L’inoubliable Dôchagne des « Mouchoirs rouges de Cholet » a eu une descendance. Parmi elle, une figure se détache : Tête-de-Loup, homme des bois qui n’est bien que dans sa forêt dont il connait chaque taillis. Il a épousé une femme étrange, sauvage, venue on ne sait d’où, mais après les terribles massacres de l’épopée vendéenne, beaucoup de rescapés erraient ainsi après avoir tout perdu. Le village l’appelle la louve.

Ils s’aiment, se nourrissent de braconnage et construisent leur maison pierre à pierre. Nous sommes en 1832 et les vieux chouans, incrédules, ont appris qu’à Paris on avait chassé le roi. Le nouveau ne l’est pas vraiment : on a tant souffert pour ça ?

La Duchesse de Berry, mère de « l’enfant du miracle », croit en son destin et en celui de son fils qui sera roi jure-t-elle. Alors commence sa folle aventure dans cette Vendée fidèle mais épuisée : « Très petite, menue, avec un visage allongé et des grands yeux de biche, une jolie bouche gourmande et des cheveux bouclés qui lui tombaient en vagues sur les épaules, on eût dit une figurine de porcelaine de Saxe. Mais cette poupée de salon montrait une énergie de fer. »

Tête-de-Loup en sera, la louve aussi et ils deviendront le symbole de cette cinquième guerre de Vendée. Ils se lieront avec le vieux curé Barentin qui célèbre sa messe devant un dolmen, ils croiseront Alexandre Dumas, tout en verve, et feront le coup de feu avec les derniers « Messieurs » prêts à mourir pour la belle duchesse et son petit dauphin. Des tisserands sont là aussi, et les paysans découvrent un nouveau monde, celui des ouvriers.

Michel Ragon n’a rien perdu de son style et de son sens du récit. Le lecteur des Mouchoirs rouges de Cholet passera encore de beaux moments avec la louve de Mervent.