(1858-1943) D’abord modeste employé de la Compagnie du gaz, André Antoine cède rapidement à sa passion du théâtre, et crée, avec un groupe d’amateurs, le Théâtre-Libre, le 30 mars 1887.
Ce théâtre défend les idées du courant naturaliste alors illustré en littérature par Zola et son école. Antoine essaye de reproduire fidèlement sur scène un milieu social précis, et demande aux acteurs de jouer avec le plus de naturel possible.
Le Théâtre-Libre devient vite le refuge des auteurs rejetés par les grandes scènes parisiennes, et par conséquent se transforme en laboratoire du théâtre expérimental.
En 1897 Antoine investit le théâtre des Menus-Plaisirs, rebaptisé Théâtre-Antoine. Il rompt avec la mise en scène classique en refusant le jeu déclamatoire à l’avant-scène, les décors sur des toiles peintes; et opère une véritable reconstruction artistique du réel. Antoine s’accroche aux ” imperceptibles choses qui font le sens “. Certains qualifieront sa démarche de ” réalisme pointilliste “.
Si aucune oeuvre contemporaine du Théâtre-Libre ne lui a permis d’illustrer son art de metteur en scène, Antoine a en revanche fait connaître au public français les textes d’Ibsen ou de Strindberg. Au Théâtre Antoine, puis au Théâtre de l’Odéon qu’il dirige de 1906 à 1914, Antoine monte Shakespeare (Lear) et les classiques français (Tartuffe en 1907, son premier Molière) en s’attachant au réalisme historique et à la scénographie du XVIIème siècle. A l’Odéon il monte 364 pièces, une par semaine en moyenne! Il en réaménage la salle, donne une pente à l’orchestre, et un coup de peinture. Mais tout cela coûte très cher à l’Odéon, difficile à remplir depuis que la vie théâtrale s’est déplacée rive droite. En 1914 un gala organisé par les confrères d’Antoine le sauve de la faillite.
Après la première guerre mondiale, Antoine n’a plus que rarement l’occasion de refaire de la mise en scène. Il est confronté à la réaction antinaturaliste de Copeau et Jouvet.
Il s’essaye alors au cinéma et se consacre essentiellement à la critique dramatique.