Expo de cape et d’épée aux Invalides
Par Thomas Morales
« Visage long et brun ; la pommette des joues saillante, signe d’astuce ; les muscles maxillaires énormément développés, indice infaillible auquel on reconnaît le Gascon… ». C’est sous ce portrait écrit que les lecteurs du Sièclefirent connaissance avec le jeune d’Artagnan, le jeudi 14 mars 1844. Le journal accueillait, en première page, le nouveau roman historique d’Alexandre Dumas,Les Trois Mousquetaires, qui se déclinerait bientôt en feuilleton à succès. Et depuis 170 ans, les garçons du monde entier portent le fer dans les cours de récréation ou sur les terrains vagues. Ils ne sont pas seulement animés par l’envie de combattre, de briller en duel, ces enfants ont compris l’esprit des Mousquetaires. Noblesse de cœur, courage physique, amour de la chair, appétit pour les plaisirs de la table, ces fiers gascons qui portent la casaque bleue ornée de croix fleurdelisées sont un bel exemple pour notre Nation. Ils galvanisent notre imaginaire. Ils expriment un idéal qui, en ces temps de bassesse, enorgueillit. Ils redonnent foi en des valeurs chaque jour conspuées par une élite qui a perdu le sens des responsabilités. Dans une société cadenassée et dépourvue d’espoir, ces honnêtes hommes insufflent un vent de liberté, d’aventures surtout. Et si la vie de 2014 pouvait ressembler à cette cavalcade du XVIIème siècle.
Le génie littéraire de Dumas repose sur cette soif de rebondissements et de grandeur d’âme. Nos falots hommes politiques ne remplaceront jamais un M. de Tréville. « C’était une de ces rares organisations, à l’intelligence obéissante comme celle du dogue, à la valeur aveugle, à l’œil rapide, à la main prompte, à qui l’œil n’avait été donné que pour voir si le roi était mécontent de quelqu’un et la main que pour frapper ce déplaisant quelqu’un ». Au temps des girouettes, cette fidélité au souverain impose le respect. Car ne nous y trompons pas, les intrigues à l’Elysée ou à la Cour de France n’ont pas changé de nature. Le Musée de l’Armée célèbre jusqu’au 14 juillet cette aspiration à se surpasser et à explorer cette période trouble. L’exposition Mousquetaires ! met en parallèle le roman de cape et d’épée et la véritable histoire de ces soldats nés sous Louis XIII. Entre fiction et chronologie scrupuleuse, l’exposition montre très habilement les libertés prises par Dumas mais également son ancrage dans la réalité de l’époque. Ce double-jeu, à la fois ludique et instructif, bien aidé par une collection d’objets rares (tableaux, armures, pistolets, arquebuses, vêtements, etc…) ou d’animations (extraits de films, simulations de duels, etc…) fait de cette exposition une sortie à ne pas manquer. Les vacances de Pâques démarrent bientôt alors courez aux Invalides avec vos enfants. Les cartouches explicatifs dédiés au « jeune public » sont remarquablement réalisés. On comprend tout ! Didactique et divertissante. Cette enquête chez les vrais Mousquetaires et ceux de papier nous apprend que ces soldats sont «armés du mousquet, arme lourde que l’on ne peut utiliser qu’à pied, mais restent des cavaliers qui se déplacent à cheval ». Ces Mousquetaires ont reçu une formation militaire mais demeurent des gentilshommes, ils ont appris à danser et connaissent la littérature ou les mathématiques.
Si vous n’avez jamais vu un mousquet de votre vie et si vous ne savez pas à quoi ressemblent ces fameux ferrets, l’exposition vous en donnera la réponse. Les amateurs de littérature et d’histoire sauront comment et à partir de quels éléments, Dumas a créé Milady de Winter et d’Artagnan qui mourut à Maastricht, ça ne s’invente pas. Cette noblesse combattante avait belle allure, elle n’a pas fini de propager chez les petits et les grands le panache à la pointe de l’épée.
Exposition jusqu’au 14 juillet 2014 – Hôtel des Invalides – Paris 7ème – Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h – Nocturne le mardi jusqu’à 21 h.