Jean Mayol de Lupé, le Monseigneur de la LVF et de la division Charlemagne!

Dans un aimable tweet dont il a le secret, Henry de Lesquen a récemment  qualifié de Mayol de Lupé  Guillaume de Thieulloy, notre chef bien aimé (car il dit oui à presque  tout), l’on s’est dit que ça ne devait pas être sympa. En effet, Mgr Jean de Mayol, comte de Lupé, (1873-1955) fut un prêtre catholique français, prélat de Sa Sainteté, et aumônier général de la LVF puis de la Division Charlemagne… N’étant pas très connue, nous avons souhaité partager avec vous sa biographie, laquelle n’est pas la plus méchante que l’on trouve sur le web.(NDLR)

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Dieu et la patrie
Jean de Mayol de Lupé est issu d’une famille aristocrate de tradition monarchiste ; il est le septième enfant du comte Henri de Mayol de Lupé [1] et d’Elisabeth de Caracciolo Girifalco, issue de la noblesse napolitaine. Clin d’œil du destin, il vint au monde, à Paris, le 21 janvier 1873, 80 ans jour pour jour après la décapitation de Louis XVI. Toute sa vie, il a voué une haine farouche aux symboles de la République : le drapeau tricolore et la Marseillaise. L’enfant fait ses études en internat dans le Poitou à l’abbaye des Bénédictins. Suivant en cela une tradition familiale tenace, il est ordonné prêtre le 10 juin 1900 et devient chevalier ecclésiastique d’un ordre autant militaire que religieux : l’Ordre de Saint Georges Constantinien.

Un tempérament de moine-soldat
Lorsque la Grande Guerre éclate, il part se battre à 41 ans comme aumônier militaire au sein de la 1ère division de cavalerie. Fait prisonnier dès le mois de septembre 1914, il reste en captivité pendant deux années avant de bénéficier d’une mesure de clémence de la part des Allemands. Revenu en France en 1916, il reprend sa place d’aumônier au front au tout début de l’année 1917.
Il se distingue par son franc-parler et son humanité. Il risque sa vie de nombreuses fois pour apporter l’absolution aux mourants. René Bail cite le témoignage d’un soldat qui l’a connu alors: « En tant qu’homme, il en imposait, comme prêtre, il était respecté, mais aussi très aimé, adoré même de la troupe (…) Il visitait tous les régiments, par tous les temps… Par – 30°, il partait à cheval et revenait quelquefois complètement frigorifié. Il fallait l’aider à descendre de sa monture… »
Il sert en Champagne, à Verdun et dans la Somme où il est gravement blessé en 1918. Il finit la guerre en convalescence dans un hôpital militaire de Rouen. Au total il est cité à trois reprises à l’Ordre de l’armée et se voit remettre seize décorations aussi bien françaises (dont la Croix de guerre et la Médaille des évadés) qu’étrangères. Au yeux de tous, c’est un véritable héros.

Entre les deux guerres
Au sortir de la guerre, il décide de rester dans l’armée. Aventurier dans l’âme, Lupé demande à être affecté à la “coloniale”. C’est ainsi qu’il rejoint l’armée d’Orient. Il est affecté en Bessarabie où il côtoie, console et secourt les syphilitiques et autres laissés-pour-compte… Il gagne la Syrie en 1921 où il se distingue encore : il est fait Chevalier de la Légion d’honneur. De la Syrie, il rejoint le Maroc et l’Algérie.
Mis à la « retraite » militaire en 1927 avec le grade de capitaine, il n’en reste pas moins très actif de retour à la vie civile. Il édite un Bulletin de St Mayol (de 1927 à 1936). Homme d’Église, aristocrate, héros de la Grande Guerre, lettré et cultivé, il est contacté par le Ministère de l’Éducation Nationale pour organiser diverses missions culturelles. C’est dans ce cadre qu’il rencontre aussi bien l’ambassadeur de France en Allemagne, Monsieur Poncet, que le maréchal Louis Lyautey ou le président Caillaux. Il devient prélat romain, auprès de Sa Sainteté Pie XII dont il est l’ami, et précepteur des enfants de la famille royale italienne ; c’est pourquoi il est autorisé par la Curie romaine à porter le titre de Monseigneur. Il est également aumônier de la Maison de Bourbon. Ces hautes charges ne l’empêchent pas de prendre part à l’émeute du 6 février 1934 place de la Concorde, afin de soigner les blessés et de confesser les mourants.

