Par Isabel Orpy
Je tiens tout particulèrement à fêter mes voisins pour les remercier d’avoir deux fois, cette année, gravissimement ravagé mon plafond et mon faux plafond, laissant quatre jours de l’eau couler dans mon salon en jurant que cela ne pouvait provenir de chez eux, alors que se planquait un robinet plus que fuyant derrière leur cuisinière… Il me faut louer les mêmes pour me distraire dès les beaux jours, en m’offrant mieux que de la téléréalité: leur vie en direct, avec leurs menus, leurs hobbys, leurs discordes, les caprices de leurs enfants malappris… et surtout, pour les portes, toutes les portes, de celles de l’immeuble aux leurs, violemment claquées, à des heures disparates, qui animent régulièrement ma morne et trop paisible existence.
Je dois aussi célébrer ceux qui, après m’avoir fait subir les descentes à roller des escaliers (de bois) de leur fiston pendant cinq ans quand il fut devenu silencieux, m’ont offert sa petite soeur pour poursuivre l’animation de ce petit immeuble sinistrement bourge, en hurlant à tue-tête des tubes de sa composition en charabingliche. Cette charmante ado barbouillée qui invitait régulièrement toute sa classe de sauvageons polychromes à squatter le hall et les marches, bloquant la circulation de l’immeuble et répliquant avec la courtoise de leur époque lorsqu’on leur demandait d’aller jouer ailleurs. Heureusement, deux costauds de ma garde rapprochée ont su user d’un vocabulaire adapté, comprenant moins de quatre cents mots, donc plus accessible que le mien, les convaincant ainsi de se divertir en d’autres lieux.
Enfin, il me faut rendre hommage à mes quatre principaux voisins de bureau. Deux sont d’insatiables miauleurs velus qui réclament régulièrement, haut et fort, à bouffer et quand je ne réponds pas assez vite à leurs revendications, se couchent sur mon clavier, tentent de m’arracher mon feutre de la main, referment d’un coup de papatte mon bouquin où me léchouillent le poignet droit. Sans parler de leur balades sur les bureaux, en transitant par les imprimantes, sur lesquels, ils sèment les longs poils qu’ils ne se laissent que très difficilement brosser…
Les deux autres, qui gribouillent aussi sur ce site, sont les rois du boucan! Celui qui mesure 192 cm m’interrompt régulièrement quand je lis ou j’écris parce qu’il a fait la trouvaille du moment et il trouve souvent… quant à l’archéologue de service, il me fait profiter généreusement du son des nombreuse vidéos qu’il visionne, certes parfois pour vous, refusant de s’équiper du casque très confortable, offert par une demoiselle lui servant de fille et qui eut pitié de moi… probablement, car ce n’est pas seyant ou n’est pas assorti à son crâne déplumé. Il est vrai qu’un casque c’est plus pratique avec un chignon et puis je n’ai qu’à me faire deux tresses au lieu de grogner.
C’est ainsi qu’étant chaque jour à la fête grâce tout ce petit monde, aujourd’hui, je ferai exception et je la fêterai en fuyant tous ces voisins pour d’autres ailleurs désertiques et désertés!