Vidéo / The Rover

Par Pierre Malpouge

Vol à la tire ! La « tire », la « caisse », la bagnole, bref, la voiture, c’est celle d’Eric (Guy Perace), un vagabond (un « rover » en VO, d’où le titre), un taiseux plus avare en paroles qu’une motte de beurre salé, et dont on apprendra au cours de cette histoire qui s’étire en longueur comme le nez de Pinocchio qu’il a zigouillé et enterré sa femme et l’amant de celle-ci quelque part dans le bush australien.

Une voiture qui, dans une Australie « postapocalytique » où les habitants ne vivent désormais que par la loi des gros calibres, est son seul bien. Une voiture dont on découvrira, cette fois au final, que le coffre contient un mystérieux « colis ». Aussi, lorsqu’il se fait voler celle-ci par un gang de malfrats, un trio sans foi ni loi, en fuite, son sang ne fait qu’un tour.

Le visage plus fermé qu’une huître à marée basse, il se lance à leur poursuite, n’hésitant pas à faire passer de vie à trépas ceux qui entravent un tant soit peu sa progression.

Le hasard étant ce qu’il est, il récupère, sur une piste moins fréquentée que le GR 20 corse, un moribond blessé par balle au ventre : Rey (Robert Pattinson). Un membre du gang laissé pour mort sur le bord de la route. Un crétin, un benêt aux neurones liquéfiés et à l’activité cérébrale du niveau d’un Franck Ribery. C’est dire le boulet. Mais un boulet, une buse, qui est désormais son unique chance de retrouver ses voleurs. Reste que, comme disent les kangourous, c’est pas dans la poche !

Bûches et embûches dans le bush ! Road movie ou « western moderne », comme le présentent certains confrères ? Mmmoui. A vrai dire, on s’en fiche comme un pingouin d’un radiateur électrique tant on finit par s’ennuyer dans ce film poisseux comme un dessous-de-bras de cégétiste qui se néglige de David Michôd. Un film aux dialogues minimalistes, voire discount, aux motivations floues et qui, excepté trois ou quatre « gunfights », ne bouge pas plus qu’un sac de sciure et berce nos cœurs d’une langueur monotone. D’où un sérieux coup de boomerang et une poursuite pitoyable qui entraîne le désintérêt d’un public qui s’affaisse dans son fauteuil comme un cierge en fin de combustion, descend en marche et reste sur le bord de la route.

Lu sur Présent

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