Au gré de ses voyages et des réceptions auxquelles il assiste, il fait la connaissance de plusieurs nationaux-socialistes influents. S’il ne semble pas partager totalement leurs idées politiques, il en est malgré tout qui le séduisent. En 1938, Lupé est convié par les autorités du IIIe Reich au Parteitag (congrès du parti). C’est dans le cadre de cette manifestation qu’il se lie d’amitié avec Otto Abetz, futur ambassadeur des forces d’occupation allemandes auprès de Vichy ainsi qu’avec le professeur Westrick.

Toujours en 1938, Mayol de Lupé, considéré comme étant un “élément sûr”, est contacté par le service de renseignement militaire français afin de mener une mission en Italie : Monseigneur de Lupé doit évaluer l’attitude de Benito Mussolini en cas de guerre franco-allemande. Le rapport détaillé fourni par l’ecclésiastique au 2ème Bureau est formel : en cas de conflit, le Duce rejoindra son allié allemand et se retournera contre la France. Selon René Bail, il usa de son influence pour faire libérer, via Poncet, le professeur Othmar Spann et son fils, emprisonnés après l’Anschluss. Mieux encore, il serait intervenu auprès de Francisco Franco en Espagne, pour faire gracier Ajuriagerra, un Basque autonomiste que le Caudillo avait fait condamner à mort.

Il donne ensuite des cours comme professeur à l’École des Hautes Études (Sorbonne). L’expérience de la guerre n’a fait que renforcer sa vocation apostolique : en témoigne La paix, le legs d’Israel, article écrit en collaboration avec André Pinaud, pour lequel il reçoit les félicitations du rabbin L.G. Lévy.

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L‘aventure de la LVF

En septembre 1939, à cause de son grand âge (66 ans), il n’est pas considéré apte à aller au front et continue ses cours. Mayol de Lupé reste donc à Paris où il se met à la disposition de la défense passive en tant que brancardier. Après la drôle de guerre, les mois de mai et juin 1940 marquent l’effondrement de la France. Lupé quitte Paris lorsque la capitale est déclarée ville ouverte. L’armistice entraîne l’occupation d’une partie du pays par la Wehrmacht et l’instauration de l’État Français dirigé par le maréchal Pétain. De retour à Paris en septembre 1940, Monseigneur de Lupé est conduit à revoir Otto Abetz pour négocier la libération de certaines de ses connaissances.

En juin 1941, lorsque Berlin passe à l’attaque à l’Est, Vichy autorise le 11 juillet 1941 la constitution d’un corps de volontaires français contre le bolchevisme. C’est la LVF. Abetz accepte de libérer à nouveau quelques amis de Mayol de Lupé à la condition sine qua non que ce dernier serve en qualité d’aumônier dans la LVF. Lupé hésite et prend conseil auprès des cardinaux Sibilia et Suhard [2] et ce afin de ne pas priver les jeunes recrues de toute aide spirituelle. Les deux hommes encouragent Monseigneur de Lupé à accepter le marché allemand.

Cela étant, la lutte contre le bolchevisme entrait pleinement dans les opinions idéologiques de ce “moine-soldat” royaliste [3] en lutte contre l’athéisme. Lupé répond par l’affirmative à Westrick qui est ami d’Otto Abetz, et devient l’aumônier de la LVF, au départ pour une mission courte. Il se rend en Pologne où sont cantonnés les volontaires. Il participe le 30 août à la cérémonie du serment au cours de laquelle il bénit le drapeau de la LVF et prononce une homélie : « Dieu protègera les défenseurs de la civilisation chrétienne ». Mayol de Lupé, sa mission accomplie, revient à Paris, un peu à contre-cœur maintenant. L’appel de la troupe l’a happé. Jean Mabire évoque ainsi son intransigeance fanatique quand il s’agit du Christ, mâtinée de générosité et de bonhommie pour ses “ouailles” : « Miséricordieux quand il s’agit de juger le chrétien, Mayol de Lupé se fait incroyablement dur lorsqu’il croit défendre le christianisme, en affûtant son fer de lance : la LVF protectrice de l’Occident contre le Bolchevisme ! Il a tout ramené aux grandes simplifications médiévales, comme Hitler dont il dit : “En dépit de toute apparence, c’est le dernier défenseur des Croyants !” ».

