21 mars, Journées internationales de la trisomie 21

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Non à un “eugénisme protecteur”. Le 21 mars ne doit pas servir de prétexte pour ignorer le processus d’éradication avoué des personnes trisomiques le reste de l’année. Les Journées internationales de la trisomie 21 se ressemblent et semblent — au fil du temps — consolider la solidarité autour des personnes qui sont porteuses de cette particularité génétique caractérisée essentiellement par une déficience intellectuelle.

Mais il est trop facile de se donner bonne conscience en inscrivant une célébration de plus au calendrier républicain qui n’en manque déjà pas. S’il s’agit seulement, une fois dans l’année, de faire vendre des croissants à de jeunes trisomiques, de leur proposer un tour dans les cuisines de l’Élysée ou de les inviter sur un plateau télé, c’est gentil mais c’est en fait se moquer du monde. Parce que, tout le reste du temps, les personnes trisomiques sont les ennemis publics numéro un d’une politique de santé publique qui a pour effet de les faire disparaître dans un consensus avoué.

Qu’on en juge plutôt. Une année, c’est un député, Olivier Dussopt, qui se demande pourquoi il reste encore 4 % d’enfants diagnostiqués trisomiques non avortés. Une autre année, c’est un professeur de médecine, Jean-Didier Vincent, qui hurle au micro de France Inter que « les trisomiques sont un poison dans une famille ». Une autre année encore, c’est le Conseil supérieur de l’audiovisuel qui reproche aux chaînes de télévision de diffuser une petite vidéo qui montre de jeunes trisomiques heureux, au motif que le lien entre bonheur et trisomie pourrait culpabiliser les femmes qui ont avorté.

On pourrait allonger la liste… jusqu’au 5 mars 2016 où la journaliste Anne Sinclair a considéré sur Europe 1 que l’élimination des trisomiques avant leur naissance est « un eugénisme protecteur pour éviter des drames effroyables ».

L’éloge d’un “eugénisme protecteur”, des trisomiques qualifiés de “drames effroyables”, quinze jours avant la Journée internationale de la trisomie 21 !

La vérité, c’est que les biotechs de la Silicon Valley viennent de développer un nouveau test de dépistage de la trisomie, sûr et sans bavure, efficace à 100 %. L’argument marketing est redoutable, ce test restera dans la cible, il ne dépistera que les trisomiques mais il les dépistera tous, contrairement au système précédent qui avait massivement recours à l’amniocentèse, responsable de fausses couches d’enfants sains. Bienvenue aux enfants sains. Les autres n’auront plus aucune chance. Monsieur le député Dussopt pourra être rassuré, nous aurons enfin des chiffres ronds.

Le Comité consultatif national d’éthique a chiffré sans sourciller le coût du test pour la Sécurité sociale : 1 milliard d’euros pour diagnostiquer environ 1 000 trisomiques par an. Mais les prix baissent et, dès que le nouveau système ne coûtera pas plus cher que l’ancien, la Sécurité sociale l’achètera “sur étagère” pour en donner accès aux femmes enceintes. L’offre crée la demande et l’eugénisme aura fait encore un pas supplémentaire. Les responsables politiques ne verront rien passer, les grandes consciences se tairont et les journaux féminins exulteront.

Mais l’idéologie française n’est pas la vraie vie. La Fondation Jérôme-Lejeune — seule institution à offrir une consultation pluridisciplinaire au profit des personnes porteuses d’une déficience intellectuelle et à financer une recherche thérapeutique à leur profit — mène une course de vitesse pleine d’espoir avec les politiques désespérantes de dépistage. Elle travaille en réseau avec d’autres pays européens, avec les États-Unis et déjà quelques firmes pharmaceutiques. « Nous trouverons, c’est un effort intellectuel moins difficile que d’envoyer un homme sur la Lune », disait le Pr Jérôme Lejeune, qui ajoutait, en parlant des enfants trisomiques : « Ou nous les guérirons de leur innocence, ou ce sera le massacre des innocents. »

Les Premières Victimes du transhumanisme, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 176 pages, 19,50 €.

Lu dans Valeurs actuelles

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