Par Francis Bergeron
Drouot disperse le 23 octobre l’extraordinaire collection d’un amateur de l’écrivain normand et royaliste La Varende. Il y en aura pour toutes les bourses. Avec quelques pièces extrêmement rares !
Le catalogue de la vente La Varende du 23 octobre prochain, à l’hôtel Drouot, est somptueux (60 pages, consultable en ligne sur www.tessier-sarrou.com « Catalogue en Ligne »). Il a sa place dans toute bonne bibliothèque normande ou lavarendienne. Et pourtant, la photo de couverture est étrange, presque inquiétante. On y voit Jean de La Varende à moitié effondré sur une banquette, la bouche ouverte, les yeux exorbités, serrant deux enfants dans ses bras. Certes c’est une photo de famille, sans doute inédite, du maître de Chamblac, mais était-elle judicieusement choisie pour illustrer cette vente tout à fait exceptionnelle ? Pas certain, mais le reste du catalogue est tout simplement formidable : l’introduction de notre ami Patrick Delon, le secrétaire général de l’association littéraire Présence de La Varende, la présentation, les illustrations et les commentaires des quelque trois cents lots qui seront dispersés ce jour-là, et jusqu’à la lettre de Paul Morand à Jacques Chardonne (11 juin 1959) commentant la disparition de La Varende et reprise à la dernière page du document.
On imagine déjà une bataille d’enchères pour le carnet de croquis et notes manuscrites datant du début du XXe siècle, relié plein maroquin bordeaux, dans lequel l’écrivain a fait de nombreux dessins de voile et des portraits, mais a écrit aussi 42 pages sur ses lectures, ses réflexions, et des textes, qui seront publiés ultérieurement. L’estimation, raisonnable, de cet ouvrage se situe autour de 1 500/2 000 euros. Bataille encore pour ces éditions originales provenant de la bibliothèque du grand libraire lavarendien Michel Herbert, ou pour ces Manants du roi, reliure plein maroquin bleu Roy (bien entendu !) avec envoi manuscrit à Maurras : « A Monsieur Charles Maurras de l’Académie française, en hommage d’admiration enthousiaste, de fervente discipline. » Bataille pour ces splendides reliures signées Semet et Plumelle, Lavaux, Landré, Montecot, la fine fleur des relieurs du XXe siècle !
Mais il faut signaler aussi que, par le biais de cette vente, le travail de certains des collaborateurs de Présent est également honoré : sur estimation de 250/300 euros, la vente propose (lot 23) le texte Le Bouffon blanc, illustré par Chard. Autre texte : Les Masques, avec un avant-propos d’Anne Brassié et un portrait de La Varende par Aramis (estimé 400/500 euros). Et encore un ensemble de dix-sept volumes d’essais, parmi lesquels l’excellent La Varende, pour Dieu et le roi, d’Anne Brassié (200/300 euros pour le lot).
En fin de vente, d’assez extraordinaires lots seront proposés, qui devraient intéresser les bouquinistes et les amateurs de littérature à budget plus serré : des dizaines d’ouvrages de l’écrivain seront en effet vendus en vrac, parfois en édition numérotée, avec des envois manuscrits signés, chaque lot comportant 30 à 70 livres différents de La Varende, pour 300 à 500 euros le lot !
Mais pour la mémoire des droites françaises, il serait vraiment nécessaire que soient sauvés d’une dispersion irrémédiable les trois lots regroupant un total de quatre cents revues et journaux différents (de Je Suis Partout à Carrefour et de Gringoire à La Revue normande) ayant publié, entre 1934 et 1997, des textes de La Varende en pré-originale. On imagine assez bien un Emmanuel Ratier rafler ces trois lots pour les intégrer à l’énorme centre d’archives qu’il est actuellement en train de constituer, avec l’aide d’un groupe d’amis.
Quant à l’auteur de ces lignes, il se rabattra sur quatre numéros de la revue Viking dans lesquels le jeune Jean Mabire (nous sommes dans les années 1952 à 1954) avait publié des textes sur ce glorieux écrivain normand qu’il appréciait tant (estimation : 100/150 euros).
• Jean de La Varende, La collection d’un amateur, Etude Tessier-Sarrou, expert : Eric Fosse, Drouot-Richelieu jeudi 23 octobre 2014.
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