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Couverture du n°20 du Signal d’octobre 1943

Réunion du vel’ d’hiv’ en avril 1944
Le 30 octobre 1941, la LVF part au front et subit un déluge de feu. Puis, courant 42, elle se consacre à la lutte contre les partisans. Dans les plaines de Russie en 1943, malgré ses 70 ans, Mayol de Lupé montre une endurance étonnante : « À tout moment on le rencontre à cheval, exposant aux ardeurs de l’été son torse nu de vieil athlète, une grande croix de cuivre à son ceinturon, un parabellum enfoncé dans la botte, et distribuant à ses “fils” de généreuses bénédictions » [4]. Le rôle de Lupé en Russie a un fort impact aussi sur les populations puisqu’il baptise des enfants par dizaines dans chaque village et célèbre les messes pour les populations locales. Sa notoriété lui vaudra, quand il est décoré de la Croix de fer de deuxième classe en 1943, de faire la couverture d’une édition du journal de propagande Signal avec cette légende : « De la légion d’honneur à la croix de fer ».
En avril 1944, il participe à la « grand-messe » de la LVF au vélodrome d’hiver où il enthousiasme l’auditoire (à la suite de Jacques Doriot et du général Edgard Puaud, nouveau commandant de l’unité) ; parlant des volontaires français en URSS, il déclare : « C’est un beau mystère, une chanson de geste, qu’écrivent nos gars à la pointe de leur baïonnette. Je le répète : si tous ne sont pas de petits saints, il y a chez tous de la gloire et de l’héroïsme ». Mais la « grande armée » germano-européenne qui devait marcher sur les traces de Napoléon a face à elle près de 196 divisons russes dont 46 blindées, prêtes à l’attaque. Sur le front, Mayol de Lupé déclare : « Pour la première fois, nos soldats se trouvent seuls ou presque seuls en face de l’armée rouge. C’est un titre de gloire qui se transmettra jusqu’à la septième génération, si le christianisme survit à cet assaut… » Malgré 36 heures d’une farouche résistance, les lignes sont enfoncées. Toutes les forces allemandes et supplétives entament leur longue marche à rebours, digne de la Bérézina. La LVF a vécu.

Croisade contre le bolchevisme
Durant l’été 1944, il appuie le Général Edgard Puaud pour fondre tous les Français volontaires contre le bolchevisme dans une seule unité intégrée à la Waffen SS: la Division Charlemagne. Cette dernière naît au camp de Wildflecken, en septembre 1944. Le major Lupé devient Sturmbannführer SS. Lors de la cérémonie de prestation de serment, Mayol célèbre la messe et dédie son homélie à « Notre très saint père le Pape et notre Führer Adolf Hitler ». Trois unités composent le gros de la troupe (sous l’autorité de Puaud, lui-même sous celle de Krukenberg) : les survivants de la LVF, les Miliciens rapatriés de France et ce qui reste de la Brigade Frankreich.
En raison de la disparité des éléments [5], Mayol, tant bien que mal, fait taire les scrupules des uns et des autres. « Notre Saint Père le Pape et notre vénéré Führer savent que je suis ici, prêt à servir dans la Waffen SS, et ni l’un ni l’autre ne m’a demandé à ce que j’abandonne mon ministère (…). Athée, disiez-vous ? Alors sachez que les instructeurs allemands sont tenus de respecter les coutumes nationales et religieuses des volontaires musulmans de Bosnie, incorporés à la division SS “Handschar”. (…) Au point où nous en sommes aujourd’hui, il n’y a pas de choix: ou pactiser avec le marxisme ou se ranger résolument aux côtés de ceux qui le combattent farouchement. Tout le reste n’est que billevesées… » Et quand ce n’est pas suffisant, selon Mabire, Mayol n’hésite pas à montrer son ire : « Si vous voulez faire les fortes têtes, je supprime les messes, les confessions et les communions. »
À Noël 1944, Mayol célèbre l’office de la Nativité devant plusieurs milliers d’hommes de la division. C’est sa dernière messe sur le front. Il parle une dernière fois de la « Croisade » pour l’Occident et les bénit. Tombé fortement malade lors de cet hiver, il ne les suivra pas dans leur baroud d’honneur en Poméranie (700 survivants à peine sur 7.000 combattants). Il reste en Allemagne et s’installe à Munich.

