L’affaire Benalla a gâché le bel été d’Emmanuel Macron. L’automne s’annonce encore plus meurtrier, avec son accumulation de petites phrases malheureuses, de photos polémiques et la démission de Nicolas Hulot puis du ministre de l’Intérieur. Et pour couronner le tout, l’étonnante lenteur avec laquelle l’exécutif a procédé à son remaniement.
A l’évidence, la macronie est en crise et les photos officielles, pour une fois, ne trompent pas. Emmanuel Macron n’arbore plus le sourire du « gendre idéal » et du winner. Il apparaît désormais contracté et amaigri. Manifestement, Jupiter est à cran. Et il paraît même que tout l’Elysée l’entend se quereller avec sa Junon.
Pourtant cette crise était prévisible, conséquence fatale de l’ascension artificielle d’Emmanuel Macron.
Car en ces heures décisives tant pour l’Europe que pour la France, on se rend compte qu’Emmanuel Macron n’est tout simplement pas à la hauteur de la situation.
Une élection en trompe l’œil
Emmanuel Macron a en effet accédé à la présidence de la République grâce à un complot médiatique et juidiciaire orchestré à son profit. Car la Davocratie voulait éviter à tout prix une contagion populiste en France, après le Brexit et la victoire de Donald Trump.
Emmanuel Macron a donc été élu grâce à l’élimination médiatico-judiciaire de François Fillon et parce que Marine Le Pen n’était pas prête à gouverner. Et aussi parce qu’il a réussi à obtenir le soutien de politiciens, transfuges de la gauche comme de la droite et sortis de la naphtaline pour la circonstance.
Mais cette victoire est en trompe l’œil. Car cette coalition de rencontre implique qu’Emmanuel Macron, président parachuté par la Davocratie, n’incarne en réalité aucune dynamique politique dans notre pays. Et c’est d’ailleurs ainsi que la Davocratie le tient.
En Marche ! Rien qu’un slogan
Le taux d’abstention au second tour de la présidentielle de 2017 s’élevait à 57 %. Et aux législatives qui ont suivi, seulement 38,4 % du corps électoral a voté pour les candidats qui se présentaient.
Les élus de La République en Marche ne représentent donc qu’une minorité de Français et ne doivent qu’à la fiction du système électoral de se retrouver en position de « majorité » à l’Assemblée. Avec la circonstance aggravante que beaucoup sont dénués de toute expérience politique.
De même, Emmanuel Macron ne s’appuie sur aucun parti réel. En Marche ! n’est en fait qu’une… fake news ou un slogan. Ce n’est qu’un site internet où il suffit de s’inscrire pour se retrouver adhérent !
Ce n’est pas avec cela que l’on gagne l’opinion, dans un pays déchiré et en proie au doute.
Un président dénué d’expérience politique
Au surplus, Emmanuel Macron lui-même ne brille pas par son expérience politique personnelle.
Ancien haut fonctionnaire passé par la banque d’affaires, il n’a jamais exercé de mandat électoral ni même syndical. Son expérience politique se limite à son soutien à la candidature de François Hollande pour l’élection présidentielle de 2012. Ce n’est en effet qu’un homme d’intrigues, de réseaux et de groupes de réflexion, qui ne connaît ni les électeurs ni les militants. Et encore moins les Français.
Il n’a surtout aucune idée de ce que peut être le combat politique : la violence des adversaires, la trahison des proches, l’opposition des médias ou le harcèlement des juges et des administrations. Et surtout le heurt permanent avec la réalité.
Un ministre de la parole
Emmanuel Macron a certes été « ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique » de 2014 à 2016.
Mais dans un pays où l’économie et la finance sont dérégulées et où la monnaie ainsi que la politique commerciale sont de la compétence de l’Union Européenne, un ministre de l’Economie fait avant tout de la figuration et de la communication. Rien à voir avec un maroquin nettement plus risqué comme par exemple l’Education, l’Intérieur, la Justice voire le Budget. Un ministre de l’Economie parle, participe à des rencontres internationales mais il regarde surtout passer les trains de la conjoncture économique mondiale.
Le bilan ministériel d’Emmanuel Macron n’est d’ailleurs guère probant, entre la cession calamiteuse d’Alstom, une « loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques » (sic) qui a surtout débouché sur… la libéralisation du marché des autocars, et l’accord donné à l’acquisition de SFR par le groupe Drahi.
Et c’est finalement la ministre du travail de l’époque, Myriam El Khomri, qui a dû affronter les syndicats à sa place pour faire passer la réécriture du licenciement économique et le plafonnement des indemnités prud’homales qu’Emmanuel Macron préconisait, pour complaire une nouvelle fois au patronat.
Macron, le bullocrate
Enfant gâté du Système et comme tant de politiciens de sa génération, Emmanuel Macron n’a jamais goûté personnellement de l’adversité, ni de « l’âpre joie d’être responsable » comme écrivait De Gaulle dans Le Fil de l’Epée. Et ceci explique cela.
En digne représentant de la Davocratie, Emmanuel Macron n’est qu’un « bullocrate » pour reprendre l’amusante expression utilisée autrefois par Jean-François Kahn.
Car il n’a cessé de vivre dans une bulle protectrice qui l’isole du sort réservé au reste de la population. Et qui l’isole de la réalité. Une bulle où, pour trouver du travail, il suffit de « traverser la rue » . Où, pour se payer un « costard », il suffit de bosser. Et où il suffit de regarder les racailles dépoitraillées dans les yeux pour qu’elles se transforment en Bisounours.
Mais en 2018 la bulle vient d’exploser.
Le Titanic macronien ne sait plus où aller
Devenu président de la République, Jupiter découvre avec stupeur que le monde ne correspond en rien à ce qu’on lui a appris à l’ENA où rue du Faubourg Saint Honoré. Et les Français découvrent, avec la même stupeur, l’attitude hautaine, autiste et inconvenante de leur président.
Emmanuel Macron semble découvrir que la politique et notamment la politique étrangère sont du domaine des rapports de force : c’est pourquoi, président impopulaire d’une France amoindrie, il n’obtient rien de personne. Malheureusement cela se sait et se voit de plus en plus.
Il ne comprend pas non plus pourquoi son logiciel libéral/libertaire /atlantiste et mondialiste, celui de la Davocratie, n’a plus prise sur la réalité, dans un monde de plus en plus multipolaire et en proie à la révolte des peuples. Mais malheureusement il n’en a pas d’autre et il ne sait que faire.
Comme il ne comprend pas pourquoi les politiciens ne semblent plus avoir envie de monter à bord de son Titanic gouvernemental, alors que se profilent déjà les icebergs politiques de 2019. En Marche !Mais pour quel naufrage exactement ?
A l’évidence les politiciens, comme les Français, n’ont plus confiance dans le capitaine. Alors que la navigation promet d’être dangereuse, ce n’est pas bon signe pour Emmanuel Macron.
Michel Geoffroy – Polémia