Pays où le Petit Jésus est interdit de séjour!

Il y a généralement deux causes à l’hostilité d’un gouvernement de voir Noël être célébré : l’idéologie communiste et le fondamentalisme islamique.

Si l’Enfant-Jésus, la Vierge Marie et saint Joseph ont affronté en leur temps la vicieuse persécution d’Hérode, la situation des chrétiens d’aujourd’hui dans plusieurs pays du monde se révèle parfois tout aussi difficile quand il s’agit de célébrer la Nativité. Si dans les pays occidentaux, on déplore parfois la sécularisation rampante et la surenchère commerciale qui entoure la période de l’Avent, ailleurs célébrer la naissance de Jésus est officiellement interdit quand cela ne conduit à risquer la mort. Voici six pays qui se distinguent tristement pour interdire, ou presque, au petit Jésus de naître le 25 décembre :

1 – Brunei

Cinq ans de prison et 20 000 dollars d’amende : c’est la peine qu’encourt depuis 2015 un musulman surpris en train de commettre le « crime » de… célébrer Noël. Ne serait-ce qu’envoyer des cartes de Noël à ses parents ou à des amis est répréhensible dans ce micro-état de 420 000 habitants dont 65% sont musulmans. Les non-musulmans, bouddhistes ou chrétiens, sont libres de fêter Noël comme ils l’entendent, mais uniquement dans le cadre privé. Pour le ministre des affaires religieuses, ces mesures «anti-nativité » visent à éviter « des célébrations excessives et ouvertes, qui pourraient nuire à lʿAqîda (foi) de la communauté musulmane ».

En décembre 2015, un groupe d’imams avait même diffusé un message aux fidèles islamiques de Brunei pour les mettre en garde : « Les musulmans qui suivent les actes de cette religion (christianisme) ou utilisent leurs symboles religieux, tels que la croix, les bougies allumées, l’arbre de Noël, les chants religieux, les légendes de Noël, les décorations (…) vont à l’encontre de la foi islamique (…). Certains peuvent penser que la question est frivole, mais, en tant que musulmans, nous devrions éviter les célébrations des autres religions afin de ne pas influencer notre foi islamique ».

2 – Somalie

Peu de temps après l’interdiction de Noël annoncée par le sultan de Brunei, la Somalie a décidé en décembre 2015 de suivre son « exemple » et de décréter que les célébrations de Noël et du Nouvel An étaient désormais interdites : « Tous les événements liés aux célébrations des fêtes de Noël et du Nouvel An sont contraires à la culture islamique et pourraient nuire à la foi de la communauté musulmane, » avait expliqué à l’époque cheikh Mohamed Khayrow, le directeur général du ministère des affaires religieuses de ce pays dévasté par des décennies de guerre civile, de terrorisme et de famine.

Le gouvernement de ce pays à majorité musulmane avait justifié cette décision en expliquant que les célébrations pourraient susciter des attaques des islamistes shebab. Un an auparavant, en 2014, l’organisation terroriste qui occupe une grande partie du territoire de la Somalie, avait lancé une attaque à Noël contre une base l’Union africaine à Mogadiscio qui avait fait au moins 12 morts. En raison des persécutions passées, il ne reste pratiquement plus aucun chrétien dans le pays.

3 – Tadjikistan

Au Tadjikistan, pays musulman mais laïc d’Asie centrale, fêter Noël est également de plus en plus délicat. En 2013, le pays a ainsi interdit aux chaînes de télévision de diffuser un film de Noël russe. Deux ans plus tard, ce sont les arbres de Noël et les livraisons de cadeaux dans les écoles qui ont été prohibés.

Sans compter que le ministère de l’Éducation, qui adopte les principes islamiques comme lignes directrices, a décrété l’interdiction des feux d’artifice, des repas festifs, des échanges de cadeaux et des levées de fonds pour les célébrations du Nouvel An.

