Pour la Fête de la musique ce dimanche, Fleur Pellerin va dépenser un demi-million d’euros pour organiser quelques concerts dans son ministère, au Palais Royal. Est-ce bien raisonnable ?
La Fête de la musique en sera, dimanche 21 juin, à sa 34e édition. Le succès public est indéniable, mais posons-nous une question : ce qui, au début, était destiné à promouvoir les pratiques amateurs, ne devient-il pas une machine d’autopromotion des pouvoirs politiques, nationaux et locaux ?
Fête de la musique : quand les politiques en profitent
Les musiciens amateurs descendent dans la rue ou investissent des salles pour proposer des concerts gratuits, très bien. Le problème, suite au succès de l’initiative, est que chaque maire, chaque élu local, veut se faire de la publicité à l’occasion de cet événement. Il organise donc un concert gratuit, ce qui coûte cher et pèse sur les finances locales, mais lui permet de se mettre en avant. Voilà surtout ce qu’est devenu la Fête de la musique, une machine d’autopromotion du pouvoir politique.
Le cas du Ministère de la culture est emblématique : il a publié en début d’année un appel d’offre pour organiser quelques concerts au Palais Royal, où se trouve le bureau du ministre (qui ne travaille pas dans le bâtiment juste à côté regroupant tous les services, on ne se mélange pas au tout-venant). En fait il s’agit surtout d’assurer la répercussion médiatique de l’événement, comme le précise le texte, puisqu’il faut veiller à “la communication, la stratégie digitale et l’organisation des concerts sur la Place du Palais Royal”.
Un appel d’offre de 499 652 euros
Le résultat de cet appel d’offre, découpé en trois lots, totalise 499.652 euros. On est loin des “pratiques amateurs” sensées justifier l’événement, mais que ne faut-il pas faire pour que la ministre puisse passer la journée dans les médias à se gargariser du succès de la Fête de la musique.
A l’heure où il faut réaliser des économies budgétaires, au niveau national comme au niveau local, ce type de dépense apparaît totalement incongru, mais la volonté des politiques de briller sous les sunlights est sans doute trop forte…
Autrement, pour ceux qui ne pourraient ou ne voudrait assister à un concert, on conseillera la superbe programmation d’Arte avec notamment “La Belle Hélène” d’Offenbach en direct du Théâtre du Châtelet à 15h, avec une mise en scène désopilante utilisant de façon très novatrice et intelligente la vidéo, “La Traviata” de Verdi à 20h45, puis un concert des grandes musiques de film de John Williams à 23h05 (Star Wars mais aussi La liste de Schindler, Arrête-moi si tu peux, Les Dents de la mer, etc.).