Le 9 février 2018, l’hebdomadaire Marianne titrait : « Élève Blanquer, au tableau ! Les réformes du ministre jugées par ceux qui font l’école ». Il est vrai que le ministre de l’Éducation Nationale semble mettre les pieds dans le plat idéologique qu’est devenue l’éducation en France. Pas simple, tant les médias internes de l’Éducation Nationale sont imprégnés de bien-pensance militante, à l’image du « réseau Canopé » par exemple.

Jean-Michel Blanquer a mis à la porte de son ministère un ancien directeur des programmes, dont l’activité était essentiellement marquée par le militantisme en faveur de tout ce qui peut nier la réalité des racines et de l’identité, promouvant idéologie du genre ou réécriture des programmes, particulièrement en ce qui concerne cette matière sensible qu’est l’Histoire, à l’aune de la « religion politique multiculturelle » épinglée par l’essayiste et sociologue Mathieu Bock-Côté. Il a aussi nommé des scientifiques à la place des militants. Cela suffira-t-il ? L’arsenal idéologique interne à l’Éducation Nationale, auquel le ministre semble vouloir s’attaquer, paraît bien massif.

Qui s’étonne que l’école fonctionne mal ?

Ce qui est surprenant n’est pas que l’école fonctionne mal mais de s’en étonner. Depuis la fin du 20e siècle et la mainmise culturelle et idéologique sur l’école par la gauche politique, devenue gauche sociale-démocrate et libérale-libertaire, le rôle dévolu à l’école n’est plus prioritairement d’instruire ou d’éduquer mais de construire un futur adulte pensant correctement. Autrement dit, un individu considérant que le Bien se décline en multiculturalisme, défense des identités non blanches, négation de cette dernière ainsi que des racines de l’Europe, promotion du genre sous couvert d’égalité entre hommes et femmes, écriture inclusive, promotion des cultures extérieures à l’Europe, valorisation de la culture musulmane, combat contre le christianisme… La réalité réécrite selon le bon vouloir militant de l’idéologie au pouvoir en somme. La palme de la caricature en ce domaine revenant sans doute à des manuels de primaire remplaçant le mot « barbares » (pourtant employé par les romains pour désigner ceux qui ne parlaient pas le latin et combattaient leur civilisation) par « migrants », les Germains devenant ainsi des populations migrantes venant s’installer sur le territoire antique correspondant à la France actuelle. Ou bien à ces manuels d’éducation civique, de primaire aussi, pointant du doigt l’homme blanc occidental, raciste comme par essence parce que n’étant pas assez fin intellectuellement pour comprendre que le multiculturalisme serait l’avenir de l’Homme. De la même manière, les manuels d’Histoire du secondaire mélangent conceptions binaires (esclavagistes blancs européens versus victimes africaines noires par exemple) et bienveillance vis-à-vis d’un Islam avant tout présenté comme religion de paix, un angle qui n’est pas anodin dans le contexte terroriste actuel. Outre les manuels mis entre les mains des enfants et des adolescents, les médias de propagande idéologique ne manquent pas au sein de l’Éducation Nationale, à l’image de la chaîne dédiée Francetv éducation, à laquelle l’Observatoire du journalisme consacrait une enquête en février 2017. Le dernier en date à connaître une forte croissance s’appelle le « réseau Canopé », modernisation et dépoussiérage par le biais d’internet des anciens CRDP (Centres de recherche et de documentation pédagogique).

Avec Canopé, c’est la lutte finale à tous les étages

Si l’école fonctionne mal, il y a sans doute bien des causes. L’idéologie en est une, sauf qu’elle n’est la plupart du temps pas considérée comme telle. Pourtant, les parents ayant des rejetons scolarisés le savent tous, même ceux qui sont en accord avec l’idéologie culturelle dominante. Nombre d’entre eux ne mettent pas leurs enfants dans l’école publique ou bien obtiennent qu’ils soient affectés dans des établissements protégés et sécurisés, sans doute au nom de l’égalité républicaine. Aujourd’hui, réussir à l’école passe autant par l’acquisition de savoirs et de compétences que par une sorte de soumission à la pensée dominante. C’est à la mise en œuvre de cette pensée idéologique dominante que servent la plupart médias de l’Éducation Nationale, manuels scolaires ou chaînes de télévision. Ainsi que le « réseau Canopé », sous-titré « Le réseau de création et d’accompagnement pédagogiques ». De quoi s’agit-il ? D’un réseau de partage de données pédagogiques mis à disposition des personnels de l’Éducation Nationale. En théorie, rien de contestable : le monde de l’éducation crée, partage, diffuse des idées, des projets, des matériaux utilisables en son sein. Sauf qu’un pan entier des outils proposés et mis en œuvre par ce réseau vise à rééduquer idéologiquement en permanence les jeunes Français. Par « la semaine de la presse », par exemple, dont l’objet est « d’éduquer aux médias » et de « développer l’esprit critique » des élèves, autrement dit d’apprendre quels sont les médias fiables (Le Monde par exemple, auquel nombre d’établissements scolaires sont abonnés) et les médias « douteux », « complotistes », auteurs de « fake news »… Autrement dit, tout média officiellement classé politiquement à droite ou non libéral/libertaire. Il s’agit « d’éduquer aux médias », sachant que dans l’esprit de la majeure partie du monde enseignant des magazines comme Marianne ou Valeurs Actuelles sont à un niveau élevé sur l’échelle de l’axe du Mal. C’est ainsi que tous les établissements scolaires reçoivent des journaux sélectionnés avec attention durant une semaine.

Canopé lutte contre les discriminations

C’est cela que l’Éducation Nationale appelle éduquer : apprendre aux jeunes scolarisés quels sont les médias qui pensent bien. Mais aussi lutter contre les « discriminations » et en faveur du « vivre ensemble » multiculturaliste. C’est ainsi que le « Réseau Canopé » lance une « Grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République », mobilisation permanente en réalité. Ceci, sans que quiconque dans les médias officiels ne paraisse trouver saugrenu qu’un système scolaire soit mobilisé en faveur d’un mode de pensée et d’un système politique spécifique. En France. Quand il s’agit d’autres pays, comme la Pologne, la montée au créneau se fait plus vite. Un élément de cette « mobilisation » générale est annoncé pour bientôt : « La Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme se déroulera du 19 au 25 mars 2018. L’occasion de promouvoir les valeurs et principes fondamentaux de la République à l’école. Laïcité, liberté de conscience, respect des êtres humains, etc., autant de notions à étudier pour lutter contre la haine et l’intolérance ». Cette semaine d’actions est intitulée « éduquer contre le racisme et l’antisémitisme ». Le ministère met à disposition un site dédié, proposant de multiples ressources, dont quatre vidéos « si on faisait le point ? » destinées à mettre les enseignants sur les bons rails concernant « la discrimination, le métissage, le fascisme et l’intégration ».

Il en va ainsi dans l’actuelle Éducation Nationale : éduquer aux valeurs de la République signifie relier fascisme, discrimination, métissage et intégration. Le Mal identitaire (fascisme/discrimination) face au Bien libéral libertaire (métissage/intégration). Avec ce genre de médias internes, qui peut encore s’étonner que l’école fonctionne si mal ? Du moins en ce qui ce qui concerne son rôle théorique, soit instruire, éduquer et transmettre des racines communes.