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Il y est arrêté en 1946 par les Américains à la demande des autorités françaises. Remis aux gendarmes, il rentre en France pour être enfermé dans de rudes conditions à la prison de Fresnes où il côtoie quelques-uns de ses anciens camarades de la LVF ou de la Charlemagne. C’est un homme brisé et malade qui se présente devant le tribunal. Il est accusé entre autres de collaboration notoire et de port de décorations ennemies. Son crime ? Avoir porté, même comme aumônier, un uniforme “ennemi”, nonobstant le fait que le gouvernement français avait signé un armistice en 1940 avec l’Allemagne pouvant difficilement après cela être encore considérée comme “ennemi”. Le commissaire de gouvernement Coyssac réclame le bagne à perpétuité. Après la plaidoirie de Me Véron, il est condamné le 13 mai 1947 à 15 années de réclusion, à la dégradation nationale, à la confiscation de ses biens et il est radié de la Légion d’honneur. Par contre, il n’a aucune sanction de la part de l’Église. Interné au camp de la Châtaigneraie, à la Celle-Saint-Cloud, il se consacre à une étude sur l’ordre bénédictin. En 1950, il reçoit même la bénédiction de Pie XII pour son jubilé sacerdotal. C’est dans sa cellule que son petit-neveu, qui avait été déporté à Rawa-Ruska, vient dire sa première messe le 24 décembre. En 1951, du fait de son état aggravé de santé à 78 ans, il bénéficie d’une mesure de grâce et est remis en liberté conditionnelle. Il parvient à récupérer son appartement parisien, avenue Émile Accolas, où il s’éteint le 28 juin 1955.

Conformément à ses dernières volontés, sa dépouille fut inhumée dans le Pilat, à Lupé, son « cher village » (expression figurant dans son testament), en présence d’amis, de relations et de sa famille. Son cercueil fut porté par six des paysans en faveur desquels il avait écrit à Hitler [6]. La tombe de Lupé est aujourd’hui encore fleurie par de jeunes catholiques animés de piété patriotique.
Notes

↑ Son père, Henri (1841-1916), légitimiste, fidèle partisan du comte de Chambord, refusa de prêter serment à Napoléon III, renonçant ainsi de fait à une carrière militaire en France. Qu’à cela ne tienne, il alla combattre en Italie, d’abord au service de François II, roi de Naples, puis au service du Pape. Il fut aussi un hardi écrivain d’idées et un polémiste. Dans un recueil rassemblé sous le titre d’Au service de l’État sont exaltées ses théories sur le rôle politique de l’Église dans le pays, sur le clergé et sur le problème de l’éducation. Il critique aussi la partitocratie comme destructrice d’un État. Il estime par ailleurs nécessaire la formation d’un bloc économique européen, une union douanière des pays appartenant à ce continent et l’établissement d’une monnaie commune pour toutes les nations comprises dans cette union.

↑ Selon P. Masson (« La LVF nach Moscou », in Historia H.S. n°40.), le cardinal Suhard, archevêque de Paris, aurait même aidé à lever ses doutes : « Allons, pour qui s’occupe avant tout de s’occuper des âmes de ces hommes, l’uniforme, c’est une contingence et vous pouvez y voir une forme de pénitence ».
↑ Certains autres dignitaires religieux prendront une attitude tout aussi « engagée », comme le cardinal Baudrillart, recteur de l’Institut catholique de Paris et membre de l’Académie française, qui salue l’attaque allemande contre l’URSS en ces termes : « Le temps de la colère est enfin venu. Le monde chrétien et civilisé se dresse dans un élan formidable pour défendre et sauver notre antique civilisation chrétienne en péril de bolchevisation ».

↑ P. Masson, op. cit.

↑ En 1973, Krukenberg évoquait ainsi son aspect hétéroclite : « Les miliciens qui avaient été versés presque d’office dans la division n’avaient pour la plupart aucune formation militaire. Les anciens de la LVF étaient souvent fatigués par trois ans de front et leur retraite difficile. Quant aux hommes de la Sturmbrigade, ils tenaient à marquer qu’ils étaient d’une espèce différente, bien entendu supérieure, celle des « vrais » SS, des nationaux-socialistes intégraux. »

↑ En 1943, Mayol avait écrit en personne une lettre à Hitler pour lui demander la libération de 14 paysans de Lupé, prisonniers en Allemagne : « (…) Ces paysans sont la force de mon petit et pauvre pays. Ce sont pour moi des frères et des fils car j’ai été élevé dès l’enfance avec leurs pères et leurs aînés et moi et les miens nous ne sommes avec eux qu’une famille. Notre terre est une rude terre et notre pays a besoin de jeunes bras pour le travail de nos champs. J’ai la joie de pouvoir affirmer qu’à Lupé, tous les habitants, fidèles à ma voix, sont ardemment franco-allemands. (…) Je me confie à vous et j’espère en vous qui, seul ici-bas, pouvez avec l’aide de Dieu sauver notre France aimée et réaliser la grande Patrie. » René Bail n’indique pas clairement s’il fut entendu. En tout cas, ce sont six de ces paysans pour lesquels il était intervenu qui porteront son cercueil lors de son enterrement.

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