Président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou, membre fondateur de l’Institut Iliade, a été chargé par ses pairs de conclure le colloque « Face à l’assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne », qui s’est tenu à Paris le 9 avril 2016. Cette manifestation fut une grande réussite, réunissant plus de 1000 participants à la Maison de la Chimie. Ce succès, s’il en était besoin, prouve que sont encore nombreux, venant de la France entière et de l’étranger, ceux qui croient à l’avenir de la France, capable de surmonter une période difficile comme elle en a connu un certain nombre au cours des siècles.
Deux paradoxes
L’Union européenne a fait beaucoup de mal à l’Europe. Enferrée dans un projet mondialiste d’inspiration américaine, l’Union européenne a dénaturé l’idée d’Europe. D’autant que la Novlangue des médias et des partis utilise systématiquement le mot Europe pour désigner l’Union européenne : la peste soit de ce mensonge orwellien !
Et pourtant l’idée d’Europe est revenue au premier plan, avec le chaos migratoire qui a fait reprendre conscience aux peuples européens de leur héritage commun. Ce sont les plus nationalistes qui ont été en pointe : à l’est, les gouvernements hongrois, tchèque, slovaque ou polonais ont compris qu’en défendant leur identité nationale contre l’invasion, c’est l’identité européenne qu’ils protégeaient aussi. A l’ouest, des mouvements comme PEGIDA en Allemagne, l’English Defense League en Angleterre, Riposte laïque ou le SIEL en France ont discerné que leur combat dépassait le cadre étroit des frontières nationales. Comme si la prophétie de Nietzsche – « l’Europe se fera au bord du tombeau » – était en train de se réaliser.
Le problème de l’immigration est un problème européen car il touche tous les pays européens quels que soient leur modèle politique et les solutions qu’ils ont envisagées pour le traiter.
Le modèle assimilationniste français est en faillite. L’intégration républicaine est une illusion : les Mérah, Kouachi ou Coulibaly ont bien obtenu administrativement la nationalité française. Mais ils n’étaient français ni par les origines, ni par la culture, ni par les sentiments. En Scandinavie, en Grande-Bretagne et en Belgique, le modèle multiculturaliste est lui aussi un échec. Les quartiers communautaires se referment sur eux-mêmes.
Les Européens dépossédés de leurs traditions, de leur civilisation
Dans les faits, les politiques publiques exigent de moins en moins des immigrés et de plus en plus de la société et du peuple d’accueil – un peuple à qui on demande d’adapter ses règles aux nouveaux venus : changement des programmes scolaires, horaires de piscine et voitures de chemin de fer réservés aux femmes, limitation de la liberté d’expression, interdits alimentaires, changement de nom des fêtes. Et j’en passe ! Tout conduit à modifier nos règles séculaires pour tenter de complaire à des immigrés de plus en plus nombreux et de plus en plus exigeants. Ces accommodements permanents de nos règles – au nom du « vivre-ensemble » – ne sont pas raisonnables mais déraisonnables. Ce n’est qu’une forme de soumission qui s’explique par la trahison de nos peuples et de notre civilisation par les oligarchies dominantes.
Ce qu’il faut entreprendre va à l’inverse de cela. Ce qu’il faut faire, c’est affirmer les traditions et les valeurs de notre civilisation. C’est instaurer une véritable préférence de civilisation.
Il ne s’agit pas d’affirmer dans l’absolu la supériorité de notre civilisation sur les autres mais de refuser toute forme de repentance et de rappeler que notre identité ne vient pas de nulle part mais a pour origine notre hérédité et notre héritage européens. Il s’agit aussi d’affirmer notre volonté de respecter notre civilisation, d’en reprendre et d’en enrichir les traditions et de les transmettre à nos descendants. Bref, de refuser la table rase et le Grand Remplacement génocidaire.
La préférence de civilisation, c’est ne pas tout mettre sur le même plan, c’est préférer ce qui vient des nôtres et non des autres.
