Avec l’entrée en guerre de l’Empire Ottoman (de Mehmet VII) aux côtés des Empires Centraux fin 1914 – « l’homme malade de l’Europe » – le détroit de Constantinople menaçait d’être fermé, coupant ainsi une ligne de ravitaillement pour la Russie. En outre, un nouveau front s’ouvrait pour les Britanniques, le protectorat d’Égypte étant directement menacé.
Sir Winston Churchill, alors First Sea Lord (Premier Lord de l’Amirauté), proposa au Gouvernement d’Asquith de lancer une expédition navale, voire amphibie, pour s’assurer le contrôle des détroits face à la Sublime Porte. Ce dernier point était un axe majeure de la politique étrangère de Londres.
Si Churchill reçoit l’appui du chef du Foreign Office Sir Edward Grey(d’ailleurs peu soupçonné de sympathies pour la Sainte Russie Tsariste) qui pense qu’une telle opération permettrait d’obtenir le ralliement des Grecs et des Bulgares, il se heurte au scepticisme prudent de Lord Horatio Kirchner et à la franche hostilité de Lord John Arbuthnot Fischer. Toutefois, le Cabinet d’Asquith finit par donner carte blanche à Churchill. Celui-ci charge alors l’Admiral Sackville Carden des opérations navales et Sir Ian Hamilton de la conduite des forces terrestres. Elles sont majoritairement composées par les Australiens et les Néo-Zélandais de l’ANZAC (Birdwood).
Côté français, compte-tenu de l’Alliance avec la Russie, Paris réunit une flotte sous le commandement du Contre-Amiral Émile Guépratte qui compte les cuirassés Charlemagne (quasiment dépassé), Bouvet, Suffren et Gaulois, le croiseur Foudre, ainsi que des contre-torpilleurs, des dragueurs de mines et des sous-marins. En outre, un corps expéditionnaire est réuni sous le commandement du Général Henri Gouraud avec des fantassins de métropole, des artilleurs, des tirailleurs d’Afrique du Nord et du Sénégal (Afrique de l’Ouest) et des légionnaires. Les unités terrestres vont gagner l’île de Lemnos avant d’être lancées dans les opérations amphibies.
Ainsi, le 19 février les navires de la Royale (marine française) appareillent des ports de Marseille et Toulon pour rejoindre la Royal Navy en Méditerranée. Cap sur le Détroit des Dardanelles.
Commence ainsi l’une des opérations amphibies les plus ambitieuses pour l’époque mais aussi l’une des plus meurtrières.
>Lire :
– Pierre Miquel, La Grande Guerre, Fayard, 1998
– John Keegan, La Première Guerre mondiale, Tempus, 2000
> Eudes Turanel anime le blog France, Histoire, Espérance.
7 Comments
Comments are closed.