Qu’est-ce qu’un « lanceur d’alerte » ? Inventé dans les années 1990 par les sociologues Francis Chateauraynaud et Didier Torny puis popularisé au début des années 2000, le « lanceur d’alerte », peut-on lire sur Wikipédia, désigne « celui qui entend signaler un danger ou un risque, en interpellant les pouvoirs en place et en suscitant la prise de conscience de ses contemporains ».
Autrement dit, le lanceur d’alerte désigne une personne ou un groupe qui estime avoir découvert des éléments qu’il considère comme menaçants pour l’homme, la société, l’économie ou l’environnement et qui, de manière désintéressée, décide de les porter à la connaissance d’instances officielles, d’associations ou de médias. A la différence du délateur, le « lanceur d’alerte » est de bonne foi et animé de bonnes intentions pour le « bien commun ». Parfois, et même souvent, contre l’avis de sa hiérarchie. D’où un risque. Et même, des risques.
Représailles
Ainsi, au nom de la cause qu’il entend défendre et diffuser, il met souvent en risque sa santé financière, physique, la tranquillité de sa famille, sa sécurité personnelle et son image. Le tout agrémenté de « poursuites-baillons » (procédures judiciaires dont le but réel est de censurer et ruiner un détracteur).
En France, depuis les années 1990, plusieurs personnes ayant lancé de telles alertes ont été menacées ou poursuivies par leur employeur. Conséquences : licenciement, « mise au placard », « représailles dans un système hiérarchique qui ne le soutient pas car souvent subordonné à des intérêts financiers ou politiques ».
Les risques du « métier »
Deux exemples de représailles : ceux d’Ida De Chavagnac et Jacques.
Après dix-sept ans passés au sein du groupe Crédit Agricole, Ida De Chavagnac, analyste des contreparties (son rôle consistait à effectuer un « rating » le plus indépendant possible des contreparties de la banque) a vu les relations avec sa hiérarchie se dégrader lorsque cette dernière lui a demandé « d’améliorer » sans justification les notes qu’elle attribue. Comprenant le risque que prenait la banque vis-à-vis de ses clients, Ida De Chavagnac a endossé le rôle de « lanceur d’alerte ». Plutôt que de l’écouter, sa hiérarchie, prise la main dans le pot de confiture, a préféré la licencier.
Idem pour Jacques (ex-employé d’Avantis, aujourd’hui Sanofi), qui avait refusé de couvrir des pratiques frauduleuses de fabrication de médicaments. Pratiques qui consistaient à utiliser des matières premières prohibées pour fabriquer des anticoagulants. Lundi 17 novembre, la cour d’appel de Versailles devait statuer, lors d’un procès prud’homal, en appel, sur le sort de Jacques.
A noter qu’en 2007, le Grenelle de l’environnement avait proposé une protection juridique des lanceurs d’alerte. En 2013, le législateur a adopté une loi protégeant les lanceurs d’alerte dans le domaine des risques sanitaires ou environnementaux.
Lu dans Présent