Par Isabel Orpy
540 kgs par Français et par an !
Avec l’accroissement important des déchets ménagers, dont 32% d’emballages et un coût de destruction plus en plus élevé, il devient urgent de trouver des solutions.
Et si l’on consommait nos emballages ?
Restaurateurs et industriels de l’agroalimentaire profitent du filon pour développer de nouveaux produits. Farine, agar-agar, fécule de pomme de terre ou autres, nourrissent donc la recherche et développement.
Des initiatives se poursuivent avec des paris plus surprenants, ciblant de nouveaux marchés…
Passer à l’emballage comestible grâce au film cellophane soluble et comestible inspire. Lorsque le sachet transparent est en contact avec un liquide, les liens moléculaires se détachent et l’emballage est dispersé comme les enveloppes solubles dans l’eau, procédé dèja utilisé pour certaines lessives. Il est alors possible de boire sans aucun risque ni goût parasite et dans le futur, il sera possible d’ajouter des saveurs différentes à ces sachets…
Certaines recherches se concentrent désormais sur les barrières à l’eau et aux arômes en passant par des films comestibles, antimicrobiens ou antioxydants, permettant une meilleure qualité voire une meilleure conservation du produit, réduisant même les teneurs en sel ou en conservateurs. L’emballage comestible permet aussi de rechercher des alliances de saveurs entre l’aliment et l’aromatisant.
Ainsi, les recherches s’accélèrent-elles partout dans le monde.
Selon les chercheurs chinois, les carottes auraient des propriétés intéressantes, les Espagnols misent plutôt sur les huiles essentielles, origan, clou de girofle et romarin, pour mettre au point un film comestible pour la viande. Quant aux Canadiens, ils travaillent sur les extraits d’algues pour enrober les fruits et légumes frais coupés et augmenter ainsi leur durée de vie…
Un début de réflexion sur le remplacement de matières synthétiques par des matières naturelles a déjà été amorcé il y a plusieurs années avec les paille en céréales, tortillas en guise de contenant pour les salades, cookie cups, couvercles de tasse en biscuit, cuillères à café en sablé ou chocolat, etc.
Bien que l’idée de l’emballage comestible soit extrêmement prometteuse d’un point de vue environnemental, il interroge quant à la problématique liée à l’hygiène lors de la manipulation et l’obstacle psychologique lié à l’ingestion d’éléments d’ordinaire jetés…
Depuis des années, la fameuse technique de la sphérification prisée de la cuisine moléculaire permet d’inventer des billes de gelée parfumées. Ces emballages se présentent comme une membrane, légèrement gélatineuse, composée de particules végétales qu’un procédé permet de rendre étanche. Certes, ce concept est intéressant pour la cuisine moléculaire car c’est une manière originale et ludique de présenter un produit prêt à être avalé, cependant, ce n’est pas un véritable concept d’emballage.
En fait, des emballages comestibles existent depuis des années. Il s’agit par exemple des films appliqués sur les pommes pour éliminer facilement, d’un simple passage sous l’eau, les salissures et contaminations pouvant être déposées à la surface du fruit, notamment, lorsque ces fruits sont manipulés par de multiples consommateurs dans un lieu de vente en libre-service. Quasi invisible à l’œil nu, cet emballage confère une belle couleur et une réelle brillance au fruit, tout en retardant l’effet flétri.
Il s’agit d’emballages comestibles dits bio, c’est-à-dire des protéines en film, formant des barrières à l’oxygène ou ajoutant des arômes, entre autres à base de thym, de cumin, de romarin, etc., lesquels limitent le développement des microbes. Il en est ainsi du film entourant le saucisson à l’ail qui permet sa cuisson ou son affinage, en conservant sa forme et évite ultérieurement les risques de contamination…
Même si vous n’êtes emballés à cette idée, vous saurez au moins que des emballages, vous en mangez en fait déjà très souvent !