Plusieurs millions de touristes se rendent chaque année à Bali, cette petite île indonésienne au décor de carte postale, faite de plages de sable fin et de mers turquoises où l’on s’adonne à la glisse. Ce que beaucoup d’entre eux ignorent, c’est qu’il existe en parallèle un autre Bali, dont les eaux sont croupies par des montagnes de déchets. L’Indonésie est en effet le deuxième pays au monde à subir le plus la pollution plastique, uniquement devancé par la Chine. Pour Kevin Kumala, un jeune entrepreneur local, la situation ne pouvait plus durer.
Dès 2014, il fonde sa société Avani Eco, avec laquelle il fabrique des sacs, des ponchos et des emballages alimentaires en plastique 100 % bio, biodégradables et compostables. Après avoir longuement étudié les différents types de plastiques bio, notamment ceux réalisés avec du maïs et de la fécule de soja, il élabore sa propre formule en utilisant du manioc, une racine très commune à Bali.
À l’arrivée, ses sacs en plastique pourraient presque être confondus avec ceux qu’on utilise pour nos courses habituelles, à une différence notable : ils se boivent. Kumala le prouve lui-même à travers une vidéo où on le voit dissoudre en à peine quelques minutes un morceau de son plastique de manioc dans un verre d’eau chaude, avant d’ingurgiter le tout. Sans montrer ne serait-ce qu’une pointe d’écœurement.
« Je voulais montrer que ce plastique bio était tellement inoffensif pour les animaux que même un humain pourrait le boire. Je n’étais absolument pas nerveux vu que j’avais passé des tests de toxicité alimentaire », confiait-il à CNN.
Une solution bio au prix dissuasif
Kevin Kumala espère désormais voir son plastique se substituer au plastique conventionnel, pour le bien de son île et de la planète. Seulement, la solution bio n’est que rarement la plus abordable, et les produits d’Avani Eco n’échappent pas à la règle. Convaincre les entreprises d’adopter un plastique de manioc vendu deux fois plus cher que la normale n’est pas une mince affaire. D’autant qu’il n’y avait jusqu’à présent aucune aide publique dédiée à la réduction des déchets en plastique, selon un responsable du ministère de l’Environnement indonésien, relayé par L’Obs.
C’était avant que le gouvernement se décide à ne plus rester les bras croisés, et s’engage à bannir les sacs plastiques d’ici 2018. « Le gouvernement nous soutient et nous travaillons à ses côtés pour créer un plan d’action afin qu’il n’y ait plus de plastique en 2018. À Bali, c’est devenu inévitable », insiste Kumala. Le manioc sera peut-être bientôt le nouveau plastique.