Accusé de harcèlement sexuel en Russie, l’artiste controversé Piotr Pavlenski, réfugié politique en France, a été interpellé par les forces de l’ordre après avoir mis le feu à la banque de France, le 16 octobre.
«Je vous informe qu’à la suite d’un examen de comportement réalisé ce matin, Monsieur P. [Piotr Pavlenski] a été admis à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. Sa garde à vue à par conséquent été levée. La deuxième garde à vue [sa femme Oksana Chalyguina] est toujours en cours et l’enquête se poursuit», a confié une source judiciaire à RT France, le 17 octobre.
Les Russes Piotr Pavlenski et sa femme Oksana Chalyguina, qui bénéficient du statut de réfugiés politiques en France depuis mai 2017, ont été arrêtés par la police et placés en garde à vue pour «dégradation par incendie» après avoir mis le feu aux portes d’une succursale de la Banque de France, dans le quartier de Bastille à Paris, dans une performance le 16 octobre.
«Mettre le feu à la Banque de France, c’est mettre un éclairage sur la vérité que les autorités nous ont forcé à oublier», a déclaré Piotr Pavlenski dans un message relayé par la militante des Femen Inna Shevchenko et dans lequel il qualifie la banque de «nouveau foyer d’esclavage».
Ce n’est pas la première fois que Piotr Pavlenski fait parler de lui : l’artiste contemporain s’est rendu célèbre en réalisant des performances qui choquent et dont il avance qu’elles ont des significations politiques.
En 2012, il s’était, par exemple, cousu les lèvres en soutien aux Pussy Riot, groupe de punk rock féministe dont les membres cagoulées s’étaient produites dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, appelant la Vierge à délivrer la Russie de Vladimir Poutine.
Parmi ses autres coups d’éclat, Piotr Pavlenski avait arrosé d’essence et incendié les portes du siège du FSB à Moscou, une action pour laquelle il avait été condamné à 500 000 roubles (7 900 euros) d’amende. Toujours à Moscou, il s’était également cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge.
Accusé d’agression sexuelle en Russie et risquant une peine de 10 ans d’emprisonnement, Piotr Pavlenski, ainsi que sa femme, ont obtenu le statut de réfugiés politiques en France en janvier 2017. La ministre de la Culture de l’époque, Audrey Azoulay, désormais directrice générale de l’UNESCO, avait salué cette décision, sans toutefois nommer l’artiste. «C’est parce que la France défend les libertés que les artistes du monde y trouve [sic] refuge», avait tweeté la ministre.
Dans un entretien, accordé en septembre à la radio allemande Deutsche Welle, Piotr Pavlenski décrivait en ces termes la vie de sa famille dans l’Hexagone : «Nous ne travaillons pas, nous ne payons rien et nous squattons la maison dans laquelle nous vivons». «Nous prenons de la nourriture dans les magasins : ici la sécurité n’est pas très attentive. Les transports sont également relativement mal contrôlés», ajoutait-il, assurant vivre «comme la plupart des Français».