4 – Arabie Saoudite

Le pays est gouverné par l’une des interprétations les plus strictes et les plus sévères de la doctrine islamique, le courant wahhabite. Il n’est pas donc pas surprenant que Noël y soit prohibé. D’autant plus qu’historiquement le pays est fermé aux non-musulmans. Les signes d’ouverture observés ces derniers mois ne devraient pas changer la donne. La monarchie saoudienne se heurte à une résistance profondément enracinée des fondamentalistes.

Les exemples de ce conflit entre tentatives d’ouverture et fondamentalisme ne manque pas. Comme ce Noël 2015, lorsque les hôpitaux publics ont autorisé leurs employés non islamiques à célébrer Noël en équipe. Des représentants religieux saoudiens s’y sont catégoriquement opposés au prétexte que si les musulmans « célèbrent la naissance du Fils de Dieu » avec les chrétiens, c’est une manière de s’y associer et donc de soutenir une autre foi. Or dans le wahhabisme, le concept de la Trinité (Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit) est hérétique. Célébrer Noël c’est pour eux célébrer une sorte de « polythéisme », rejeté avec véhémence par le monothéisme islamique.

Comme l’influence de l’intégrisme islamique est très forte dans la vie quotidienne des Saoudiens, ce type de pression exercée par les représentants religieux aggrave la situation déjà précaire des quelques chrétiens, presque tous des étrangers, qui vivent dans le pays.

5 – Corée du Nord

Depuis l’implantation forcée du communisme dans ce pays dans les années 1950, toutes sortes d’activités de culte chrétien sont interdites sans relâche. Les groupes de défense des droits de l’homme estiment entre 50 000 et 70 000 le nombre de chrétiens confinés dans des prisons ou des camps de concentration en Corée du Nord simplement pour avoir pratiqué leur foi.

En 2016, le dictateur Kim Jong-Un a franchi une étape supplémentaire dans la persécution religieuse : non seulement il a réitéré l’interdiction de Noël mais il a également ordonné que, dans la nuit du 24 décembre, soit non pas commémorer la naissance de Jésus… mais celle de sa grand-mère, Kim Jong-Suk qui a combattu les Japonais et est devenue l’épouse du premier dictateur du pays, Kim Il Sung. Elle est née le soir de Noël 1919 et est décédée en 1949, devenant ainsi la « Sainte Mère de la Révolution ».

6 – Chine

Dans les grandes villes chinoises, de nombreux magasins et rues commerçantes sont habillées aux couleurs de Noël en décembre. Des images du Père Noël, des arbres de Noël et des chansons typiques prolifèrent. Beaucoup de Chinois, non chrétiens, considèrent ces célébrations comme une « saison thématique» pour le commerce; d’autres, encore, y voient la «revendication culturelle de la modernité», associée à l’Occident et donc un « ennemi des valeurs patriotiques » imposées à la Chine depuis la brutale révolution communiste du XXe siècle.

Parmi les entités intellectuelles les plus proches du pouvoir central chinois, la fascination d’une grande partie de la population pour Noël est observée avec prudence, sinon avec hostilité. En 2014, l’Académie chinoise des sciences sociales a ainsi publié un livre pour détailler les « éfis les plus sérieux » qui émergent dans le pays et en a explicitement cité quatre : les idéaux démocratiques exportés par les nations occidentales, l’hégémonie culturelle occidentale, la diffusion d’informations via Internet… et la croissance religieuse.

Peu de temps après, un groupe de dix doctorants chinois a publié un article dans lequel sont analysé le phénomène dénoncé comme « frénésie de Noël » et ont appelé le peuple chinois à le rejeter. Selon ces étudiants, la « fièvre de Noël » en Chine démontre la « perte de la primauté de l’âme culturelle chinoise » et l’effondrement de la « subjectivité culturelle chinoise ». Ils invitent leurs compatriotes à faire attention à ce qu’ils considèrent comme « une nouvelle avancée de la christianisation » dans leur pays.

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