Quand The Sun compare les immigrants à des cafards!

A quelques semaines des élections législatives, le débat public dérape au Royaume-Uni. La polémique enfle après la publication par le tabloïd The Sun d’une chronique de Katie Hopkins sur l’immigration qui dépasse bon nombre de limites. Katie Hopkins est une journaliste anglaise, activiste de droite connue pour ses textes et plus encore ses apparitions à la télévision anglaise où elle s’est fait une spécialité de propos provocateurs et choquants.
Mais son article publié vendredi 17 avril par The Sun et titré «Rescue boats? I’d use gunships to stop migrants» (Bateaux de secours? J’utiliserais des navires de combat pour stopper les immigrants) atteint des sommets dans l’outrance.
Katie Hopkins décrit les immigrants clandestins qui tentent à Calais de monter dans des camions pour se rendre en Grande-Bretagne «d’épidémie de sauvages»…«Ne vous trompez pas, ces immigrants sont comme des cafards. Ils peuvent ressembler un peu à l’Ethiopie de Bob Geldof en 1984, mais ils sont construits pour survivre à une bombe nucléaire. Ce sont des survivants… J’en ai rien à faire. Montrez moi les images de berceaux, montrez moi les corps flottants dans l’eau, jouez du violon et montrez des personnes émaciées et tristes. J’en ai rien à faire».
Elle ajoute: «certaines de nos villes sont des plaies purulentes couvertes de nuées d’immigrés et de demandeurs d’asile recevant des allocations comme des billets de Monopoly».
La virulence du texte et les images utilisées qui ne sont pas sans rappeler celles de la propagande nazie ou de la propagande Hutu avant le génocide des Tutsis ont suscité des réactions outragées sur les réseaux sociaux et dans les médias. Même le tabloïd Mirror s’en ait fait l’écho.
Le quotidien The Independent s’étonne lui ouvertement qu’un journal comme le Sun qui a 2 millions de lecteurs puisse publier une telle chronique. «Quand les extrémistes Hutus ont utilisé la radio pour inciter à la violence contre les Tutsis pendant le génocide au Rwanda, ils ont appelé la population à «éliminer les cafards»… Les cafards de Hopkins comprennent des familles tentant de fuir des zones de guerre et ce n’est pas une remise en cause de la liberté d’expression que de s’interroger sur la publication d’expressions qui ressemblent à celles de la propagande fasciste déshumanisante… Et ce n’est pas une question de politiquement correct, mais de décence».

Source Slate (Le Monde)

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