La préférence de civilisation, c’est d’abord un récit. A côté du récit national, nous avons besoin d’un récit européen. Un récit structuré par le conflit entre l’Orient et l’Occident puis entre l’islam et le monde européen et chrétien. Nous sommes du côté de Léonidas aux Thermopyles, de Scipion à Cannes, d’Octave Auguste à Actium, du roi Pelage à Covadonga, de Charles Martel à Poitiers, de Godefroy de Bouillon à Jérusalem, des rois catholiques à Grenade, de Don Juan d’Autriche à Lépante, de Jean Sobieski à Vienne. Nous sommes du côté des bâtisseurs des cercles mégalithiques, des temples grecs, des oppida celtes, des églises romanes, des cathédrales gothiques, des palais Renaissance, des châteaux classiques, des édifices Art nouveau.
L’art européen, art de la représentation
Nous savons que l’art européen est un art de la représentation et de l’incarnation à travers la sculpture, la peinture et les arts décoratifs. Et c’est cela que nous devons poursuivre malgré les interdits iconoclastes ! Nous savons aussi que la musique polyphonique, l’orchestre symphonique et l’opéra sont des expressions inégalées du grand art. Tout ne se vaut pas. Toute politique culturelle digne de ce nom doit être ordonnée autour des riches traditions du patrimoine européen qui reste la source la plus féconde de notre imaginaire.
Nulle équivalence non plus entre civilisations quant à l’affirmation et au respect des vertus propres à la féminité. D’un côté, le rôle reconnu des femmes à Athènes et Rome, comme chez les Germains et les Celtes, puis leur place éminente dans l’univers chrétien. Sans oublier l’amour courtois qui irrigue le Moyen Age et les siècles qui suivent. De l’autre, la charia, selon laquelle, en droit, un homme vaut deux femmes, la polygamie et le voile islamique. Gardons-nous de laisser ce marqueur ethnoculturel se répandre car sa signification est brutale comme les Allemands l’ont découvert dans la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne : « Nos femmes (voilées) sont protégées, vos femmes (libres) sont à prendre. » Affirmer la préférence de civilisation, c’est aussi refuser ce rapt.
Les Européens ont leur religion, les musulmans la leur
N’en déplaise aux républicains laïcs et aux curés de l’œcuménisme, il n’est pas juste non plus de placer toutes les religions sur le même plan. L’islam est une religion étrangère. Le christianisme est une part de l’histoire de l’Europe depuis plus de quinze siècles. Sans oublier que le christianisme a repris une partie de l’héritage et de la géographie sacrée des anciennes religions européennes. Il est d’ailleurs faux de parler des « trois monothéismes ». Cette formule n’est rien d’autre qu’une construction intellectuelle consistant notamment à mettre sur le même plan le monothéisme absolu de l’islam, religion de soumission, avec le christianisme, religion trinitaire, respectant la liberté de l’homme et le libre-arbitre. Sans oublier, dans le catholicisme, le rôle éminent de la Vierge Marie. Ni celui des saints et des saintes, y compris des saintes guerrières comme Jeanne d’Arc ou Geneviève, réincarnations d’Athéna. Dans ces conditions, nulle égalité possible dans l’espace public et le calendrier festif entre l’islam et le christianisme : Noël, Pâques et le 15 Août, inscrits dans notre longue mémoire, doivent continuer à rythmer nos vies.
Nulle égalité, non plus, entre une civilisation fondée sur le libre-arbitre et la liberté d’expression et une religion dont le maître mot est soumission.
Nous n’avons pas davantage à accepter les interdits alimentaires venus d’ailleurs. Or les pratiques de l’industrie agroalimentaire et les lâchetés de la restauration collective font disparaître progressivement le cochon des assiettes et imposent la généralisation de l’abattage halal. En France il y a environ 10% de Mahométans mais 50% à 60% des animaux de boucherie sont tués, contrairement à nos règles, sans étourdissement préalable. C’est l’inverse de la préférence européenne ; c’est la préférence pour la sauvagerie étrangère.
