Qui veut aller jouer à la guerre à l’IMA? (Vidéo)

Avec l’installation “Ennemi” présentée en avant-première mondiale à l’Institut du monde arabe, à partir du jeudi 18 mai jusqu’au 4 juin, rencontrez des combattants des conflits israélo-palestinien, de République Démocratique du Congo et du Salvador, en réalité virtuelle. Une expérience à couper le souffle.

L’installation, conçue par Karim Ben Khelifa, photo reporter de guerre belgo-tunisien, entame à Paris, où elle est visible jusqu’au 4 juin, une tournée internationale. Elle poursuivra sa route aux Etats-Unis, au Canada, en Israël, en Palestine, en Corée et en Belgique. “Ils sont face-à-face, vous êtes au milieu, votre présence va tout changer”, annonce l’affiche de “Ennemi”. Une bande-annonce a même été diffusée pour faire la promotion de l’installation, et un site a été lancé.

3 salles, 3 conflits

Équipé d’un casque de réalité virtuelle, d’un sac à dos-PC, le visiteur s’engage pour une expérience évolutive de 50 minutes dans un espace de 300 m2. “A la découverte de la réalité virtuelle en 2013 aux Etats-Unis, j’ai pensé : puis-je faire sortir les gens de mes photos et les mettre en présence dans la pièce?” raconte à l’AFP le photojournaliste qui a développé “cette idée un peu folle”. Le visiteur est soumis à une situation muséale, guidé dans trois salles virtuelles qui se matérialisent, selon sa propre implication. Chacune est dédiée à une zone de conflit : israélo-palestinien, République démocratique du Congo, Salvador. “De tous les conflits que connaît le monde aujourd’hui, ces trois-là semblent symboliser le mieux l’impossibilité pour chaque partie de s’identifier à l’autre”, estime le photo reporter quadragénaire, qui vit aux Etats-Unis.

“L’humanité demeure”

Sur les murs virtuels apparaissent des photos prises par Karim Ben Khelifa et une brève présentation de l’origine de chaque conflit concerné. Le dispositif intègre les dernières avancées de la recherche en neurosciences afin de personnaliser la visite et accroître l’interaction. Et lorsque les portraits photographiques de deux “ennemis”, placés en vis-à-vis, apparaissent, le visiteur est invité à s’en approcher davantage afin de déclencher l’entrée dans la salle du combattant en 3D offrant l’extraordinaire sensation de sa présence en chair et en os. Le combattant réagit aux mouvements du visiteur auquel il s’adresse, dans sa propre langue sous-titrée. Il répond aux six questions identiques que le reporter de guerre a posées à chacun des protagonistes.

 

Après des années passées à couvrir ces conflits, Karim Ben Khelifa a eu envie d’engager avec ces hommes en guerre qu’il rencontrait une “discussion sur cette notion d’ennemi”. Couvrant le conflit israélo-palestinien une énième fois, en 2009, il avait été saisi,  par “la sensation” que les combattants qu’il avait sous les yeux “étaient les enfants croisés dix ans auparavant”. “Ces pays vivent des conflits intergénérationnels où l’on naît d’emblée avec un ennemi”, explique Karim Ben Khelifa, “j’ai voulu savoir ce qu’il restait d’humanité pour ceux qui ont grandi, été élevés, formés pour s’entretuer”. Et malgré des décennies de guerre, force est de constater que “l’humanité demeure”, dit-il. Les six guerriers de l’exposition ont ainsi un rêve identique : “la paix pour leurs enfants”.

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