Les “valeurs” de Sarkozy…

Alors que Valeurs Actuelles et Sens commun s’efforcent, en bons petits rabatteurs, de corriger les récentes déclarations prêtées à Nicolas Sarkozy sur le fascisme en loden vert de la Manif pour tous, on ne peut dire que leur idole fasse le nécessaire pour rassurer la droite « des valeurs ».

Le voilà qui s’affiche aux côtés de BHL, incarnation vivante de la gauche boboïsante, mondialiste et cocaïnomane, lors de la sortie de sa dernière pièce de théâtre. Des signes avant-coureurs faisaient déjà douter de l’influence de la ligne « Buisson », censée incarner la droite dite des « valeurs », destinée avant tout à cannibaliser le Front national. On pressent que son retour ne se fera probablement pas sur le thème de la rupture avec Mai 68 qui lui avait valu son élection en 2007.

Soit dit en passant, rappelons à ceux qui ont la mémoire courte qu’à peine élu, Sarkozy s’empressa de pratiquer l’ouverture à gauche, ce qui en dit long sur les qualités de sincérité de l’intéressé. Kouchner aux affaires étrangères, Fadela Amara aux banlieues, Frédéric Mitterrand à la culture et Strauss-Kahn au FMI…

La pilule est dure à avaler mais la droite des « valeurs » est persévérante et a des capacités d’amnésie hors du commun.

L’on pourrait citer, s’agissant de mesures symboliques incarnant la « rupture » avec Mai 68, la nomination de Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo qu’il dirigea avec son ami Patrick Font condamné en 1998 pour pédophilie, à la tête de Radio France en 2009. Ou encore la Légion d’honneur décernée par Sarkozy à Pierre Bellenger, PDG de Skyrock, le 14 juillet 2008, alors qu’il faisait l’objet de poursuites pour corruption de mineurs pour lesquelles il sera définitivement condamné par la cour d’appel de Paris. Nous n’oublierons pas la loi Maillé sur le travail du dimanche, dénotant de la part de Sarkozy une vision de l’existence basée sur le primat de l’argent et de l’efficacité sur la personne humaine et admirablement bien résumée par Guizot : « Enrichissez-vous ! »

Concernant le volet justice, à ceux qui fustigent la « dictature socialiste », les avocats attachés à la défense de la liberté d’expression n’oublient pas que c’est sous des gouvernements « de droite » qu’ont été votées la plupart des lois liberticides, pas plus que nous n’oublierons la répression qui a sévi contre les jeunes catholiques (avec 34 gardes à vue) qui manifestaient devant le Théâtre de la Ville produisant une pièce blasphématoire.

Fort avec les faibles et faible avec les forts, cela vaut certes pour Valls mais cela valait aussi par Sarkozy, qui a supprimé la double peine permettant d’interdire le territoire aux étrangers indésirables.

Enfin, s’agissant de la politique étrangère, on sera gré à Sarkozy l’atlantiste d’avoir semé le chaos en Libye, armant de facto des milices islamistes qui tuent des soldats français au Mali, ainsi qu’à ses velléités de déstabiliser la Syrie en soutenant les djihadistes s’opposant à Bachar el Assad, avec les conséquences heureuses que l’on connaît, notamment pour les chrétiens d’Orient.

Déjà, on l’annonce flanqué de NKM, Baroin ou encore de Luc Chatel, ce qui en dit long sur la nouvelle ligne « doctrinale » – si tant est qu’il y ait une doctrine – à venir.

Pour faire bonne figure, on s’assistera d’un Wauquiez pour rassurer les souverainistes ou les conservateurs. Et pourquoi pas un duo Aurore Bergé jeune militante UMP qui défend la PMA, la GPA et l’euthanasie avec Guillaume Peletier de la droite forte ? Tout le monde y trouverait son compte, en définitive…

Combien de couleuvres les conservateurs qui prétendent incarner la droite des « valeurs » devront-ils encore avaler avant de comprendre qu’ils sont la caution morale d’un individu cynique sans foi ni loi, qui a eu ses chances pendant plus de dix ans quand il était ministre, puis président de la République ?

C’est sur les faits que l’on juge un homme, et pas seulement sur les propos.

Qu’il récite par cœur un discours aux accents bernanosiens écrit par Guaino ou qu’il dise son contraire le lendemain en déclarant que le droit à l’avortement fait partie de « l’identité nationale », cela dans le dessein cynique de plaire aux uns et aux autres sans le moindre souci de cohérence, ne change rien. La réalité parle contre lui.

Et puis, c’est à ses fruits que l’on juge un arbre. Je n’oublie pas que la réunion inaugurale de Sens commun se déroula sous les hospices de Jérôme Lavrilleux, qui déclarait à cette occasion qu’il entendait que Sens commun fasse gagner les prochaines élections à l’UMP, aux municipales et aux européennes.

La suite, on la connaît : les déclarations fracassantes de Lavrilleux sur la double comptabilité de l’UMP, l’élection d’élus proches de la Manif pour tous à Bordeaux qui servit de caution morale à Alain Juppé qui s’empressa, une fois élu, d’accorder des subventions aux associations LGBT.

Je ne prétends pas qu’il faille, comme le disait Péguy, garder les mains blanches en refusant l’engagement. Je dis simplement qu’ils se trompent de cheval et que ces personnes qui entendent défendre les valeurs au sein de cette machine de guerre électorale qu’est l’UMP sont les idiots utiles d’un système et d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui les méprise profondément.

Aujourd’hui, ils n’ont plus d’excuse et comme le disait le vieux dicton : Errare humanum est, perseverare diabolicum.

Lu dans Présent

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