De La Foire aux cancres de Jean-Charles à celle des jean-foutre de la rue de Valois…

On connaissait les pérégrinations de Tintin au pays de l’or noir. Voici maintenant celles du descendant de Tonton dans les contrées semées d’embûches de l’or… tographe. En effet, les derniers tweets élyséens n’auraient pas dépareillé dans ce best-seller de 1962, La Foire aux cancres, signé d’un certain Jean-Charles.

Mais il s’agissait alors de perles de derniers de la classe, et certaines de ces dernières mériteraient, d’ailleurs, d’être gravées dans le marbre. Celle-ci, par exemple : « Henri IV fut tué dans un accident de voiture par un fou nommé Cadillac. Celui-ci fut écartelé par une Quatre-Chevaux. » Là, plus embêtant, dans le cas qui nous occupe, c’est que le mauvais exemple vient de haut.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, donc, qui, en visite à Tulle, a laissé ces quelques mots sur le livre… d’or (thographe) de la gendarmerie locale : « À toutes les equipes de l’Ecole de Gendarmerie de Tulle. Mille mercis pour votre engagement aux côtés de nos personnels de l’Education. Votre expertise, votre professionalisme (sic) impressionnant nous sont plus que précieux. Amitiés. Najat Vallaud-Belkacem. »

Si l’accent pied-noir est bien connu, ceux de la langue de Vaugelas semblent, eux, n’être connus que de loin par la donzelle. « A toutes les equipes » ? À toutes les équipes. « Ecole » et « Education » ? École et Éducation. Voilà qui n’est guère professionnel, surtout quand on écrit « professionalisme » au lieu de professionnalisme. Certes, elle n’est jamais que ministre de tutelle de l’école à Toto, mais tout de même.

On aurait pu croire qu’Audrey Azoulay, son homologue au ministère de la Culture, relèverait un peu le niveau. Mais pas vraiment, tel qu’en témoigne ce tweet manifestement écrit dans l’urgence par un stagiaire en état d’hypoglycémie : « C’est parce que la France défend la liberté que les artistes du monde y trouve refuge. » Au contraire de ceux qui entendait y trouvaient refuges, on imaginent ?

Là, ce n’est plus La Foire aux cancres de Jean-Charles, mais celle des jean-foutre de la rue de Valois. Déjà que lors d’un hommage à l’écrivain Michel Butor, Audrey Azoulay avait confondu La Modification, prix Renaudot 1957 remis à ce dernier, avec une imaginaire Consolidation, on se dit là que lorsque les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites, que c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres et que nous, pauvres journalistes tentant vaille que vaille de respecter le dialecte de Molière, sommes parfois en proie à une sorte de désolification ou de consternabilité.

L’excellent Jean-Paul Brighelli, de longue date pourfendeur de ces dingueries, quoique ancien militant maoïste, affirme au FigaroVox : « Je vous rappelle que Najat Vallaud-Belkacem encourage les enseignants à ne plus faire que de l’oral – conformément à une ligne éducative qui a commencé avec René Haby, futur ministre de Giscard et promoteur du collège unique, lorsqu’il était aux commandes de la direction générale de l’enseignement secondaire, en 1962. » Comme quoi l’affaire ne date pas d’hier.

Mais, en la matière, force est de constater que François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem et Audrey Azoulay s’acharnent à ne pas démériter de l’héritage légué par leurs devanciers. La preuve en est que ce n’est plus du français qu’ils nous causent ; juste de la peine.

Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire

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