Une civilisation, ce sont aussi des règles de courtoisie et de politesse : dans l’univers européen, dans les rues ou dans les transports publics, un homme s’efface devant une femme, un homme jeune devant un homme plus âgé. Des règles à rappeler et faire appliquer aux sauvageons.
Quelques axes à suivre
Voilà quelques grands axes à suivre pour mettre en œuvre le principe de la préférence de civilisation.
La préférence nationale était nécessaire il y a trente ans, la préférence de civilisation est une exigence absolue aujourd’hui.
Reste à savoir comment et par quelles formes d’action.
J’en distinguerai trois : l’action politique classique, la dissidence individuelle, la résistance communautaire.
L’action politique classique
La préférence de civilisation, c’est un projet politique qui devrait irriguer toutes les actions publiques, à l’échelon de l’Etat comme des collectivités territoriales.
La préférence de civilisation pourrait aussi – comme c’est le cas dans certaines villes du sud de la France – inspirer les politiques locales : remise en valeur des fêtes votives, crèches de Noël et chasse aux œufs, refus des architectures étrangères avec coupoles et minarets. De même, la préférence de civilisation pourrait utilement inspirer les achats et les actions des médiathèques. Evitons aussi de sacrifier les contes des provinces de France et des pays d’Europe au profit des historiettes africaines.
La dissidence individuelle
La préférence de civilisation, c’est aussi une dissidence quotidienne : refuser de se laisser imposer des mœurs et des coutumes étrangères ; être vigilant à l’école de ses enfants et ne pas y tolérer l’insupportable ; surveiller les étiquettes dans les supermarchés ; bannir les produits conformes aux interdits alimentaires venus d’ailleurs ; se porter vers les mets traditionnels français ou européens ; pour les vêtements comme pour l’ameublement, choisir les motifs et les décors inscrits dans notre héritage tout en le renouvelant ; refuser aussi que les « musiques du monde », des flûtes indiennes aux rythmes syncopés des tam-tams, imposent leur dictature sur notre imaginaire. Bref, échapper à la tyrannie marchande de publicitaires déracinés. Et se souvenir qu’une civilisation, c’est une manière de percevoir le monde par l’œil, l’oreille et les papilles.
La résistance communautaire
La préférence de civilisation, c’est enfin la communautarisation des nôtres – ou, plutôt, le retour à la vie communautaire. Regardons les choses en face. Pour la première fois dans l’histoire, des peuples et des civilisations étrangères ont pris pied au nord de l’Europe. L’Europe est en voie d’islamisation et d’africanisation au moins dans certains de ses quartiers. Par peur d’avoir à faire face à la réalité et au qu’en dira-t-on médiatique, la classe politique, tous partis confondus, multiplie les moulinets contre la communautarisation. C’est dérisoire ! De même qu’il y a des pommes sous les pommiers, les Africains africanisent et les Mahométans islamisent. Le Grand Remplacement civilisationnel suit le Grand Remplacement démographique. Il est donc vain de se lamenter sur la communautarisation des autres.
La vraie question est celle de la communautarisation des nôtres. Ce qui importe c’est qu’à travers des écoles, des mouvements de jeunesse, des associations, des groupements dans des villages, des sanctuaires, la communautarisation progresse.
Réfléchissons à ce que nous devons à nos ancêtres. Retrouver et transmettre l’esprit du clan. Transmettre la vie et la culture à travers des familles qui durent. Transmettre auprès des générations qui viennent notre longue mémoire. Transmettre les traditions des arts, des métiers et des sports enracinés et non hors sol.
Soyons pour tout cela guidés par la philia : cultivons l’amitié entre peuples européens proches par-delà les médiocres oppositions monétaires, budgétaires ou économiques ; entretenons aussi l’amitié entre camarades engagés dans des formes de combat différentes mais convergentes.
Rester nous-mêmes est le préalable à toute reconquête !
C’est à chacun d’entre vous d’être le gardien de notre civilisation. Ne restez pas les bras croisés. Ne soyez pas des consommateurs passifs ni des râleurs stériles, soyez des combattants !
Jean-Yves Le Gallou – Polémia