aussi une raison de préférer, pour faire des expériences, à l’emploi d’humains adultes normaux l’emploi de nourrissons humains – orphelins, par exemple – ou d’humains mentalement retardés, puisqu’eux non plus n’auraient aucune idée de ce qui les attend ». Peter Singer, The Animal Liberation Movement : its Philosophy, its Achievements, and its Future, 1950, p.17-20.
[7] Tout être vivant possède une âme qu’Aristote définit comme la forme d’un corps naturel ayant la vie en puissance. En ce sens l’âme est immatérielle mais pas nécessairement spirituelle. Les végétaux possèdent une âme végétative qui se définit par sa fin, à savoir sa capacité à engendrer un semblable (les deux autres puissances de l’âme végétative étant s’alimenter et croître). L’animal possède une vie végétative mais va se définir par sa vie sensitive (une seule âme pour l’animal) (Aristote définit la sensation comme l’acte commun du sensible (objet) et du sentant (sujet)). Ces définitions aristotéliciennes se fondent sur ce que l’on peut observer avec nos simples sens, sans instrument de mesure ou d’observation sophistiqué. Un biologiste peut contester ces distinctions qu’il jugerait sommaires et insuffisantes pour classer les espèces. Il ne semble pas pour autant y avoir de contradiction. L’intérêt que nous y voyons est philosophique : il permet de saisir d’avantage l’unité qu’il y a parmi tous les êtres vivants d’une part et de définir ces deux âmes d’autre part. Ces définitions permettent en outre de lever les imprécisions qu’Aymeric Caron, dans son livre Antispéciste (p.80) fait sur la notion de l’âme.
[8] Voir par exemple : http://www.matierevolution.fr/spip.php?article3394
[9] « Par principe d’utilité, on entend le principe selon lequel toute action, quelle qu’elle soit, doit être approuvée ou désavouée en fonction de sa tendance à augmenter ou à réduire le bonheur des parties affectées par l’action. […] On désigne par utilité la tendance de quelque chose à engendrer bien-être, avantages, joie, biens ou bonheur. », Bentham, An Introduction to the Principles of Morals and Legislation, Oxford, Clarendon Press, 1823, chapitre 1.
[10] Sur l’évolution, lire Un regard thomiste sur l’évolution, du Père de Blignères, sedes sapitiae n°113.
[11] Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologicae, prima pars, question 75, art.2, respondeo.
[12] Ibid, prima pars, Question 96, art.1, respondeo : Or tous les animaux sont par nature soumis à l’homme. C’est là une chose qu’on peut établir à partir de trois données. La première est l’ordre même de la nature. De même que, dans la genèse des choses, on saisit un certain ordre selon lequel on passe de l’imparfait au parfait, car la matière est pour la forme et la forme plus imparfaite pour celle qui est plus parfaite, de même en est-il aussi de l’usage qui est fait des choses de la nature, car les êtres plus imparfaits sont mis à la disposition des plus parfaits ; les plantes se servent de la terre pour leur nourriture, les animaux des plantes, et les hommes des plantes et des animaux. Ainsi est-ce par nature que l’homme domine sur les animaux. Et c’est pourquoi Aristote dit que ” la chasse faite aux animaux sauvages est juste et naturelle “, car par elle l’homme revendique ce qui lui appartient par nature. La deuxième donnée est l’ordre de la providence divine, laquelle gouverne toujours les inférieurs par les supérieurs. Aussi, comme l’homme est au-dessus des autres animaux, puisqu’il a été fait à l’image de Dieu, est-il très convenable que les autres animaux soient soumis à sa conduite. La troisième donnée consiste dans les propriétés respectives de l’homme et des autres animaux. Chez les autres animaux, en effet, on trouve au niveau de leur pouvoir naturel d’estimation une certaine participation de la prudence concernant quelques actes particuliers ; tandis que chez l’homme on trouve une prudence universelle, qui fournit le plan de tout ce qu’il y a à faire. Or tout ce qui existe par participation est soumis à ce qui est par essence et de façon universelle. Et ainsi il est clair que la sujétion des autres animaux envers l’homme est naturelle.