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Entre Brexit et Union de la gauche, un point commun demeure : plus personne n’y comprend grand-chose ; ça doit être le fog anglais. De ce côté de la Manche et à l’approche des élections européennes, les rescapés de la rue de Solférino entretiendraient, ainsi, comme un semblant de cousinage avec les Dix petits nègres d’Agatha Christie.
Sur les dix, il y en a fatalement neuf de trop. Quant au dernier, bien malin qui pourrait dire à quoi il peut encore servir. À la table d’honneur ? Plusieurs socialistes, historiques ou apparentés, invités de dernière minute ou simples passagers clandestins : Olivier Faure, actuel patron du parti fondé par François Mitterrand ; à ne pas confondre avec Benoît Hamon, candidat socialiste à la présidentielle de 2017, mais qui a, depuis, fondé son propre mouvement, Génération.s. Mais aussi l’écologiste Yannick Jadot, dont on ne sait plus trop de quel canal des Verts il est issu : historique ou inattendu. N’oublions pas, non plus, Raphaël Glucksmann, fils du « philosophe » André Glucksmann, président du tout nouveau mouvement Place publique, et accessoirement compagnon de Léa Salamé, journaliste aux indéniables qualités télégéniques.
La présence d’autant de talents réunis pouvait laisser augurer une sorte de feu d’artifice, à la fois intellectuel et politique. D’ailleurs, Olivier Faure se voyait bien à la manœuvre et en première ligne, tout en craignant de ne jouer que les utilités. Il n’avait pas tort, il ne fera pas tourner les serviettes au banquet européen du mois de mai prochain. À en croire Le Journal du dimanche du 17 mars dernier, Gaspard Gantzer, possible candidat à la mairie de Paris et ancien conseiller en communication de François Hollande – une épée, donc –, serait responsable de son actuelle disgrâce, ayant récemment comparé, sur France Inter, « l’inventaire du PS lancé par Olivier Faure à une réunion d’alcooliques anonymes ».
Devant l’acuité d’une telle analyse, le principal intéressé a tôt répliqué : « Si nous sommes des alcooliques, tu es sans doute responsable de la cuite. » On imagine qu’à l’occasion, Jean-Vincent Placé et Christophe Castaner tenaient le bar. Aux dernières nouvelles, le socialiste Olivier Faure ne sera pas tête de liste socialiste lors du prochain scrutin européen ; pas plus que le socialiste Benoît Hamon, d’ailleurs. Ça aurait été trop simple.
Mais qui, alors ? Le meilleur d’entre eux, évidemment, mais pas forcément le meilleur des socialistes, s’agissant de Raphaël Glucksmann, dont Olivier Faure a affirmé, ce dimanche 17 mars : « Je suis fier à la fois de soutenir une liste qui sera une liste de rassemblement [Là, ce coup-ci, c’est sûr, il a bu… NDLR], fier de la porter avec Raphaël Glucksmann et, je le dis aussi, fier d’être socialiste. » De l’art de bouffer à la fois l’écharpe et le chapeau. C’est Tonton qui doit être fier de lui.
Du côté de l’entourage de Benoît Hamon et de l’un de ses proches, Guillaume Balas, on aurait, toujours selon Libération, la dent tout aussi dure contre un autre grand oublié de l’histoire, Yannick Jadot : « C’est bizarre, je pense qu’il veut éliminer tout le monde pour réparer un truc, c’est du ressentiment, des trucs personnels qui dépassent l’intérêt général. » Voilà qui est pensé.
Et Libération, toujours incollable en matière d’entomologie politique, de noter : « Le leader de Génération.s sait que sur le fond, entre lui, Jadot et Glucksmann, les différences sont minimes, voire inexistantes. »
Chez Agatha Christie, l’un des dix petits nègres tuait les neuf autres, pour un motif certes baroque, mais plausible. Dans la galaxie socialiste et autres satellites, ils préfèrent se suicider en groupe ; au nom de l’union, what else, pour paraphraser un autre socialiste, George Clooney.
PS : petite consolation, à quand un débat entre Raphaël Glucksmann et son homologue de droite, François-Xavier Bellamy ? L’occasion ou jamais d’autoriser les enfants à veiller un peu tard, sachant la pénurie de bonnes émissions comiques à la télévision.