Cazeneuve (et les siens) ne célèbre(nt) que le Ramadan!

Le ministre des Cultes avait souhaité un « bon ramadan » aux musulmans. Il aurait pu être judicieux de formuler les mêmes vœux aux catholiques à l’occasion du mercredi des Cendres. Bernard Cazeneuve est un homme très occupé. Avec tout ce qui se passe, forcément. Ou alors un homme très distrait. A oublié de mettre un nœud à son mouchoir, une alerte sur son ordinateur, une alarme sur son smartphone, de l’écrire au stylo à bille dans le creux de sa main : CARÊME.

Le ministre des Cultes avait souhaité un « bon ramadan » aux musulmans. Il aurait pu être judicieux, adroit, diplomate, approprié, tout simplement juste, de formuler les mêmes vœux aux catholiques à l’occasion du mercredi des Cendres. Ou alors il ne fallait rien dire à personne, n’est-ce pas ?
À Notre-Dame de Paris, on l’a attendu en vain. Il n’est pas venu adresser un « signe d’affection » comme certain autre ministre de l’Intérieur, devenu depuis Premier ministre, à la Grande Mosquée de Paris. Cazeneuve a visiblement d’autres objets de tendresse ou d’autres chats à fouetter.
Pour sa défense, la formule consacrée de l’office des Cendres, « Souviens-toi que tu es poussière et que tu redeviendras poussière », est un peu cafard à entendre pour qui, comme lui – au moins le prétend-il – ne croit pas en l’au-delà. Lui, il n’est pas poussière, il est Charlie. Ce qui actuellement, hélas, eu égard aux événements récents, revient à peu près au même, mais inutile de le lui rappeler, tout cela lui donne assez de travail et de tracas.
Pour sa défense, il s’est « indigné », de concert avec le Premier ministre, des « dégradations « (Manuel Valls ne parle pas de profanations…) commises mardi soir, au cimetière de Tracy-sur-Mer, adossé à l’Église. Des dégradations de tombes chrétiennes. Certes, selon l’ancien ministre socialiste Michèle Delaunay, qui s’est fendue d’un tweet pointilleux, il n’y a pas de « cimetières catholiques », rien que « des cimetières républicains non dédiés à une confession », mais lorsque des « dizaines de crucifix [sont] déplacés, certains d’entre eux retournés et plantés dans le sol », selon les mots mêmes du ministère de l’Intérieur, ce n’est pas à un symbole de la République que l’on porte atteinte, ou alors je n’ai pas tout compris ?
Pour sa défense, les catholiques sont en France si discrets, si complexés, si soucieux de ne pas déranger… qu’on en vient à les oublier. Voire qu’ils s’oublient eux-mêmes. Conversation de cour de récréation, entendue il y a quelques heures, dans une école privée portant le nom d’un grand saint :
– C’est quoi le carême ?
– C’est le ramadan des catholiques.
Il n’y aurait pas comme un problème ?
Il est vrai que le carême n’est pas si codifié, si contraignant, si « extérieur » et donc si « célèbre » que le ramadan. Et il n’est pas qu’affaire d’estomac. La religion catholique n’est pas une « religion de rites », elle est au-dessus de ça. Comme de tant d’autres choses. En Occident en tout cas. Conceptualisée, désincarnée, intellectualisée, complexifiée… à force d’être au-dessus de tout, on se demande si elle ne devient pas, parfois, au-dessous de tout.
C’est la première leçon dans la presse féminine qui se pique de psychologie : pour se faire aimer, il faut commencer à s’aimer soi-même. À bon catholique, salut.

Lu sur Boulevard Voltaire

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